mardi 26 juin 2007 par Notre Voie

La Chambre judiciaire de la Cour suprême a réinstallé M. Zéhi Sébastien dans ses fonctions de directeur général de La Poste de Côte d'Ivoire. Mais depuis cet arrêt, le directeur général de La Poste n'a toujours pas regagné ses bureaux. Notre Voie? l'a rencontré pour en savoir un peu plus. Notre Voie : Vous avez été réhabilité par la Chambre judiciaire de la Cour suprême qui a confirmé votre réintégration dans vos fonctions de directeur général de La Poste, en rejetant le pourvoi en cassation de vos adversaires. Le combat a été difficile Zéhi Sébastien : C'est une grande satisfaction pour moi et pour l'ensemble des justiciables en ce que la justice ivoirienne s'est montrée à la hauteur de la tâche, à savoir dire le droit. Le bien-fondé de ma requête et la pertinence de mes arguments juridiques ont fait la différence face aux atermoiements de mes adversaires. La justice ivoirienne s'est prononcée en toute responsabilité à toutes les étapes du procès, Première instance, Cour d'appel et Cour suprême ; étapes qui ont affiché respectivement la victoire de Zéhi Sébastien ; hormis l'esquive pour incompétence du juge des référés en première instance. Je tire mon chapeau à notre justice, mais je rends un vibrant hommage au président de la République qui ne s'est jamais immiscé dans les efforts judiciaires dans le strict respect de la constitution ivoirienne qui proclame la séparation des pouvoirs.
Ceci étant, il reste maintenant que je sois réinstallé dans mes bureaux avec le concours de la force publique. Malheureusement, ça tarde à ce niveau. N.V. : Le conseil d'administration et son avocat Me Takoré s'opposent à votre réintégration et vous demandent d'exiger des dommages et intérêts. Qu'en dites-vous ?
Z.S. : Vous voulez parler du conseil d'administration au mandat échu de La Poste et qui n'a nullement qualité pour agir, y compris ester en justice ? Me Takoré, c'est un nom qui ne m'est pas étranger ; c'est une vieille connaissance. C'est cet éminent avocat à qui mes adversaires sont en train d'échaffauder un discrédit de longue durée. Il ferait mieux d'éviter les souillures qui ternissent définitivement les réputations en voie de stabilisation en raison de leur caractère indélébile. Me Takoré a été mon conseil en septembre octobre 2003 et a plaidé sans réserve une réintégration dans mes fonctions de directeur général contre le conseil d'administration de La Poste-CI d'alors en ce que le mandat de celui-ci était arrivé à expiration. Me Takoré ne voulait pas entendre parler de dommages et intérêts mis en exergue par mes adversaires et n'acceptait pas d'être en face d'un conseil d'administration au mandat échu. Les arguments de Me Takoré avaient prospéré et nous avions gagné le procès le 6 octobre 2003 devant le juge des référés par ordonnance de réintégration dans mes fonctions. Aujourd'hui, Me Takoré consacre un véritable paradoxe. L'adversaire est le client d'hier, Zéhi Sébastien l'objectif de la plaidoirie ce n'est plus la réintégration mais une action en dommages et intérêts, et le client, c'est le conseil d'administration de La Poste-CI en fin de mandat depuis le 30 octobre 2006.
Ainsi va la vie des avocats où le seul rythme qui vaille est celui des honoraires. Heureusement qu'il y en a qui dansent au rythme du bon sens, de la mesure, de la compréhension et dans une logique de constance et de cohérence toujours recherchée.
N.V. : Qu'est-ce qui bloque votre réinstallation attendue depuis votre victoire le 14 juin dernier ?
Z.S. : Il n'y a certainement pas blocage, mais ajustement des procédures de déploiement de la force publique. Les autorités policières analysent, j'en suis sûr, avec des précautions infinies, la situation qui prévaut sur le terrain en vue d'une meilleure sécurisation de ma réinstallation et de l'activité d'ensemble. Et puis, la réquisition du procureur de la République, instruisant le préfet de police de procéder à l'exécution de l'arrêt de la Cour suprême, confirme bien que les dispositions sont en train d'être prises. Réinstallez moi dans mes fonctions, pourrais-je dire, parce que c'est ma victoire, réinstallez moi, parce que c'est votre devoir républicain?. Il est clair que ceux qui ont perdu le procès qu'ils ont eux-mêmes intenté contre moi, ne peuvent pas et ne doivent pas indéfiniment et impunément occuper mes bureaux et ceux des honnêtes travailleurs de La Poste-CI. Toutes ces circulaires et notes de service, toutes ces décisions de nomination et de radiation par eux prises, qui ne reposent sur aucune base légale, ne sauraient longtemps prospérer et continuer de joncher, dans une cynique indifférence, le sol postal ivoirien. N.V. : Il se dit de plus en plus que vous ne seriez pas en odeur de sainteté avec le ministre de l'Intérieur
Z.S. : La réponse est non et avec force. Personne ne pourra par de telles affirmations m'opposer au ministre qui est un frère et que je respecte La chance dans cette affaire, c'est que le ministère de l'Intérieur et l'ensemble de ses compétences sont placés sous l'autorité et le contrôle directs d'un juriste de renom qui saura toujours prendre la juste mesure des choses pour que force revienne à la loi. Certes, dans l'euphorie de la victoire, j'ai dû heurter par mon expression jubilatoire jugée incontrôlée et porteuse de malentendus et d'incompréhensions, tous azimuts, j'ai dû froisser, frustrer et même défier la hiérarchie mais cela fait partie du comportement humain avec ses forces et surtout ses faiblesses. Que les faiblesses malencontreuses constatées soient tolérées et pardonnées et que soit retenue ma capacité à reconnaître mes erreurs et à les corriger sans bavure, avec humilité et ferme promesse que la récidive ne passera pas. C'est d'ailleurs le centre d'intérêt de l'accord de paix de Ouagadougou dont notre ministre de l'Intérieur est une pièce maîtresse à travers les actes majeurs qu'il pose pour répondre à l'appel à la tolérance et au pardon.


Franck Dally franckdali1@yahoo.fr

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