mardi 26 juin 2007 par Flashafrik

Avec la conjoncture économique et le chômage grandissant, les parents n'arrivent plus à assumer leur rôle et à assurer la popote familiale. Conséquence, leurs progénitures n'ayant plus de quoi se mettre sous la dent ni se vêtir convenablement se jettent corps et âme dans la rue. Leur quotidien, la mendicité, la pédophilie et les vols. Gros plan.

Les enfants de la rue sont des êtres meurtris, que la vie, par les revers imprévisibles qu'elle inflige parfois n'a pas épargnés. Ainsi, les enfants, devenus par la force des choses, enfants de la rue, doivent bander les muscles pour les plus forts et user d'imagination pour se faire une place au soleil. Au cours de notre enquête, nous avons rencontré au Plateau, à Abidjan, Aziz, âgé de 13 ans à peine, qui a accepté volontairement de nous conduire dans leur gîte. Lui et ses amis habitent sous le pont Félix Houphouët-Boigny. Un endroit sombre, glacial et nauséabond. Aziz s'assoie contre le mur, la tête baissée entre les genoux pliés, comme pour pleurer sur son sort. Comment voir un être humain réduit à un tel degré de déchéance sans ressentir de la pitié. Ma question de savoir pourquoi il a quitté la maison familiale, tombait dans le vide. Le regard hagard, il était absent du lieu de notre rencontre. Il a fallu user de tact pour le ramener sur terre et échanger avec lui. Il m'observa un moment, me jaugeant du regard, car il n'était pas prêt à faire confiance à un inconnu. Il a fallu lui proposer notre amitié avec un petit cadeau à l'appui. C'est avec un mélange de colère, de chagrin et de peur que Aziz accepte cette main tendue. Il était d'une pâleur effrayante. Sa peau était si transparente qu'on apercevait ses veines bleutées à la base de son cou. Sa galère a commencé avec le décès sa mère et la perte d'emploi de son père. Son géniteur s'est réfugié dans l'alcool et les jeux de hasard qui ne lui réussissaient jamais. La popote devenait un véritable casse tête chinois. Du coup, il fallu à Aziz faire de petits boulots dans les maquis ou restaurants pour que, à la fin de la journée, la tenancière puisse en retour, lui donner le reste de la nourriture. Des années durant, il sera un vautour de maquis, qui devait chaque jour demander l'aumône auprès des clients pour avoir sa pitance. Sa vie de famille, déjà difficile, connaîtra un bouleversement, quand son père prendra une nouvelle épouse. Celle- ci, au fil du temps, devient son bourreau. Pour un oui ou pour un non, il est copieusement passé à tabac sous l'?il indifférent de son père. Ne sachant plus à quel saint se vouer, il a préféré prendre la tangente. Aujourd'hui, le seul lieu où il se sent en sécurité, c'est la rue. Il est maître de lui-même avec tous les risques que cela entraîne. La rue est comme une jungle ou les plus forts dictent leurs lois aux plus faibles ; Aziz fait partie des faibles. Ils sont victimes de racket et de violences sexuelles. Il se passe des choses horribles dans la rue. Pour se nourrir, les enfants de la rue fouillent les poubelles de la rue du commerce du Plateau où habitent des personnes aisées. Ils y trouvent leur compte, les plus chanceux trouvent des boites de conserves non ouvertes dont la date de consommation a expiré (sardines, cornet b?uf), et des sachets de spaghetti. Ils n'ont pas le choix, il faut coûte que coûte survivre. Le marché du Plateau, qui sert de dortoir à certains enfants de la rue, a été la deuxième cible de notre enquête. Sur les lieux, les ordures ménagères jonchent le sol . Cet endroit infâme était apprécié par les rats dont les grattements furtifs ça et là indiquaient une présence humaine. Les enfants de la rue sont exposés à toutes sortes de maladies. Au fil des temps, ils deviennent maussades et commencent à perdre du poids. Malgré la présence des ONG, la problématique des enfants reste pendante. Il faut y remédier en cherchant à les insérer dans la société au travers de l'apprentissage des petits métiers.

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