Le marché de Cocody a été totalement ravagé par un gigantesque incendie dans la nuit du mercredi au jeudi. Les commerçants qui ont tout perdu sont encore sous le choc. Ils voient derrière ce malheur, une main criminelle.
Des murs fissurés, des blocs de béton en lambeaux, des amas de tôle et des conteneurs complètement ramollis. C'est la triste et désolante image qu'offrait hier le grand marché de Cocody littéralement mangé par un incendie. Tout a été consumé dans ce centre d'échanges commerciaux composé de bâtiments d'un étage. Les flammes géantes ont causé des dégâts matériels très importants. Un véritable drame en somme. Des témoins rencontrés sur place expliquent que les premières flammes ont été aperçues dans la nuit du mercredi aux environs de 23h30. Mais en quelques minutes, le feu s'est transformé en un énorme brasier, emportant tout sur son passage. D'autant que les pompiers venus un peu plus tard sur les lieux n'ont pu rien sauver. Seuls les nouveaux magasins situés en face du marché ont été épargnés. Toutefois par mesure de précaution, tous les commerces environnants ont baissé pavillon. Certains habitants des immeubles situés derrière le marché en fumée avaient également pris leurs dispositions en sécurisant une bonne partie de leurs affaires. Le feu a commencé à 23h30 et s'est tout de suite propagé dans tout le marché avec des détonations violentes. Nous avons fait appel aux pompiers de l'Indénié qui sont venus trente minutes plus tard. Ils n'ont pas pu maîtriser les grandes flammes. Ils ont même été appuyés par ceux de Yopougon. Mais malgré cela, ils sont restés impuissants devant le feu. Le vrai renfort viendra de l'aéroport. Les pompiers de l'Asecna sont arrivés avec des camions citernes pour circonscrire le feu, explique une habitante du quartier Saint Jean où se trouve le marché de Cocody. Selon elle, les premiers pompiers n'étaient pas suffisamment équipés et les bouches d'incendie étaient également inaccessibles, puisque obstruées par certaines constructions. Les témoins restent évasifs sur les causes réelles de cet incendie. Cependant les commerçants inconsolables voient derrière ce drame une main criminelle. Des dames en sanglots, d'autres à travers des cris de détresse cachaient mal leur colère en accusant le maire Gomont Diagou d'être, peut-être passivement, derrière le sale boulot. Gomon assassin! Gomon assassin!, s'exclamaient-elles. Nous avons tout perdu. Ce que nous vivons est plus qu'un crime humain.
Les commerçants inconsolables
Cela a été planifié. Maintenant on vient de nous jeter à la rue, ne cesse de fustiger Diallo Issa, qui exerce dans ce marché depuis 25 ans. Il a perdu trois magasins en une nuit. Selon lui, ce marché est un grand carrefour et est reconnu par la qualité et la densité des objets d'art qu'on y trouve. C'est un marché qui a été toujours visité par les touristes européens. Certains présidents africains venaient également faire des achats ici. Notre douleur et notre déception sont aujourd'hui très grandes devant cette méchanceté humaine, ajoute le commerçant d'une voix empreinte de pitié. Mme Kadjé Jacqueline, les larmes dégoulinant sur le visage, précise que depuis l'année dernière le maire voulait les déguerpir du marché. Nous avons rencontré les responsables de la mairie pour en discuter. Ils nous ont dit qu'ils voulaient moderniser le site. Comme ils n'ont pas pu nous chasser du site, ils l'ont incendié pour nous faire partir de force. Qu'est-ce que nous allons devenir avec nos familles peste la commerçante. Pour manifester leur colère, elles ont érigé des barrages (dans les deux sens) sur le boulevard de France, créant du coup un embouteillage pendant une demi heure. Un détachement de la Compagnie se sécurité républicaine de Williamsville (Crs I) qui était venu sécuriser les lieux du drame a dû convaincre les manifestants à lever leur siège. Le marché de Cocody est parti en fumée avec plusieurs milliards Fcfa, s'alarment les opérateurs économiques, qui confient leur destin à Dieu. L'ancien maire de la commune Thédore Mel Eg et le président du conseil fédéral Lamine Ouattara sont venus signifier leur solidarité et leur compassion aux victimes. Le ministre de la ville, qui a reçu les femmes sinistrées en fin de soirée à son domicile de Cocody, leur a remis une somme de 250.000 Fcfa. Cet énième incendie remet au goût du jour la sempiternelle question de la mise en forme architecturale des marchés. Tout un débat!
Cissé Cheick Ely