jeudi 28 juin 2007 par Nord-Sud

Ce qui était à craindre n'a pas été évité. Après le déversement et la contagion des déchets toxiques, l'argent du dédommagement des victimes est source de problèmes en Côte d'Ivoire. A peine la grille de répartition publiée jeudi soir, des bruits de contestation se sont fait entendre dans les rangs des associations de victimes. Ces protestations ont été si actives mardi que les autorités ont eu recours aux forces de l'ordre. A Akouédo extension, les manifestants ont été gazés. Le pire a même été évité de justesse dans ce quartier. Des grenades lacrymogènes jetées dans des lieux d'habitation sont tombées non loin de nouveau-nés qui seraient morts par asphyxie n'eut été la promptitude avec laquelle leurs parents les ont éloignés des éclats. Ces pauvres enfants se seraient alors ajoutés sur la liste déjà controversée des personnes tuées par ou à cause des déchets toxiques. Comme si elle n'était pas suffisamment gênée par l'image de pays poubelle qui est attribuée depuis le déversement sur son territoire, de plus de 500 tonnes de déchets toxiques refusés par d'autres pays, la Côte d'Ivoire s'humilie une nouvelle fois devant la communauté internationale. Les associations de victimes qui grognent dénoncent leur non participation à la répartition des 100 milliards de Fcfa de réparation versés au pays par le pollueur Trafigura. Elles estiment que l'on a fait la part belle à l'Etat et ses démembrements (plus de 68 milliards). Elles exigent une nouvelle grille où la part des victimes va être augmentée. On pourrait leur reprocher une gourmandise, mais leur colère a le mérite de montrer que la répartition des fonds ne s'est pas faite dans la clarté. Car en réalité, ces structures ont été éloignées par la cellule présidentielle ayant fait le partage. Tout s'est passé dans le flou, au point où on se demande aujourd'hui si ce n'est pas à dessein que la présidence s'est emparée de l'indemnisation alors qu'existait déjà une cellule nationale de gestion de la crise des déchets toxiques. Au fond, ceux qui protestent soupçonnent la présidence d'avoir travaillé dans l'obscurité pour ne retenir qu'une partie des victimes, voire des victimes fictives. Ces palabres on le voit, montrent une nouvelle fois que l'argent a pris le dessus sur tout en Côte d'Ivoire, et que les Ivoiriens sont incapables de gérer leurs malheurs dans la dignité. Terre d'Eburnie, yako! Cissé Sindou

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023