mercredi 27 juin 2007 par Le Nouveau Réveil

Des hommes, des femmes et des jeunes aux yeux rougis et larmoyants. Des portails défoncés. Des toitures perforée par des grenades lacrymogènes etc. C`est ce spectacle qui régnait hier à Akouédo extension, un quartier jouxtant la fameuse décharge municipale sur la route de Bingerville. Ce calvaire vécu par les populations, nous a-t-on dit sur les lieux, est le fait des policiers du 18e Arrondissement, de ceux de la compagnie républicaine de sécurité (CRS 1) et de ceux de la brigade anti-émeute (BAE) à bord d`un cargo immatriculé D 48 256. Ces hommes en treillis, selon les propos recueillis, ont d`abord dispersé la manifestation des victimes de déchets toxiques (ils ne sont pas d`accord avec la répartition des fonds de dédommagement de Trafigura faite par la présidence) au carrefour Faya et au carrefour de la décharge avant de s`acharner sur la population dans leur poursuite des jeunes manifestants. Ainsi ont-ils visité plusieurs domiciles, défonçant des portails et jetant des grenades lacrymogènes dans les habitations. Au domicile de M. Zamblé Bi Zamblé, toute la famille a fui la maison. Trois bébés dont des jumeaux vont mal. "Je viens de dépenser 50 035f à la pharmacie pour l`achat de médicaments" nous confie M. Zamblé rappelé d`urgence de son service. Chez les Essan, mme Kouadio Ahou nourrisse est très inquiète pour son bébé qui présente des signes inhabituels. "Emmenez-le vite à l`hôpital" lui conseille une consoeur. Soro Mamdou, un sexagénaire, cardiaque de surcroît a manqué de peu de piquer une crise. " Je ne sais pourquoi on m`a fait subir cela " se lamente le vieillard, les yeux rougis par le lacymogène. " On a fait quoi ? Il faut que Gbagbo nous dise ce qu`on a fait pour qu`il nous gaze. Nos enfants ont manqué d`être étouffés. C`est sauvage ce qu`on a subi " s`époumone l`une des nombreuses femmes du quartier qui avaient envahi les rues. Rencontré, le député Diarrassouba Yacouba, député de Djibrosso-morando, habitant du quartier s`indigne : " Nous sommes des autorités, s`il y a un problème qu`on nous appelle pour qu`on aille discuter au lieu que des policiers viennent agir de la sorte () il y a un qui a voulu jeter une grenade lacrymogène dans ma voiture () ". Sosthène Loroux, responsable des victimes de déchets toxiques du quartier souhaitent que toutes les victimes soient indemnisées. " Si nous avons manifesté c`est parce que nous croyons que c`est du désordre sur tous les plans en ce qui concerne la répartition des fonds ", dit-il. Quant à Yao Pipira Denis, président de la fédération nationale des victimes des déchets toxiques et porte-parole de l`alliance de toutes les associations, il déplore que les concernés qu`ils sont n`aient pas été associés à la répartition des fonds. " Nous avons suffisamment crié. On l`a dénoncé par voie administrative et par voie médiatique, en vain. On a même manifesté le 1er juin. Et voici le résultat. On nous a produit un travail médiocre et les victimes le rejettent " affirme M. Yao. Pour lui la répartition n`est pas acceptable car plusieurs familles ayant perdu l`un de leurs membres n`ont pas été prises en compte. Et l`Etat octroie 68 milliards pour des projets. " Mais la Côte d`Ivoire n`attendait pas ça pour son développement. Ce qu`il y a lieu de faire, c`est d`affecter cet argent à la construction d`un centre pour le traitement et le suivi des pauvres victimes. Et après cela partager le reste de l`argent à toutes les victimes sans sélectionner car les déchets n`ont pas sélectionné les gens ". Et d`ajouter que " les victimes continueront de s`opposer à la décision du chef de l`Etat si rien ne changeait ". A ce propos, Mme Gogoua Rachelle, membre de l`alliance des fédérations des associations des victimes indique qu`avant-hier une délégation de l`alliance a échangé sans succès avec la cellule chargée du dossier à la présidence. Ce qui explique d`ailleurs les manifestations d`hier. " L`argent qui a été dégagé est l`argent des victimes et non l`argent du développement des collectivités territoriales. Encore moins de l`Etat de Côte d`Ivoire " soutient-t-elle. Avant d`annoncer que ces manifestations programmées dans plusieurs quartiers d`Abidjan, visent à appeler " l`Etat à entendre raison et à accepter finalement de discuter sur les critères de la grille de répartition ". Cinq (05) personnes auraient été arrêtées dont un boutiquier battu à sang. " Nous continuerons de nous manifester jusqu`à ce qu`il n`y ait plus de victimes qui survivent ". Parole de Mme Gogoua.

Diarrasouba Sory

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