La face sceptique, les mains croisées dans le dos, le lieutenant colonel Haeri de la force Licorne, observe le petit étang d'eau d'Ayakro, Yopougon (Zone industrielle), où deux enfants ont péri le 6 juin à la suite d'une pluie diluvienne. Le bassin avait débordé comme d'habitude et avait inondé plusieurs maisons. A côté, une dizaine de soldats français s'activent à transporter deux barques auprès de l'eau. L'opération consistera à sonder le bassin, à retrouver les corps des deux enfants disparus. Et par la même occasion, tenter d'abattre ou attraper le ou les crocodiles supposés être dans la pièce d'eau. Aux alentours les riverains, venus voir le déroulement de l'opération approchent. Les éléments de la protection civile arrivés quelques instants après se chargent par moment de les éloigner de l'eau afin d'éviter tout risque. A 9 heures 45 l'équipe du lieutenant colonel Haeri embarque. Chaque embarcation comporte une demi dizaine de personnes. Elle est composée d'un tireur, de pagailleurs et un fouilleur, qui tient un long bâton qu'il enfonce dans l'eau pour toucher le fond. La foule acclame. Le chef des opérations de la force Licorne observe. Après une heure de recherche sans résultat, les soldats décident de changer de stratégie. Ils utilisent deux poules vivantes qu'ils lancent à l'eau comme appât afin d'attirer les reptiles. Mais le résultat reste le même. Convaincu qu'il y a des crocodiles dans cette pièce d'eau, la foule s'impatiente. Ce sont les crocodiles qui ont mangé les deux enfants. Nous voulons qu'on les tue à notre présence, note un riverain. Nous remercions les Français pour ce qu'ils font pour nous, indique un autre riverain. Le lieutenant colonel Haeri, patient, indique que l'opérateur pourrait s'étendre sur 5 à 6 heures. Pour lui cette action vise principalement à protéger la population des inondations. Nous venons voir dans quelle mesure transformer ce bassin d'eau, et éviter que les maisons soient inondées lorsqu'il pleut , indique-t-il. Le lieutenant colonel Néné Djé bi, chef des opérations de la protection civile arrivé avec ses éléments, est sûr que les corps des enfants ne se trouvent plus dans le bassin. Après deux semaines les corps auraient pu remonter. Le ministre de la construction Amon Tanoh, arrivé peu après pour suivre l'opération, reconnaît le rôle prépondérant que doit jouer le gouvernement pour canaliser ce bassin qui cause du tort aux populations en saison pluvieuse. Grâce à l'appui de l'ambassadeur de France nous allons sonder le lac et voir dans quelle mesure retrouver les enfants et abattre les crocodiles, s'il y en a, signale-t-il. Il note par ailleurs qu'une évacuation du bassin sera faite afin d'entreprendre des travaux de canalisation qui débuteront lundi.
Raphaël Tanoh (Stagiaire)