lundi 25 juin 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Le document de travail remis par le Bnetd et le Ciapol à Trafigura a une histoire. M Gervais Coulibaly dont la bonne foi n'est pas mise en cause, est en train de tenter de faire endosser par le chef de l'Etat les malveillances et les coups bas de certains responsables étatiques, à l'encontre de Trafigura. Il convient d'expliquer les choses et de mettre fin aux contrevérités.
Sur le plateau de la RTI, le porte-parole du chef de l'Etat a tranquillement affirmé que c'est Trafigura qui a demandé à l'Etat ivoirien de réaliser l'étude relative à l'évaluation des travaux complémentaires à faire. Ce n'est pas du tout le cas. Selon l'Accord entre les deux parties, c'est une équipe indépendante d'experts comprenant les deux parties qui devait faire le travail. Une entreprise BURGEAC a donc été sélectionnée, et officiellement présentée au cours d'une cérémonie ayant eu lieu au Ciapol.
Alors que le Ciapol et le Bnetd devaient apporter toute l'assistance requise à l'équipe d'experts, ces structures ont au contraire posé des entraves, refusé de fournir des données, de collaborer. Elles ont usé de subterfuges et de man?uvres multiples pour jeter le discrédit sur la mission de l'entreprise BURGEAC, présentée à tort comme étant à la solde de Trafigura.
Contrairement à ce que le porte-parole de la présidence a dit, Trafigura n'a jamais demandé à l'Etat ivoirien, ni à aucun de ses démembrements, de faire l'évaluation tout seul, en violation de l'accord.
Le cas échéant, une telle démarche ne devrait même pas du tout être acceptée par la partie ivoirienne, puisque malgré le montant de 223 milliards de FCFA estimés, il peut toujours y avoir un risque de sous évaluation, dans la mesure où rien ne prouve que cette somme est suffisante pour couvrir sur cinq ans les risques réels. Les experts du Ciapol et du Bnetd ont beau être rigoureux ou vigilants, certains aspects peuvent toujours leur échapper
M Gervais Coulibaly dont on attend qu'il publie sur la question, un communiqué en bonne et dû forme du chef de l'Etat, devrait savoir que son commentaire a semblé légitimer un règlement de comptes de deux responsables, à savoir André Doh du Ciapol et Patrice Tagro du BNETD, à l'encontre de Trafigura.
Selon nos investigations, la maison-mère de Puma-Energy Côte d'Ivoire s'était engagée à acheter deux des véhicules pour le compte de l'équipe d'évaluation et à apporter une contribution de cent millions de FCFA au budget.
Les deux responsables ont exigé que les cartes grises véhicules du projet soient mises à leurs noms d'une part et d'autre part que les 100 millions soient virés sur le compte du cabinet d'un des avocats de l'Etat de Côte d'Ivoire. Concernant les cent millions de FCFA, Trafigura a demandé une autorisation du Ministère de l'Economie et des Finances avant de mettre les fonds sur le compte de l'avocat désigné.
A cette fin de non recevoir, Trafigura a ajouté que les cartes grises des véhicules ne peuvent porter que les noms des structures, et a pour cela exigé les décrets les régissant. C'est cette attitude jugée non coopérative, qui a suscité l'ire et l'hostilité de M André Doh et de Patrice Tagro qui alors décident de mener la vie dure à Trafigura et de lui faire payer sa volonté affichée et louable de transparence et de rigueur.
Ils ont embouché la trompette du patriotisme économique et environnementale. Comme aucune autorité ne peut a priori faire des griefs à des responsables qui donnent le sentiment de défendre les intérêts du pays, et qui présentent un projet de dépollution de 223 milliards de FCFA à la charge de Trafigura. L'équipe de André Doh, et du directeur de l'environnement du Ciapol a produit, en se prévalant de la caution de la Présidence de la République et M Désiré Tagro , le projet de dépollution complémentaire qui présente du reste de nombreuses lacunes, selon des spécialistes. Il se raconte que sous le couvert des déchets toxiques l'Etat de Côte d'Ivoire veut amener Trafigura à constituer son budget de santé publique. Dans le document produit, et qui sent un coup de pouce à TREDI, André Doh et le Bnetd, proposent clairement de confier encore sans appel d'offres, l'opération de dépollution complémentaire à l'entreprise de Joël Séché et de Philippe Leblanc, ou à une autre structure. C'est écrit noir sur blanc !
Alors que l'expérience passée, et les méthodes et pratiques de la cellule de Mme Bah, ont été dénoncées, comment peut-on encore confier à TREDI la poursuite d'un travail déjà mal réalisé ? Par ailleurs comment cela a-t-il pu se faire sans appel d'offres ? Au delà des entraves personnelles et volontaires de M André Doh et Patrice Tagro à l'encontre de Trafigura, l'ampleur donnée au simple document de travail du BNETD et du Ciapol, réalisé de façon unilatérale, participe ,selon de bonnes sources d'une tentative de fragilisation de l'ex porte-parole Désiré Tagro et du Ministre Monnet Emmanuel considérés comme les protecteurs de Trafigura .
En effet, certaines personnes dans l'entourage du chef de l'Etat ont tendance à croire en la rumeur selon laquelle, en sa qualité de négociateur, l'ex porte-parole aurait perçu un pactole avec Trafigura. Ils indexent également le ministre Monnet, à l'origine de l'installation en Côte d'Ivoire de Puma Energy.
En mettant la pression sur la multinationale pour les négociations au sujet de la dépollution complémentaire, ces personnes espèrent avoir leur part du gâteau "déchets toxiques". A côté d'un pactole que l'Etat pourrait obtenir, les instigateurs et les cerveaux de l'affaire pensent pouvoir en tirer des dividendes personnelles.
Les enjeux sont réels et énormes. Il est certes impérieux de mener la bataille pour une dépollution complémentaire, mais cela doit se faire de façon transparente, et dans le cadre de l'accord signé.
Le Ciapol et le Bnetd doivent fournir l'assistance nécessaire à l'équipe d'experts commis, pour effectuer le travail.
M Gervais Coulibaly en sa qualité de citoyen ivoirien, et de responsable au haut niveau de l'Etat, avait certes une bonne connaissance du dossier avant sa nomination comme porte-parole de la Présidence de la République, mais ses responsabilités actuelles, ne peuvent autoriser pas qu'il émette des avis sur un projet qui n'a même pas été soumis au visa de la Présidence avant d'être transmis à Trafigura.
En réalité, c'est le cabinet du chef de l'Etat, ou le négociateur mandaté par lui, et non directement le Bnetd ou le Ciapol (qui ne sont pas des structures sous tutelle de la Présidence, encore moins des dépendances du Palais), qui devait transmettre le document à Trafigura.
Devant la tournure que prennent les choses, les responsables de Trafigura, selon plusieurs témoignages ménacent de relancer le débat sur la nature du produit, pour démontrer que les risques ont été évalués de façon excessive.
Au delà d'une simple affaire d'argent, l'entreprise multinationale, soucieuse de son image et désormais d'un combat de principe, pourrait engager le combat de la vérité scientifique, loin des pétitions de principe et des déclamations des organisations chargées de l'environnement.
Par ailleurs, à travers un raisonnement par l'absurde Trafigura n'exclut pas , si cette question scientifique n'est pas liquidée , qu'un nouveau régime installé à Abidjan, ne vienne dire, dans cinq ou dix ans, que le Ciapol et le Bnetd, ont mal évalué et négocié, et que les 223 milliards de CFA, qui auraient été donnés, après les cent milliards de FCFA, déjà mal négociés, ne sont pas du tout suffisants.
Dans dix ans, des responsables étatiques qui aiment leur pays aussi bien que Laurent Gbagbo et désiré Tagro qui ont obtenu cent milliards de FCFA, comme André Doh et Patrice Tagro qui réclament 223 milliards, pourraient à leur tour demander 500 milliards ou 1000 milliards.


Par Charles Kouassi

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