lundi 25 juin 2007 par Le Nouveau Réveil

Il a dit avoir été approché par les hommes de Gbagbo pour le corrompre à hauteur de 100 millions. Mais pourquoi ? Pour qu'il quitte le RDR. Mais le maire de Bouaflé, Dominique Adjé, puisque c'est de lui qu'il s'agit, n'a pas été fasciné par l'argent de Gbagbo. Dans cette interview, le premier magistrat de la commune de Bouaflé, se prononce également sur les départs au RDR, l'actualité politique et ses liens avec le président Ouattara. Dans le cadre de l'actualité récente, vous avez fait des déclarations selon lesquelles, vous auriez refusé les 100 millions que certaines personnes vous ont proposés pour quitter le Rdr. Dites-nous, qu'est-ce qui vous a poussé réellement à refuser cette offre ?
Ecoutez, ne soyez pas surpris qu'on veuille bien refuser des offres qui n'entrent pas dans des lignes de l'image qu'on a toujours présentée. Nous sommes dans un pays en voie de développement, le pays connaît des moments cruciaux de son histoire et depuis bientôt, je dirai, quelques années, nous sommes dans une déstabilisation totale. Et celle-ci est due au fait que nous n'avions pas connu d'élections de façon je dirai démocratiques et qui ont dû porter le chef de l'Etat Laurent Gbagbo à la tête de ce pouvoir. Et qui, depuis sa prise de pouvoir jusqu'à ce jour, nous a amené à connaître une régression importante, une guerre sans précédent, que nous n'avions jamais connue depuis les années 60 avec feu Félix Houphouet-Boigny. Disons qu'aujourd'hui, cela se poursuit avec son corollaire d'éléments défectueux et je crois que nous n'avons connu que des situations déplorables. Je considère que nous appartenons tous à des partis politiques et, adhérer à un parti politique est d'abord une conviction, un serment qu'on apporte vis-à-vis de celui-ci. C'est aussi bien sûr, ambitionner la prise de pouvoir et j'estime que j'appartiens à un parti politique responsable qui est le Rdr où on y milite parce qu'on a la conviction. Et je pense que tous les militants du Rdr, quel que soit leur niveau, quels que soient leurs grades, et quel que soit ce qu'ils peuvent être, sont respectés. Je pense donc que l'esprit que nous a inculqué le docteur Alassane Dramane Ouattara, c'est d'aimer son pays, sa patrie, et je crois que quand on aime son pays et sa patrie, on ne peut avoir que de l'ambition pour celui-ci. Quand on a de l'ambition pour ce pays, je pense que la corruption reste un élément à rejeter. Est-ce que vous pouvez nous expliquer les circonstances dans lesquelles on vous a fait cette offre. Comment vous avez eu à la rejeter ?
Je ne voudrais pas me focaliser sur une offre. Je voudrais simplement vous dire que je ne suis pas un homme à corrompre. C'est ce que vous devez retenir. J'adhère librement à un parti et je pense que j'ai une conviction, j'ai de l'amour pour ce parti et je crois que nous pouvons aller de l'avant avec le Rdr, car les éléments qui le dirigent sont des personnes responsables. Pour moi, c'est largement suffisant, que de mettre l'argent au-devant de l'aspect idéologique. Monsieur le maire, permettez-nous d'insister. Quand a été véritablement formulée cette offre ?
Je ne voudrais pas revenir sur le facteur offre dans mes interventions. Je voudrais plutôt vous dire qu'il est aussi regrettable que des individus, des personnes qui ont été nettoyées, lavées, logées, entretenues pendant de nombreuses années, veuillent bien, aujourd'hui, se permettre de s'éclipser, alors que les objectifs ne sont pas encore atteints. Et en s'éclipsant, ils donnent l'image, en réalité, d'être des militants alimentaires. Vous voulez parler de Zemogo ?
Je vous ai parlé de toutes les personnes qu'on appelle aujourd'hui des dissidents. Elles ne sont que des militants alimentaires, du fait que les problèmes qu'elles posent sont des problèmes alimentaires. Je prends l'exemple de Georges Coffi, qui est salarié du parti, qui vient d'être nommé à la primature et qui part de cette façon ! Ecoutez, c'est utopique, et il faut bien comprendre pourquoi. Il n'y a que des propositions financières qui l'amènent à partir. Parce qu'en fait, quand vous écoutez leur raisonnement, c'est du bidon ! Ils n'ont pas une raison véritable de quitter leur parti pour un autre, en dehors de l'aspect alimentaire.
Mais, il y a tout de même quelques problèmes au Rdr. Sur 5 ministres que compte le parti, il y en a 3 qui sont ressortissants du nord ! En plus, il y a le déficit démocratique que les " dissidents " dénoncentJe vais vous dire une chose. Même le Fpi qui est au pouvoir, il y a des problèmes en son sein. Il y a des problèmes dans tous les partis politiques ici en Côte d'Ivoire. Ce que vous devez retenir, c'est que je ne voudrais pas entrer dans cette polémique mais, sachez que le Rdr n'a pas encore pris le pouvoir d'Etat. Le parti est dirigé par une personnalité de marque comme Alassane Dramane Ouattara et l'ambition pour tout militant du Rdr est de porter notre président au sommet de l'Etat. Surtout pour l'image, la carrure et le développement du pays. Et je crois que c'est ce qui nous importe sinon, les problèmes de postes qu'on peut poser de part et d'autre doivent être secondaires. M. Zémogo, dans sa déclaration de rupture, avait dit qu'il entretenait des relations difficiles avec la direction du Rdr. M. Georges Coffi lui, avait dit qu'il était immensément déçu du parti et Kouamé Oi Kouamé avait dit qu'il était mieux qu'il aille rejoindre son frère. Est-ce que ces personnes-là n'expriment pas un certain malaise qui secoue le Rdr ?
Le malaise, il y en a dans tous les partis, mais le linge sale se lave en famille. Vous parlez de M. Zémogo, mais il a été ministre de l'enseignement supérieur, de la Sécurité. C'est l'un des hauts responsables ayant en charge les relations extérieures du parti. Ecoutez ! Les frustrations, mais tout le monde est frustré, tout le monde peut subir une frustration ! Mais moi, je ne subis pas de frustrations, je ne suis pas un homme frustré, je suis hyper-occupé. J'apporte à mon parti ce que je peux. Vous êtes ici dans mes bureaux, est-ce que j'ai l'air d'un homme malheureux ? J'ai ma résidence qui m'a coûté plusieurs millions, j'ai mon bureau qui me coûte plusieurs millions. Je le répète encore, je ne suis pas un homme frustré, et j'apporte à min parti ce que je peux, jusqu'à la prise du pouvoir et pour moi, c'est le plus important. C'est la seule chose qui nous intéresse. Nous ne demandons que la date des élections, parce que ça va maintenant faire trois, voire quatre années que nous reportons les élections. Cela exprime la fragilité, la peur du pouvoir à organiser des élections. La peur de Gbagbo à affronter des candidats comme Henri Konan Bédié, Alassane Dramane Ouattara lors des élections. Et c'est ce qui le pousse, selon vous à faire durer les choses et à tenter de corrompre les opposants et désorganiser ses adversaires ?
Ça fait partie de sa stratégie, et c'est ce que tout le monde sait ! Pour eux, il faut essayer de récupérer le maximum de personnalités afin de pouvoir disposer de beaucoup de personnes dans les différentes régions et faire croire qu'il a une majorité. Mais, si vous connaissez aujourd'hui les statistiques sur le plan national, vous saurez que le chef de l'Etat vient en dernière position après Bédié et Ouattara. Il sera le 3è au classement et quand on se rend compte de cela, on a peur d'organiser des élections. Nous, nous attendons au Rdr qu'on nous dise que le 25 ou le 30 octobre, nous allons aux élections, c'est la seule chose que nous attendons. Celui qui est garçon, qu'il nous donne cette date d'aller aux élections. Puisque êtes-vous convaincu que le chef de l'Etat ne veut pas aller aux élections parce qu'il a peur ? Quels sont les moyens dont vous disposez pour l'y contraindre ?
Je vais vous dire une chose, les partis de l'opposition ont co-géré cette transition parce que nous estimons que cela est une " transition ". Nous l'avons donc gérée avec beaucoup d'intelligence. Nous l'avons gérée pour le bien-être des populations ivoiriennes parce que nous avons estimé que trop de morts, dans ce pays, à un moment donné, il faut que cela cesse. C'est la raison pour laquelle nous avons observé, depuis un certain temps. Mais, je vais vous dire que nous ne resterons plus dans l'observation. Il va bientôt arriver le moment où le miracle ivoirien se produira. Et je pense que nous atteignons maintenant la croisière. Nous serons bientôt à la croisée des chemins où le miracle ivoirien se produira. Nous sommes rentrés d'un programme à un autre, nous n'avons vécu que des programmes de dupes. Nous sommes partis d'un dialogue, Marcoussis, nous avons accepté Seydou Diarra, parce que nous avons estimé qu'avec lui, les accords nous mèneraient à des élections. Vous avez tous ici assisté au départ de Seydou Diarra parce qu'on a estimé qu'il a été incapable. Vous pensez réellement qu'il a été incapable ? Non ! On l'a empêché de conduire à bon port la réunification du pays. Nous avons encore assisté à l'installation de Charles Konan Banny. Mais écoutez ! Ce monsieur est un cadre assez responsable qui était animé par le souci d'aider son pays et de le conduire aux élections. Mais, une fois encore, on l'a empêché de réussir sa mission, parce qu'on voulait toujours gagner du temps ! Aujourd'hui, on nous parle d'un dialogue direct, mais tout cela en fait pour quoi ? Les deux protagonistes ont signé des accords qui, certainement, ne seront même pas respectés. On nous avait promis des élections pour le mois d'octobre, aujourd'hui, on nous promet des élections pour la première semaine de 2008, vous y croyez vous-même, journalistes ? Je vous dirais, non ! N'y croyez pas du tout. Et je vous le dis, en mars 2008, il n'y aura pas d'élections. S'il n'y a pas d'élections, qu'allez-vous faire ?
S'il n'y a pas d'élections, nous allons chasser Gbagbo du pouvoir.
Par quels moyens ?
Vous verrez, nous allons le chasser du pouvoir et ce seraient toutes les populations ivoiriennes qui descendront parce qu'elles en ont marre. Ce ne sera pas le maire, ce ne sera pas un citoyen, un parti politique, ce sera la Côte d'Ivoire et tous les Ivoiriens qui vont demander le départ de Gbagbo. En 2004, vous avez tenté de marcher, on a vu sa réaction ! Vous-même, le président de votre parti a vu sa résidence visitée. Aujourd'hui, est-ce que vous êtes prêts à l'affronter sur son chemin favori ?
Il n'a aucun terrain favori ! Ici en Côte d'Ivoire, vivent des peuples et 80% de ces peuples-là, ne sont pas des peureux. Utiliser l'armée, les fusils, la force contre les populations, je pense que c'est irresponsable. Se réjouir des morts et des morts des Ivoiriens qu'on abat à bout de champ, à balles réelles, c'est irresponsable ! Mais, je pense que l'heure viendra où nous allons libérer la Côte d'Ivoire, les mains nues et ce ne serait pas pour longtemps. Je voudrais un peu revenir sur notre engagement aux côtés du président du Rdr. Après ce qui vient de se passer où des militants continuent de claquer la porte. Qu'est ce qui vous fonde à rester à ses côtés malgré le départ des ténors du parti ?
Je vais vous dire que j'ai placé toute ma confiance au docteur Alassane Dramane Ouattara, car il reste la seule haute personnalité pouvant sortir la Côte d'Ivoire de cette situation trop difficile sur le plan économique. Je fonde beaucoup d'espoir en ce monsieur et je vous dirai même qu'aucun militant du Rdr ne part. Aucun responsable du Rdr ne quitte le parti, mais, vous avez des individus qui sont des militants alimentaires parce que vous me parlez de Bechio. Il a bénéficié du traitement à 100% du Dr Alassane Dramane Ouattara lors de son exil. Kouamé Oi Kouamé a, quant à lui, en face des baroudeurs dans sa zone. Il considère donc qu'il n'a pas les moyens de les affronter et atteint par une certaine faiblesse, il a préféré rejoindre son frère, parce qu'il sait qu'il est dans l'incapacité de faire face à ses électeurs. Georges Coffi, lui, n'est que l'ombre de lui-même. Qui, me direz vous donc, est une personnalité de poigne qui draine du monde et dont le départ va poser un problème au docteur Alassane Dramane Ouattara ? Personne ! Qui vous dit aujourd'hui, qu'en dehors de ces individus, la base du Rdr a basculé ? Aucune base n'a bougé. Mais il n'y a que des individus qui ont bougé, mais, ces individus ne représentent rien en terme électoral. Et, je vais vous dire que même leurs familles ne les suivront pas. Parce qu'aujourd'hui où je vous parle, leurs familles sont aux soins du Dr Alassane Dramane Ouattara, et personne ne pourra me contredire, parce que je les connais, je sais ce qui se passe, je suis de la maison. Tous ceux qui s'agitent, 80% étaient en exil mais la politique ne se fait pas en exil, elle se fait ici. Changeons un peu de sujet et parlons du partage des 100 milliards de Trafigura. Quel est votre commentaire sur cette affaire ?
Le malheur qui a frappé notre pays, avec le déversement des déchets toxiques à Abidjan, est d'autant plus regrettable que cela entre dans la gestion d'un Etat en perdition. La Côte d'Ivoire ne se retrouve plus ! Les dirigeants du pays ont perdu leur repère, ou alors ils n'ont plus de repère. Nos enfants n'ont plus d'éducation, ni d'image, et d'ailleurs, tout ce que nous vivons aujourd'hui démontre cela. C'est le scandale total ! Cela part du sommet jusqu'à la base. Quand vous prenez les sociétés d'Etat, les détournements par-ci, par-là, des individus qui ont détourné des deniers publics et qui ne sont pas sanctionnés. Que ce soit dans le café-cacao, dans le pétrole, dans la vie publique, les déchets toxiques qui partent d'un Etat à un autre les auteurs ne sont jamais sanctionnés. Prenons justement le cas des déchets toxiques qui ont été déversés à Abidjan, les conteneurs sont passés où ? Le bateau a accosté où ? Quand dans la chaîne de commandement, les mis en cause ne sont pas sanctionnés, quand un Premier ministre démissionne pour une cause et qu'on limoge des responsables qui sont reconduits à leurs postes, parce qu'ils ont participé à des assassinats, je dirai planifiés, je me demande si nous sommes réellement dans un état. Non ! Nous ne sommes plus dans un Etat. Mais nous, nous voulons retrouver un état, parce qu'actuellement, nous sommes dans une jungle. Et c'est pour cela que nous réclamons des élections. Et je tiens à vous dire que ces personnes impliquées, de près ou de loin, dans tous ces scandales seront tôt ou tard sanctionnées. Tous ceux, qui ont tué, seront un jour traduits devant le Tpi. Je pense que Dieu a un jour, il a son jour, et nous attendons le dernier jugement qui va s'opérer.

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