mercredi 27 juin 2007 par Le Front

En août prochain, le mandat du président du groupement des éditeurs de presse de Côte d'Ivoire (Gepci) prendra fin. C'est à cet effet que nous avons rencontré Denis Kah Zion, par ailleurs directeur général du groupe ?'Le Réveil'', pour qu'il fasse le point des actions qu'il a réussies à entreprendre en deux ans d'activité.
Vous avez effectué des voyages à l'étranger pour prendre part à des colloques dans le cadre des activités du groupement des éditeurs de presse de Côte d'Ivoire, que vous dirigez. Pouvez-vous faire le point de tous ces déplacements ?
Je voudrais d'abord remercier le quotidien ?'Le Front'' pour le soutien qu'il ne cesse d'apporter au Gepci et à ma modeste personne. Cela dit, nous sommes presqu'à la fin de notre mandat qui expire le 7 août. Mais en deux ans, nous avons mis le Gepci sur les rails. Un groupement qui est né des incompréhensions des éditeurs et des patrons de presse. Vous savez qu'il y avait eu des associations de patrons de presse qui ont vite disparu. Nous avons maintenu le cap et en 2 ans, nous avons effectué de grands voyages. En 2005, 2 mois après notre élection, nous nous sommes rendus à Johanesburg pour participer à la mise en place d'un forum africain des éditeurs. Avant cela, mon collaborateur et vice-président M. N'Guilissi s'est rendu à Bamako pour prendre part à un important séminaire à la suite duquel le forum des éditeurs ouest-africains a vu le jour. Et tout récemment encore, nous étions à Cape Town où nous avons été sollicités pour participer au congrès de l'association mondiale des journaux. Une fois sur place, nous avons pris part au congrès mondial des éditeurs de presse. Depuis le mois dernier, le Gepci fait partie de l'association mondiale des journaux et du forum mondial des éditeurs. Aujourd'hui, avec la bataille que nous avons menée, sur le plan national et international, nous sommes devenus crédibles. En avril dernier, moi et M. Abdoulaye Sangaré, le président de l'administration, étions à Ouaga dans le cadre du festival international de la liberté de la presse (Ndlr : Filep). Ce que je retiens du Filep 2007, c'est que nous avons établi un réseau de solidarité entre les responsables de médias en Afrique. De sorte qu'aujourd'hui, s'il y a un journaliste qui est emprisonné en Côte d'Ivoire il n'y a qu'à sonner l'alerte pour que les autres confrères africains se mettent en branle. Mais ce qu'il faut retenir c'est que la Côte d'Ivoire a obtenu l'organisation, au mois d'août, du séminaire des éditeurs ouest-africains. Les 16 pays membres de la Cedeao pourraient donc avoir leurs éditeurs ici en Côte d'Ivoire. Les éditeurs ont été conviés à participer au sommet d'Accra. Ils auront leur premier face-à-face avec les chefs d'Etat africains. Après ce rendez-vous, nous nous retrouvons ici à Abidjan en vue de décider de l'attitude à adopter. Nous avons pu obtenir cela au nom de notre pays. La Côte d'Ivoire sort de crise et son image est quelque peu ternie. Alors si nous sommes à des niveaux de responsabilité où nous pouvons défendre notre pays, il est vraiment de notre devoir de le faire. Quelles seront vos priorités si jamais vous êtes reconduit à la tête du Gepci ?
Je vais bâtir mes priorités avec mes collaborateurs. Je ne vais pas étaler sur la place publique, ce que j'entrevois de faire par la suite. Je voudrais quand même dire qu'avec ce qui a été fait pour obtenir le fonds de l'Etat, la bataille menée pour que nous acceptions de nous asseoir à la même table avec nos employés pour discuter de la convention collective ; la bataille menée pour que les éditeurs, les journalistes et les syndicats parlent aujourd'hui le même langage en termes de solidarité et de confraternité Tout cela veut dire que nous n'avons pas de bilan à faire, mais pour dire tout simplement que tous les éditeurs de Côte d'Ivoire devraient davantage s'entendre pour continuer les batailles déjà engagées. En deux ans, il fallait trouver les moyens, avoir un siège, être reconnu juridiquement, il fallait beaucoup de choses. Aujourd'hui, le groupement est assis et représenté dans plusieurs structures. Maintenant ce qu'il faut, c'est qu'est-ce qui doit revenir aux éditeurs ? C'est cette bataille que nous allons tous engager. Justement où en êtes-vous aujourd'hui avec le milliard destiné à aider la presse ivoirienne ?
Ce milliard, nous avons pu l'arracher de la bouche de l'ex-premier ministre le 3 février dernier à Yamoussoukro. Ce que je peux vous dire c'est qu'à la dernière réunion que nous avons eue avec notre aîné, le ministre de la communication, M.Sy Savané, rassure que le milliard est déjà disponible. Il dit avoir eu l'information de son collègue de l'Economie et des Finances. Le comité de gestion de ce fonds-là est déjà mis en place. Nous-mêmes en faisons partie. Le comité est en train de travailler sur les conditions d'éligibilité. Car une chose est de dire qu'il y a un fonds, mais une autre est aussi de savoir à qui il profitera. Est-ce qu'il doit profiter à tout le monde ou est- ce ceux qui sont légalement constitués qui pourront en bénéficier. Voilà autant de questions. Mais au-delà du milliard du Premier ministre annoncé à Yamoussoukro, le ministre de la communication nous a fait savoir qu'il a eu des échanges avec son collègue du ministère de l'économie et des finances. Il ne s'agira pas du seul milliard. Parce qu'il y a aussi ce que nous avons cotisé depuis 1996. On prélève des taxes sur la publicité et le fonds est aujourd'hui à la Bni. Et il peut être évalué aujourd'hui à près de 2 milliards 500. Donc le ministre Sy Savané, connaissant bien le dossier, est en train de voir avec son collègue comment faire pour qu'en plus du milliard que nous avons déjà, ce fonds considéré comme une ristourne, puisse nous être aussi attribué. En somme, un fonds à vie. Puisque nous cotisons chaque jour avec ce que nous appelons la taxe sur la publicité. Donc c'est une bonne nouvelle pour nous. ? Vous avez souhaité en son temps que la convention collective soit réadaptée en fonction des réalités des entreprises de presse. Qu'en est-il ?
Ce n'est même pas en fonction des réalités des entreprises de presse. C'est plutôt en fonction des réalités même de l'élaboration de cette ancienne convention. Qui était adaptée à l'ancienne structure de Fraternité Matin. Depuis 89-90, il y a eu un printemps de la presse en Côte d'Ivoire. Il y a eu des entreprises privées qui ont été constituées. Nous disons tout simplement que ce qui a été constitué quand Fraternité Matin était la seule maison de presse qui bénéficiait d'une subvention de l'Etat. Nous disons qu'il faut revoir cette convention. Le ministre Sy Savané qui est venu récemment, nous a envoyé un courrier nous faisant savoir qu'effectivement la convention dite convention Fraternité Matin, est une convention caduque. Nous devons donc aujourd'hui nous asseoir, discuter et convenir du contenu d'une nouvelle convention. Nous ne disons pas qu'il faille mettre de côté les préoccupations de nos travailleurs. Il faut tenir compte du statut social des journalistes et de tous les travailleurs pour que la production au sein de l'entreprise de presse, soit bonne. Si vous avez des journalistes mal payés, des journalistes payés avec des bons d'essence, nous disons que vous n'êtes pas en train de bâtir une bonne entreprise. Nous devons nous asseoir avec les syndicats des journalistes, avec l'Injci, pour discuter. Mais nous disons qu'il ne faut pas discuter dans la précipitation. ? Le ?'Nouveau Réveil'', votre journal, vient de souffler sa 6è bougie. Les lecteurs doivent-ils s'attendre à un nouveau ?'Nouveau Réveil'' ?
Nous savons que les lecteurs attendent toujours du nouveau. Nous savons aussi que les lecteurs attendent qu'un journal qui fête ses 6 ans puisse vraiment faire sa mue. Et surtout qu'il s'agit d'un quotidien issu d'une entreprise de presse qui a été lauréate du prix spécial CNP pour l'édition 2006. Nous en sommes conscients et nous avons annoncé que nous irons bientôt en séminaire. Avec nos lecteurs, nos partenaires et tous nos travailleurs. Nous allons réfléchir pour élaborer un nouveau plan de développement de notre entreprise. Mieux, pour sortir un Nouveau Réveil qui ira au-delà de celui que nous avons déjà. Ce sont des ambitions grandes que nous avons pour ce journal, souffrez que je n'entre pas dans les détails pour l'instant. Déjà je peux dire que ce qu'on peut considérer comme innovations, ce sont des rédactions décentralisées. Très bientôt, d'ici le mois d'août, le Nouveau Réveil installera des agences locales, des agences régionales. Au-delà de ces agences régionales, nous allons aussi procéder à la décentralisation de notre rédaction. C'est-à-dire que nous allons, par exemple, choisir la ville de San-Pedro. En une semaine, notre rédaction va s'installer dans cette ville il y aura une rédaction à Abidjan pour s'occuper de l'information nationale et internationale. Mais il y aura cette rédaction qui va vivre le quotidien des habitants de San-Pédro. Qui fera un journal à partir de San-Pédro. Et ce journal sera acheminé à Abidjan par le net. Et le lendemain matin, les populations de San-Pédro avec qui nous avons partagé une journée la veille, verront le compte-rendu de ce que nous avons vécu avec elles. C'est vraiment une innovation de taille qu'on appelle l'information de proximité. Notre ambition c'est surtout d'apporter du neuf. Nous disons qu'il faut démystifier le métier de journalisme. Les populations qui viennent à Abidjan et les populations qui vivent hors d'Abidjan doivent savoir comment on produit un journal. Mieux, nous passons une semaine dans une région, nous sommes à même de connaître les préoccupations des habitants de cette région. Encore mieux, nous nous ouvrons à un lectorat encore plus large. C'est une nouvelle politique que je suis en train d'engager.

Mené par Patrick Méka

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