mardi 26 juin 2007 par Notre Voie

L'impôt foncier demeure une source de revenu probante pour l'Etat ivoirien. Malheureusement, les propriétaires immobiliers ne se retrouvent pas toujours dans la taxation de la direction générale des Impôts. En plus, le coût des terrains et des logements est excessivement élevé. Ce qui provoque souvent des tensions. Nous avons interrogé un expert immobilier sur ces questions.
Notre Voie : Me Behi, comment peut-on définir l'expertise immobilière?
Behi Pierre : L'expertise immobilière est la recherche par un spécialiste, l'expert, de la valeur vénale des biens immobiliers, en tenant compte des facteurs juridiques, techniques et économiques. Par biens immobiliers, il faut entendre les villas, les immeubles, les bâtiments et les terrains. Cela implique donc qu'un certain nombre d'informations et de pièces relatives au droit immobilier soient expertisées. N.V. : Pour le profane...
B.P. : La valeur vénale correspond au prix moyen que le propriétaire du bien immobilier pourrait obtenir dans le cadre d'une transaction intervenant dans des conditions normales, et tenant compte du contexte, notamment économique, entourant le bien immobilier concerné. Pour apprécier la valeur vénale d'un bien immobilier (villa, bâtiment, immeuble, terrain), l'expert immobilier utilise la méthode d'estimation par sol et constructions. Cette méthode consiste à évaluer, dans un premier temps, la valeur des terrains, par comparaison au marché des terrains là où il est. Ensuite, est estimée la valeur des bâtiments, en tenant compte de la dépréciation immédiate qui affecte toute construction mise sur le marché et de la vétusté des bâtiments examinés. Cette dernière résulte de l'âge du bâtiment et de l'entretien du bâtiment. La somme de ces différentes valeurs constituent la valeur de l'ensemble immobilier à estimer qui sera corrigé pour tenir compte des conditions économiques et de la tenue du marché immobilier.
N.V. : Aujourd'hui, à Abidjan, il est difficile d'acquérir un terrain pour construire, tellement les prix sont élevés. Les prix pratiqués reflètent-ils la valeur de ces biens ?
B.P. : En Côte d'Ivoire, c'est vrai, les lopins de terre sont chers, et encore plus à Abidjan. C'est une véritable anarchie et rien n'est prévu pour une réglementation. l'Etat entretient l'économie libérale. Or, dans une économie libérale, l'Etat doit avoir des instruments de contrôle, un droit de regard sur la vente des terrains en fixant les normes, soit le prix au mètre carré en fonction des quartiers, le prix des loyers, les cautions à payer pour les locations. L'Etat doit contrôler la fixation du prix des biens immobiliers et surtout des terrains en Côte d'Ivoire comme cela se passe dans les autres pays. Tout doit tenir compte de la valeur vénale applicable au bien à loyer où à vendre. N.V. : L'expertise immobilière est peu connu du grand public, l'exercice de ce métier rencontrerait-il des difficultés ?
B.P. : C'est vrai, notre expertise n'est pas souvent sollicitée. Nous rencontrons bien des difficultés dans l'exercice de notre profession. Depuis la création de l'Organisation internationale des experts (Orinex), dont la Côte d'Ivoire a été à l'origine (Le siège social est à Abidjan), j'assume la présidence, et cela depuis le 09 janvier 2007. Je suis encore plus conscient de la lourdeur de la tâche, car l'évolution du monde s'annonce d'une manière peu familière. Nos professions issues d'un passé vieux de trois millénaires sont amenées à proposer aux hommes de demain un nouvel équilibre et une nouvelle échelle de valeurs.

Propos recueillis par Djè Abel

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