mercredi 27 juin 2007 par Fraternité Matin

Les populations d'Akouédo Extension n'approuvent pas la répartition des 100 milliards de francs payés par la société Trafigura pour l'indemnisation des victimes des déchets toxiques. Pour le faire savoir, ils ont barricadé, pendant plusieurs heures hier matin, les voies menant à Bingerville, à la décharge d'Akouédo et au quartier Génie 2000. Ils ont été dispersés par la police, à l'aide de grenades lacrymogènes et de cailloux jusque dans les domiciles. Des non manifestants n'ont pas été épargnés par la réaction policière. Bilan : plus de 5 bébés sérieusement affectés (ils ont été conduits d'urgence à l'hôpital), deux manifestants copieusement tabassés et embarqués par la Police.
Selon des manifestants rencontrés sur les lieux, la manifestation avait pour but d'amener le gouvernement à revenir d'une part, sur les critères de répartition de l'argent destiné au dédommagement des victimes et, d'autre part, sur la liste des bénéficiaires. "Les populations d'Akouédo, on le sait tous, ont payé un lourd tribut à cette affaire de déchets toxiques. Aujourd'hui, on veut donner 100 millions aux parents des personnes décédées et seulement 200 000 francs aux autres victimes. Nous estimons que cela n'est pas juste. Car les victimes encore vivantes en ont besoin pour se soigner ", estime M. Danho Alain, l'un des manifestants. En outre, poursuit M. Kouassi Jean Jacques, un autre habitant du quartier, la majorité des habitants du quartier " Akouédo Extension " n'a pas été soignée dans les hôpitaux publics. Faute de place. " Plusieurs victimes se sont fait soigner dans des cliniques privées où elles ont été enregistrées. Mais elles ne savent pas si leur liste est arrivée à bon port. Or, on nous dit que la liste des bénéficiaires sera disponible demain mercredi (ndlr aujourd'hui) à la mairie de Cocody. Et que tous ceux dont le nom ne figurera pas sur les listes, n'auront plus de moyen de recours. Pourtant nous sommes à 100 mètres de la décharge et nous subissons jusqu'aujourd'hui, les séquelles de ce crime ". Ce mouvement de protestation constaté à Abobo aussi fait suite, selon les manifestants, à l'échec d'une rencontre, lundi, entre les associations de victimes et le Comité chargé de réviser les listes. Ces associations n'ont pas été associées à l'établissement des listes des victimes, fait observer Séka Séka Jean Marc, l'un des manifestants. " On nous a dit simplement de déposer nos différentes listes, quartier par quartier. A notre grande surprise, les listes que nous avons déposées n'ont pas été réellement prises en compte ", déplore-t-il, craignant des oublis et omissions volontaires pour des raisons inavouées. Tous ceux qui se sont soignés dans des cliniques ainsi que les riverains des différents sites de déversement des déchets, estime-t-il, doivent être pris en compte dans le plan d'indemnisation élaboré par le gouvernement.
L'indemnisation des victimes, faut-il le souligner, commence aujourd'hui. La confirmation a été faite hier au cours d'un point de presse animé par la direction générale de la comptabilité publique. Les paiements se feront dans 16 trésoreries réparties sur les 10 communes d'Abidjan et ses environs.

Casimir Djezou

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