samedi 23 juin 2007 par Fraternité Matin

La presse faisait état, il y a quelques jours, de ce que l'Etat de Côte d'Ivoire, par la voix de ses avocats, aurait exigé de Trafigura le paiement d'une rallonge de près de 223 milliards de francs CFA. Et ce, en plus des 100 milliards déjà payés et dont la clef de répartition a été rendue publique jeudi. Interrogé sur cette question dans le journal télévisé de 20h le même jeudi, le porte-parole du Président, Gervais Coulibaly Delinpelna, a expliqué que "dans la convention qui a été signée entre Trafigura et l'Etat de Côte d'Ivoire, il avait été arrêté que l'on devait procéder, sous la responsabilité de Trafigura qui devait en payer les frais, à la dépollution complémentaire des différents sites ".
"Trafigura, poursuit-il, a donc confié cette tâche à la République de Côte d'Ivoire parce que cette société estime qu'elle n'aura pas le temps de rester en Côte d'Ivoire pour faire cela. Il a été convenu qu'une équipe-projet soit mise en place pour suivre ce travail ".
Cette tâche supplémentaire qui incombait à Trafigura a été finalement confiée à l'Etat ivoirien par Trafigura qui a même commis le Bnetd et le Siapol pour faire cette étude, selon M. Coulibaly Gervais. "Cette étude a été faite et Trafigura a même payé de l'argent au Bnetd et au Siapol pour mission accomplie ", dira le porte-parole de la Présidence. Qui précisera que "ce sont les propositions issues de cette étude commanditée par Trafigura qui lui ont été transmises en lui faisant état du montant que le travail de dépollution complémentaire coûterait s'il était accompli en cinq ans. Mais au-delà de cinq ans, ce que cela va coûter de manière forfaitaire ". " Voilà donc de quoi il s'agit. L'Etat de Côte d'Ivoire n'a rien exigé de Trafigura, mais c'est une partie de la convention et il fallait qu'elle soit appliquée ", a dit Gervais Coulibaly. Avant d'annoncer que "les négociations se poursuivent actuellement avec les représentants du Président de la République et ceux de la société Trafigura ". Quant à l'éventualité de porter de nouvelles plaintes contre Trafigura pour la même affaire, Gervais Coulibaly a expliqué que cela est possible "pourvu que ces actions soient entreprises dans un pays autre que la Côte d'Ivoire. En revanche, les victimes ou toute personne intéressée, pourrait actionner la justice contre toute autre société qu'elle estime être responsable dans cette affaire en Côte d'Ivoire ".
Abel Doualy
Les Associations de victimes se prononcent
Le partage des 100 milliards de francs, décaissés par la société " Trafigura beheer BV" pour le dédommagement des victimes des déchets toxiques, suscite des réactions diverses dans le camp des victimes. Joint par téléphone hier après-midi, M. N'guessan N'dri Roger, président du syndic de la cité " Génie 2000 " (non loin de la décharge d'Akouédo) s'est interrogé sur la nature des bénéficiaires de cette somme. " Partout on parle d'associations de victimes. Mais où et quand sont nées ces associations. Je pense que la commune de Cocody est suffisamment structurée. Et il est mieux qu'on s'adresse directement aux quartiers concernés, afin que cette somme parvienne effectivement à toutes les victimes ", a-t-il indiqué. Tout en souhaitant que le montant annoncé soit effectif. M. Yao Pipira Denis, président de la Fédération nationale des victimes des déchets toxiques de Côte d'Ivoire (FENAVIDET-CI), lui, regrette que sa structure n'ait pas été associée aux travaux qui ont précédé cette décision. " Je ne peux donc rien dire pour l'heure. Ma fédération se réunira demain (ndlr, aujour'hui) pour plancher sur l'attitude à tenir. Après quoi, nous organiserons une conférence de presse pour donner notre position. Le chef du village d'Akouédo a, quant à lui, promis de se prononcer dans les prochains jours, en attendant d'avoir une meilleure connaissance du décret.

Casimir Djezou

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