mercredi 27 juin 2007 par Le Temps

Sans faux-fuyants, l'attaché de cabinet de Soro confesse l'engagement des Forces nouvelles à ramener la paix en Côte d'Ivoire. Que deviennent les collaborateurs de Guillaume Soro, aujourd'hui après sa nomination à la primature ?
La mission du secrétaire général des forces nouvelles en tant que premier ministre, aujourd'hui, c'est d'apporter la paix aux ivoiriens à travers l'accord de Ouaga qui, pour nous est un bon compromis. Nous sommes engagés avec lui dans cette voie de façon irréversible. Et pour nous qui sommes ses proches collaborateurs, il s'agit d'emmener les populations à adhérer à l'application de l'accord de paix de Ouaga ; d'emmener les populations à comprendre et à soutenir le premier ministre dans sa nouvelle mission. Quelles sont donc vos actions sur le terrain ?
Nous rencontrons les populations pour leur donner les explications qu'ils sont en droit d'attendre. Le samedi dernier, par exemple, j'ai échangé avec les chefs traditionnels Gouro au baron de Yopougon. Nous avons aussi échangé avec les jeunes. Et, il faut dire que les populations sont fascinées par la détermination du premier ministre à vouloir imposer la paix en Côte d'Ivoire. C'est d'ailleurs ce qui a fondé les doléances des populations de la Marahoué qui souhaite recevoir le premier ministre dans leur localité, les jours à venir. Cette semaine, nous rencontrons toutes les femmes du marché gouro pour également leur expliquer le bien-fondé de la mission du premier ministre et de l'accord de paix de Ouaga. Et tout ceci en prélude à une grande tournée que nous effectuerons dans la Marahoué. Votre engagement est perçu par certains comme une trahison dans la mesure où vous semblez avoir renoncé à votre objectif de voir Gbagbo partir du pouvoir.
Nous avons déjà répondu à cette question en disant que les ivoiriens ont tourné le dos à l'hypocrisie politique et ont désormais un seul objectif : obtenir la paix. Et c'est dans cette ligne que se trouve le premier ministre Guillaume Soro et les forces nouvelles. Autant nous n'avons demandé la permission à personne pour prendre les armes le 19 septembre autant nous sommes allés négocier les conditions du retour de la paix en Côte d'Ivoire sans l'autorisation de quiconque. Nous avons un programme et une mission pour les ivoiriens, c'est de leur apporter la paix.
Jusqu'où peut aller votre engagement ?
En tant que ex-belligérants, nous avons été deux à signer l'accord de Ouaga. Bientôt, un texte réglementaire sera élaboré pour inviter les grands partis politiques à jouer pleinement leur rôle dans l'application de cet accord. Pour notre part, nous n'avons pas prévu de schémas contraires à la réussite de l'application de cet accord. Nous sommes résolus à aller jusqu'au bout, contre vents et marées. Malgré les inquiétudes de Bédié ?
Nous ne voulons plus revenir sur ce que pense Bédié de cet accord. Il a été associé lors des négociations et tous les responsables de partis disent adhérer au processus. Nous ne faisons pas de commentaires sur les propos de salon. A propos des rapports entre Soro-et Gbagbo, on vous trouve totalement inféodé à Gbagbo depuis la signature de cet accord. Il faut savoir faire des nuances. Nous ne sommes pas inféodés à Gbagbo, mais nous reconnaissons que le camp présidentiel est notre partenaire pour le retour de la paix. Les forces nouvelles sont désormais sorties de la logique d'affrontement et d'adversité avec le camp présidentiel. Nous cogérons aujourd'hui le pays pour un retour à la paix. C'est ce que l'accord nous recommande. Quel rapport les comzones auront-ils avec les préfets et les sous-préfets qu'on vient d'affecter dans vos zones dans le cadre du redéploiement de l'administration ?
Il faut préciser que les préfets étant les représentants légaux de l'Etat, ils vont s'atteler à leur rôle régalien. A savoir l'inscription sur la liste électorale, l'audience foraine et les élections. Au niveau de nos rapports, nous sommes dans une situation pas véritablement normale donc il appartient à tous les ivoiriens, y compris les préfets et les comzone de rechercher le juste milieu pour faire adhérer les populations au processus par leur relation de collaboration. Il ne s'agit pas aujourd'hui de savoir qui commande qui, mais d'une collaboration intelligente entre le comzone et le préfet afin de retrouver la normalité pour que le préfet soit le chef suprême de la région. Il semble que vous percevez le désarmement des milices de l'ouest qui a eu lieu à Guiglo, en présence du chef de l'Etat et du représentant de l'ONU comme une supercherie ;
Il faut saluer les actes qui vont dans le sens de la paix. Cet acte qui a été posé en présence du chef de l'Etat et des autorités onusiennes est à saluer. C'est un bon départ. Bien que nous notions que la procédure a été viciée. Pour nous, FN, il faut ramener la question du démantèlement des milices au CCI comme prévu par l'accord de Ouaga. Faut-il le reprendre ?
Il ne s'agit pas de tout reprendre. Il faut plutôt continuer. Parce qu'il faut reconnaître qu'il y a quand même eu dépôt d'armes. Seulement, il faut faire un travail de fond mené par des spécialistes désignés par l'accord de Ouaga. Et nous pensons au CCI. Quand est-ce que les Forces nouvelles désarmeront-ils enfin ?
Le désarmement doit être compris par les ivoiriens comme un processus, comme le dit l'accord. Il démarre et il a une fin. Dès l'instant où les FN se sont inscrits dans l'accord, il est clair que le désarmement ne pose aucun problème au niveau des Forces nouvelles. Alors pourquoi y a-t-il encore des hésitations ?
Ouaga est précis sur le déroulement de tout le processus et avec des dates précises. Même si on a noté qu'il y a quelque retard du fait de quelques problèmes administratifs et qui se répercutent sur les dates. Le 5 juillet prochain, le président de la république et des chefs d'Etat africains se rendent à Bouaké. Quel accueil leur réservez-vous ?
Nous affirmons ici que les populations sous contrôle des FN sont aujourd'hui impatientes de retrouver le chef de l'etat. Nous sommes dans une dynamique de paix. Le Secrétaire général des forces nouvelles et le chef de l'Etat sont engagés dans un processus de paix. Les populations sous contrôle des forces nouvelles veulent de façon résolue donner un signal fort par l'accueil qu'ils vont réserver au chef de l'Etat. Déposerez-vous enfin les armes ce jour ?
La question du dépôt des armes relève d'une concertation permanente entre le président de la république et son premier ministre. On a l'impression que dès qu'on parle de désarmement des Forces nouvelles vous vous lancez dans beaucoup d'explications
Comprenez que le désarmement ne concerne pas que les forces nouvelles. Il s'agit de désarmer les deux armées. Et c'est un processus conçu par la communauté internationale et nationale. Dès que le ton sera donné, il n'y aura aucun problème au niveau des FN. Pourtant le ton a été donné avec le désarmement des milices Le désarmement des milices qui ne réponde d'aucune autorité est différente du processus de désarmément des ex-belligérants. Voulez-vous nous dire qu'il n'est pas sûr que le chef de l'état aura des armes à brûler le cinq juillet prochain à Bouaké ?
Le bûcher est un symbole et il aura lieu le 5 juillet prochain. Dans tous les cas, il n'est pas question de rentrer dans le processus de paix avec les armes et nos privilèges. L'accord de Ouaga est clair sur ce sujet et détermine une plate-forme de règlement de tous les problèmes. L'opposition vous soupçonne de vouloir faire la passe au président Gbagbo aux prochaines élections en lui donnant l'électorat du nord. Je pense qu'il faut arrêter la politique politicienne avec les ivoiriens. Le seul chef de l'Etat que les ivoiriens reconnaissent aujourd'hui, c'est le président Gbagbo. Et il doit avoir accès à tout son territoire. Pourquoi est ce que les zones sous contrôle des Forces nouvelles devraient-elles être réservées aux seuls Bédié, ADO, Mabri et non pas au chef de l'Etat ? Le seul légalement reconnu ? Ce serait de la mauvaise foi.

Emmanuel Fofana

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