jeudi 28 juin 2007 par Nord-Sud

Le dérèglement climatique en Thaïlande, premier pays exportateur de riz avec 7,5 millions de tonnes en 2005 peut avoir des conséquences néfastes sur la production mondiale. La Côte d'Ivoire qui importe plus de la moitié de sa consommation nationale est préoccupée par cette situation.

La frayeur gagne les producteurs locaux. La situation de la production mondiale de riz devient presque préoccupante à l'image du nouveau contexte en Thaïlande. Ce royaume, le premier pays exportateur de riz est confronté à un dérèglement climatique avec son cortège d'inondations et de sécheresses qui, selon des scientifiques, pourraient réduire substantiellement les rendements et affecter durement la production. Selon les riziculteurs nationaux, la Côte d'Ivoire, n'est pas suffisamment préparée pour faire face à la pénurie mondiale qui s'annonce.





Les riziculteurs craignent le pire





En effet, selon les chiffres du Programme national riz (Pnr), les importations ivoiriennes pour le premier trimestre 2007 sont d'origine asiatique et se présentent comme suit : Thaïlande 50%, Pakistan 32%, Chine 8%. Le seul pays africain figurant parmi les exportateurs de riz vers la Côte d'Ivoire est l'Egypte avec 2%. Il ressort que courant janvier, février et mars 2007 Abidjan a importé 4.145.114 tonnes de riz contre 151.138 pour le même trimestre en 2006. L'essentiel de ces importations a été réalisé au mois de janvier 2007 avec 54% des importations du trimestre.

Ce qui arrive à la Thaïlande peut arriver à tout pays producteur de denrée. Aujourd'hui le riz est rentré dans les habitudes alimentaires des Ivoiriens. 90% de la population consomment le riz au point que notre autosuffisance est tournée essentiellement vers l'importation. Cela constitue un danger pour nous. Parce qu'une légère insuffisance des importations pourrait entraîner une hausse des prix sur les marchés locaux. C'est au final le consommateur qui va souffrir, explique le président de l'Association nationale des riziculteurs de Côte d'Ivoire (Anariz-ci), Thomas Kouadio-Tiacoh. Selon lui, la Côte d'Ivoire ne pourra pas faire face à une grave pénurie, parce que les producteurs locaux sont livrés à eux-mêmes. Contrairement à un pays comme la Thaïlande où des dispositions ont été prises pour parer au plus pressé. De fait, révèle Kouadio Tiacoh, la Thaïlande exporte vers la Côte d'Ivoire ses vieux stocks de 2 à 3 ans. Quant à ses stocks de riz frais très onéreux (1.200 Fcfa le kilogramme), ils sont destinés aux pays arabes. Notre capacité de production est faible en tant que planteurs individuels. C'est l'Etat qui centralise toutes les activités de production. Quand une agriculture n'est pas correctement appuyée et qu'elle nécessite des moyens importants pour sa mécanisation et sa modernisation, qu'est-ce que le producteur individuel peut y faire?, s'interroge-t-il en signe d'impuissance. La Côte d'Ivoire, poursuit le président de l'Anariz-ci, ne connaît pas pour l'instant de problème de famine. Mais, le danger viendrait dans la singularisation de la filière rizicole. Il déplore le manque de financement dans la filière alors même que les besoins des riziculteurs sont énormes. C'est-à-dire la préparation du sol et le matériel utilisé, le matériel génétique pour avoir un bon rendement, une bonne fertilisation etc. Aucune banque n'accepte de nous accompagner alors que le riz se finance sur le court et le long termes. La Bnda a été dissoute.





Une rizière qui importe du riz?





Depuis, l'on ne nous a plus rien proposé. Nous avons été surpris d'entendre que l'Etat va financer les partis politiques et laisser le riz. Pour nous, c'est de l'inconscience. Tout comme avec la filière café cacao, il faut subventionner ou accorder des prêts à la filière rizicole, clame M. Tiacoh. Pour éviter une situation cauchemardesque, il propose à la Côte d'Ivoire d'organiser la commercialisation de la production locale. Aujourd'hui, je possède en tant que paysan, 30 tonnes de riz pluvial Nerica. Mais, je ne trouve pas de preneur. Certaines personnes font croire que le riz local est plus cher que celui issu de l'importation. Ce qui n'est pas exact, laisse-t-il entendre.

La Côte d'Ivoire, précise-t-il, est une rizière qui importe du riz. Le riz pousse partout dans notre pays. A Bouna, Tengrela, Agnibilékro, Danané, Sassandra, etc, on n'a pas de problème de fertilisation. Je fais deux cycles de riz pluvial Nérica à Toumodi, dans la savane, sans irrigation. La question ne se pose pas en terme de disponibilité des semences. C'est de savoir si le riz se cultive bien en Côte d'Ivoire. Il faut seulement donner les moyens aux producteurs et leur faire confiance, affirme le président de l'association. C'est dans ce contexte que le Pnr met au goût du jour sa politique rizicole. L'objectif vise à réduire la forte dépendance de la consommation nationale vis-à-vis de l'extérieur en matière de riz. Ainsi cette structure initie entre autres des projets d'aménagement hydro-agricole à travers le pays. Tous ces projets sont en phase d'étude de faisabilité technico-économique. Il s'agit des projets d'aménagement : 900 hectares dans la région Nord-Ouest, 2.500 ha dans le département de Séguéla et 2.700 ha dans la région des montagnes. 80% des superficies seront destinées à la riziculture et 20% au maraîchage. La stratégie de développement et le plan d'action opérationnel de la filière riz adopté en atelier en 2005 est dans le circuit administratif pour son adoption par le gouvernement, rassure le Pnr.

Cissé Cheick Ely

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