samedi 23 juin 2007 par Fraternité Matin

Les opérateurs économiques de la filière bois de San Pedro ne sont pas contents de la police forestière. Mais ils n'osent pas élever la voix, disent-ils, de peur d'être terrorisés par ceux qu'ils qualifient de bourreaux. Les forestiers, que nous avons rencontrés dans la région de San-Pedro dans le cadre d'un point de presse sur le reboisement des périmètres exploités, ont saisi l'occasion pour crier au chantage. Pour eux, les services des eaux et forêts et particulièrement la police forestière procèdent à des contrôles intempestifs des parc à bois, disent-ils, aux fins de racket. Il déplorent que cette police ne tienne pas compte du fait que les périmètres sont actuellement dépourvus d'essences exploitables. A cela s'ajoute la traversée difficile des corridors avec des billes de bois qui proviennent des régions frontalières de la Guinée et du Liberia. La police forestière est constamment en mission à San-Pedro parce qu'elle sait qu'elle retourne la poche pleine. Et nous traite de façon inhumaine. Ces agents des eaux et forêts nous font trop chanter, nous risquons de nous soulever explique YTR, un industriel du bois à San-Pedro. Pour qui d'ici à cinq ans, il n' y aura plus de bois dans les périmètres exploités. Pour montrer que lesdits périmètres sont vraiment vides, il a ajouté ceci : Il faut aujourd'hui dix billes de bois pour un chargement de grumier contre une seule bille il n' y a pas longtemps. Faute d'Iroko et autres bois de qualité, le Dabeman aujourd'hui occupe une place de choix dans la filière bois. TD, un autre opérateur, renchérit pour dire qu'on ne devrait plus parler de sous-diamètre actuellement car le diamètre des billes oscille actuellement autour de 30 cm et les bois les plus volumineux n'ont que 50 cm. Mais au lieu de se rendre dans les périmètres pour contrôler les bois avant abattage comme convenu en 1998, la police forestière préfère se rendre dans les parcs à bois ou dans les scieries pour mesurer le volume des billes. La police forestière peut faire 10 contrôles par mois en taxant les exploitants pour délit de sous-diamètre ; ce qui suscite des procès verbaux qui coûtent la tête des forestiers. Chaque PV avoisine les 15 millions de francs, dénonce TD. JPD, chef d'exploitation d'une entreprise de bois de la place, lui déplore surtout la manière dont les procès verbaux sont recouvrés. Nous n'avons pas assez de moyens avec cette crise, nous sommes donc obligés de négocier avec eux car nous avons toujours des armes sous la tempe. La traversée des corridors avec les billes est, dit-on, un véritable casse tête chinois. Surtout qu'avec l'absence d'essence actuellement dans les périmètres, certains opérateurs sont obligés d'acheter le bois avec la Sodefor. C'est le cas de BOBY. Nous devons actuellement des millions de francs à la SODEFOR, mais traverser les corridors avec du bois est plus compliqué qu'un trafic de cocaïne. Les éléments de chaque corridor taxent le grumier selon leurs humeurs, se plaint-il. Avant d'ajouter qu'il faut réduire le coût des PV et des frais de route. Car ce sont les agents des Eaux et Forêts eux-mêmes qui organisent les sciages artisanaux. Ils coupent, selon lui, les bois en plot et traversent les corridors avec la complicité de leurs frères d'armes.
AA, lui, dit ne pas comprendre que les véhicules de 10 tonnes transportent des billes coupées en plot ; or seuls les grumiers sont autorisés à transporter les billes de bois. Avant de faire remarquer que le sciage artisanal ne profite pas à l'Etat et que c'est un véritable Business des agents des eaux et forêts qui ne font pas enregistrer dans le livre journal les lois sciés.
Les responsables des eaux et forêts à San-Pédro approchés refusent de se prononcer sur cette affaire car, disent-ils, le département des Eaux et Forêts et de l'Environnement est très sensible.

Edmond K.Konan
correspondant régional

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