mardi 26 juin 2007 par Nord-Sud

Son Excellence Aubrey Hooks, ambassadeur des Etats-Unis en Côte d'Ivoire, était ce week-end à Yacolidabouo. Ce village qui s'identifie à Marcel Zadi Kessi, l'un de ses fils, pourrait être la dernière localité ivoirienne que le diplomate visite en tant qu'ambassadeur. Aubrey Hooks ne fait pas mystère de son intention d'exercer de nouvelles fonctions en Côte d'Ivoire. Samedi, devant la population de Yacolidabouo, l'ambassadeur des Etats-Unis a révélé : C'est peut-être le dernier village que je visite en tant qu'ambassadeur. J'arrive très bientôt à la fin de mon mandat. Je dis bien que j'arrive à la fin de mon mandat, mais je n'ai pas dit que je quitte la Côte d'Ivoire. On va voir ; on va voir. Ce diplomate américain, on le sait, fait partie des probables successeurs de Pierre Schori, au poste de représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Côte d'Ivoire. Aubrey Hooks n'a pas évoqué ces détails devant ses hôtes de Yacolidabouo. L'ambassadeur était dans ce village pour parler de développement de proximité et s'enquérir du modèle de Yacoli à la matière. Ce hameau (autrefois) de la sous-préfecture de Soubré s'est développé de façon considérable. Hooks sur les traces de Zadi Kessi Il dispose de la quasi-totalité des infrastructures d'une ville moderne : voirie tracée et électrifiée, centre de santé, écoles, marché, banque, foyer polyvalent, radio. Il est connecté aux différents réseaux téléphoniques (avec ou sans fil) et à Internet. Bientôt, les enfants du village pourront faire leurs études secondaires sur place grâce à un collège en chantier. Le maître d'?uvre de toutes ces réalisations s'appelle Marcel Zadi Kessi. Le PCA de Cie-Sodeci a tenu à préciser que cela n'est pas lié au poste qu'il occupe. Je n'étais pas à la tête de la Sodeci quand nous avons eu l'eau. La Cie n'existait pas quand nous avons eu l'électricité. J'ai voulu tout simplement mettre au service de mon village l'expérience que j'ai acquise pendant mes études et mes voyages à travers le monde , a-t-il expliqué. Zadi Kessi a privilégié le changement de mentalité. Aussi bien dans son village que dans toute la tribu Yacolo , il a amené les populations à aimer le travail pour être individuellement autonome et à s'organiser pour être les premiers acteurs de leur développement. Aubrey Hooks a découvert le résultat de son action d'abord à Yacoli, puis à Léssihiry, Yacolo (ce village a pris le nom de la tribu), et à Ourababré. Dans chacun des villages, les populations ont témoigné, parfois avec beaucoup d'émotion, leur reconnaissance à celui qui fait leur bonheur, parfois contre leur gré. En effet, au départ la majorité est restée hostile au message. Il a fallu 30 ans de persévérance à Zadi Kessi pour transformer la mentalité de tout Yacolo, y compris celle des moins instruits. C'est par exemple le cas de cette vieille dame de Ourababré qui a atteint l'âge où les grand-mères passent le clair de leur temps devant les cases, attendant le fruit du travail de leurs petits-enfants. Devant le représentant du pays de l'oncle Sam, elle a plutôt parlé du projet d'élevage de volaille qu'elle conduit avec ses camarades : Nous avons acheté des poussins. Nous avons tenté de les élever pour les revendre, mais ils sont morts parce que nous n'avons pas une bonne ferme. Aidez-nous à avoir une bonne ferme. La toile Yacoli s'étend à Yacolo Après avoir été formés aux techniques de l'hévéaculture, encore grâce à Zadi Kessi, les villageois ont réalisé de grandes plantations de cette spéculation. Ils ont aussi planté le café, le cacao et des cultures vivrières. Tout le monde travaille et les ressources sont destinées à des projets communautaires. Le premier, c'est le foyer polyvalent inauguré à l'occasion de la visite de l'ambassadeur des USA. Ourababré est organisé en plusieurs comités qui gèrent les différents aspects du développement local. Cette organisation est calquée sur celle de Yacoli dont le schéma a été présenté au diplomate. Au terme de cette vidéo-conférence qui a eu lieu dimanche au foyer polyvalent de Yacoli, Aubrey Hooks n'a pas caché ses sentiments : Je suis impressionné par ce que j'ai vu. Votre initiative et votre organisation permettent de vous aider facilement. Yacoli ne lui a cependant rien demandé. Nous n'avons pas l'habitude de tendre la main à nos visiteurs. Nous comptons d'abord sur notre propre travail , a déclaré le chef Gaga Koré Mathieu. La soirée artistique organisée samedi a permis à l'Américain de découvrir une partie du patrimoine culturel Bété. Il a assisté à des ballets traditionnels proposés par un groupe local et un autre venu spécialement d'Issia. La chanteuse Harmony, le comédien Gros bébé (appelé Téïsson dans la série ma famille ) et DJ Montanna ont apporté une note de gaieté à la fête. Cissé Sindou (envoyé spécial)

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