mercredi 27 juin 2007 par Nord-Sud

Dans la deuxième et dernière partie de l'entretien à bâtons rompus qu'il a eu avec notre rédaction le lundi 25 juin, le président de la Jpdci et actuel président du Rjdp, exprime ses craintes pour les élections et la détermination de son mouvement à lutter contre un passage en force de Laurent Gbagbo.


?Le fils du général Guéi Robert a accusé le président Bédié et le Premier ministre Ouattara d'avoir tué son père. Que dites-vous de cette accusation ?

On ne peut s'appuyer sur les élucubrations de son fils pour parler de la mort du général Guéi Robert avec tant de légèreté. A la mort de son père, une déclaration avait été faite à la radio et à la télé pour dire que Guéi avait trouvé la mort au front alors qu'il allait chercher à prendre le pouvoir. Seul Gbagbo était au pouvoir. Votre intelligence peut-elle comprendre que Bédié et ADO se lèvent pour aller assassiner Guéi, afin de prendre le pouvoir alors que ce dernier est dans l'opposition comme eux et qu'il ne détient donc pas le pouvoir ? Qui avait intérêt à cette époque à se battre pour conserver le pouvoir ? En 1995, le président Bédié avait soupçonné Guéi Robert de fomenter un coup d'Etat. M. Bédié ne lui a pas ôté la vie pour cela, mais il a troqué son treillis contre un costume de ministre. C'est cela l'art de la politique, celle qui respecte la vie humaine. Nul n'a le droit d'ôter la vie à autrui. En 2002, sur les antennes de Rfi, j'ai entendu que le général Guéi était le cerveau des évènements en cours. Soupçonné à 6h, cela a été répété à 8h, et dans l'après-midi on a retrouvé son cadavre dans le sens contraire du chemin qui mène à la télé. Il était habillé en jogging et était chaussé de sandales. Toute sa famille a été assassinée le même jour. Franck Guéi a eu la chance d'avoir été absent ce jour-là. Le minimum, c'est qu'il respecte la mémoire de son père et des membres de sa famille assassinés. On ne rentrera pas dans la polémique avec lui. Si le ridicule tuait ! Soyons sérieux.





? A l'intérieur de la Jpdci, vos relations ne vont pas sans couacs avec le Forum des Jeunes du Pdci-Rda. Quel est l'état de vos relations aujourd'hui avec Jean Claude Atsé ?

Nous voulons faire de la politique, eh bien faisons-la sur des bases saines. Je me souviens qu'il y a des gens qui ont suivi Félix Houphouët-Boigny pendant 30 ans et qui l'ont aidé à rédiger tous les articles de la Constitution, notamment l'article 11. Mais ils ont fait volte-face au moment de l'application de cette Constitution. Parce que chacun disait qu'après Houphouët, c'était maintenant son tour. Oubliant qu'une nation repose sur des textes. C'est parce qu'ils n'ont pas été éduqués politiquement. Je souhaite qu'on puisse faire de l'éducation politique parce que nous avons un rôle pédagogique. Il faut éduquer les jeunes contre le désordre, la pagaille, la chienlit. La Chine a plus d'un milliard d'habitants, pourtant la Chine n'a qu'un seul chef. La Jpdci est la structure formelle de jeunesse que le Pdci s'est donnée. Mais je constate que beaucoup de militants, ce n'est pas une histoire de Jean Claude Atsé, pensent qu'on n'est bien que lorsque l'on est à la tête d'un mouvement. Lors de la chute de Bédié, il y avait 800 clubs de soutien à sa personne. Si les présidents seulement de ces clubs s'étaient constitués en bouclier humain, le président Bédié n'aurait pas été renversé aussi facilement. On n'a vu personne pendant ces heures chaudes. On ne crée pas un club de soutien pour demander de l'argent à celui qu'on veut soutenir, pour le soutenir. Je n'admets pas cette façon de faire la politique. J'ai nommé le président du Forum des jeunes comme vice-président de la Jpdci après avoir gagné les élections au Congrès. On en veut à Charles Blé Goudé, mais même quand tu n'aimes pas le lièvre, reconnais qu'il court vite. Aucun chef d'Etat élu, même dans des conditions calamiteuses, ne peut accepter de se faire chasser du pouvoir. C'est à ce niveau que je considère que nous les jeunes du Pdci, avons failli à notre mission en 1999 lors du coup d'Etat. On aurait dû faire ce que Blé Goudé fait aujourd'hui pour Gbagbo. Ayant ressenti ce putsch comme une défaite personnelle, alors que je n'appartenais à aucune structure du Pdci-Rda, nous nous sommes mobilisés pour que Bédié rentre d'exil. Et il est rentré après seulement deux ans, avec le triomphe que vous connaissez. Nous avons lutté pour qu'il reprenne son fauteuil de président de parti. A l'époque, ces jeunes qui s'agitent aujourd'hui étaient avec le général Guéi. Au congrès, ces mêmes jeunes étaient avec Fologo contre nous. Mais au nom du rassemblement, nous avons demandé au président Bédié de récupérer tout le monde. Et ils ont tous été récupérés. Quand on a la chance d'avoir des jeunes avec soi, il faut les mettre en ordre de bataille, il faut les éduquer politiquement. Il ne faut pas laisser prospérer le désordre, l'anarchie car c'est ce genre de situations qui nous entraînent dans la violence et le désordre que notre pays a connus. Dans tous les cas, je ne peux pas empêcher la création d'autres mouvements. Il a été dit qu'ils peuvent apporter d'autres adhésions au Pdci. Tant mieux.





? Comment le Pdci gère-t-il les cas Fologo et Bombet ?

Fologo a suffisamment nui au Pdci ces cinq dernières années. Souvenez-vous qu'à l'époque, il a réussi à nous prendre 12 députés issus de sa région pour créer un Groupe parlementaire pour voter contre la première loi d'amnistie. Il est allé trop loin. Il dit que le jour où il a l'occasion de prendre le Pdci, il le prendra. Nous en prenons acte et nous l'attendons. Avant on ne le connaissait pas bien, maintenant il s'est découvert. Il l'a dit lui-même : il sert la République. Il a servi la République sous Houphouët, sous Bédié, sous Guéi. Il la sert sous Gbagbo. Demain quand nous serons au pouvoir, il viendra encore la servir. Donc le Pdci ne fait plus de Fologo un souci. Il n'y a plus de cas Fologo au Pdci-Rda. On le regarde tout simplement comme un citoyen ordinaire. Mais vous savez comme que son Rpp fonctionne exactement comme un parti politique. Il faut simplement qu'il ait le courage de dire qu'il crée un parti contre le parti d'Houphouët-Boigny. Je vous informe qu'il fait des tournées au Nord pour avoir des candidats propres à lui aux futures élections, qui ne soient pas des candidats du Pdci-Rda.

Quant à Emile-Constant Bombet, pour l'heure il n'y a pas de cas Bombet. Il demeure vice-président du Pdci-Rda. Je le fréquente régulièrement d'ailleurs.


? Vous êtes le nouveau président du Rjhdp. Quel est votre programme pour les mois à venir ?

Dès le mercredi prochain, nous entrons en conclave pour sortir un programme d'action pour les 3 mois à venir. Après analyse de la situation et tenant compte des critiques, nous allons nous prononcer sur l'actualité, notamment sur la question de la préparation des futures élections . Le slogan du Fpi on gagne ou on gagne porte en lui les germes de la violence. Il annonce déjà la stratégie de Gbagbo. C'est clair que Gbagbo entend proclamer sa victoire accompagnée de la rue, le moment venu. C'est la signification de ce slogan dangereux, qu'il faut combattre. Ce n'est pas juste, comme vous l'avez dit tout à l'heure, d'affirmer que le Rhdp compte sur l'extérieur. Il y a une distribution des rôles et des tâches. La France qu'ils vilipendent tant, ils oublient de dire que Gbagbo y a vécu en exil pendant des années. Cette France qu'ils détestent tant, ils oublient que Gbagbo a épousé une française et a un enfant métis qui a la double nationalité française et ivoirienne. Le Fpi a erigé le mensonge en doctrine politique. En novembre 2004, ils ont affirmé que ADO était dans un char français et qu'il allait prendre le pouvoir à la télé. Depuis tout ce temps, ce char-là n'est pas encore arrivé à la télé. Ce parti a fait tuer des Ivoiriens par la Licorne en les mobilisant sur la base du mensonge. Les propos de l'homme politique engagent la vie des autres. Il faut réfléchir par deux fois avant d'ouvrir la bouche. Quand un acte peut déboucher sur une mort d'homme, il faut réfléchir avant de le poser. La vie d'un homme n'est pas un cahier de brouillon dans lequel on peut se tromper et rectifier ses erreurs. Quand quelqu'un meurt, il est mort définitivement. Je suis convaincu que Boga Doudou, le n°2 du régime, aurait été heureux de conduire la délégation ivoirienne aux négociations de Ouaga pour envoyer la paix. Où est-il aujourd'hui ? Si Gbagbo, en 1990, a choisi d'appeler son parti Front populaire, ce n'est pas innocent. Car le front signifie la défiance, la violence. C'est ce nom que Gbagbo a choisi. C'est le parti qui détruit la Côte d'Ivoire. Les Ivoiriens s'en souviendront tôt ou tard. La référence de Gbagbo depuis qu'il est au pouvoir, c'est le monument aux morts d'Adjamé. Mais les Ivoiriens se souviendront également qu'un homme avant lui a dirigé la Côte d'Ivoire. La référence de cet homme, c'est la basilique Notre Dame de la Paix. Entre le monument aux morts et la basilique pour la paix, les Ivoiriens sauront choisir.





Interview réalisée par la Rédaction

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