vendredi 22 juin 2007 par Fraternité Matin

Pour l'heure, on ne peut certes par comparer la Côte d'Ivoire et l'Afrique de l'ouest au Moyen- orient, ou encore à la Russie. Et, il est vrai que l'espace sous-régional reste encore un acteur pétrolier modeste au niveau mondial. Même au niveau du continent noir, cette zone ne représente que moins d'un tiers de la production. Qui, elle-même, compte pour moins de 12% de ce qui se fait au niveau mondial. Mais nonobstant cela, selon nos confrères de l'AFP, les spécialistes de l'industrie énergétique sont formels. La découverte de nouveaux gisements pétroliers en Afrique de l'Ouest suscite la convoitise de l'Occident, celle des puissances émergentes, tous soucieux de diversifier leur approvisionnement afin de continuer à nourrir leur croissance tout en réduisant les risques géopolitiques. Tenez! Un nouveau gisement d'environ 600 millions de barils a été découvert le 18 juin dans le Golfe de Guinée, au large du Ghana, par la compagnie britannique Tullow Oil. Selon l'association des producteurs de pétrole africains(APPA), en matière de réserves, le Ghana devance désormais le Bénin (147 millions de tonnes en zones profondes), et la Côte d'Ivoire (100 millions de barils). Mais tout ce potentiel reste bien loin de celui du géant pétrolier de la sous-région, le Nigeria, et de ses réserves de 36,24 milliards de barils, ou, plus au sud, du prometteur Angola (plus de 5,4 milliards de barils). En effet, Sur les 2,7 millions de barils/jour (mbj) produits en Afrique de l'ouest, près de 2,6 proviennent du Nigeria. Son dauphin dans le Golfe de Guinée, la Guinée Equatoriale, dispose de 1,7 milliard de barils de réserves selon l'APPA. Cependant, quoique modeste en terme de teneur en réserves en l'état actuel des choses, les incertitudes géopolitiques et l'émergence des économies asiatiques (Chine et Inde notamment), désormais en concurrence avec l'Occident, font de n'importe quel gisement d'"or noir", une denrée rare et chère. D'où l'intérêt que porte de plus en plus croissant de plusieurs firmes internationales et particulièrement des Etats-Unis (qui importent plus de la moitié du pétrole qu'ils consomment, et prévoient de puiser 25% de leurs besoins en Afrique en 2015, contre moins de 15% en 2003).
On le voit, ce potentiel attise des convoitises, d'où une concurrence acharnée le long de la façade atlantique de l'Afrique, malgré des capacités de raffinage encore très limitées. Selon un responsable du secteur à Abidjan, dont les propos sont rapportés par l'AFP, l'autre raison qui explique cette ruée vers l'Afrique, c'est qu'il devient de plus en plus difficile de travailler au Moyen-Orient. Donc, tout le monde cherche à diversifier ses approvisionnements. Par exemple, entre 2004 et 2007, la production de pétrole africain a grimpé de 7 mbj à 9,5 mbj. Et l'Afrique est désormais la première zone de production mondiale du groupe français Total. Et de l'avis des professionnels du secteur, les perspectives sont bonnes pour l'Afrique de l'ouest. Ainsi, le Nigeria vise une production de 4 mbj en 2010, contre 2,6 mbj aujourd'hui malgré des violences dans le delta du Niger qui l'amputeraient de 25%. Au delà du Nigeria, "il y a un grand potentiel en Afrique de l'Ouest, notamment en Guinée Equatoriale, en Mauritanie et ailleurs", note David Fife, analyste pétrolier de l'Agence internationale de l'Energie (AIE) à Paris.
En Côte d'Ivoire, les divers investisseurs sont européens, américains, mais aussi australiens, russes et chinois. En Guinée, la société américaine Hyperdynamic a trouvé du pétrole offshore.
La Guinée-Bissau, où des réserves pétrolières ont été trouvées en août 2006, a signé un accord de coopération dans l'exploration avec le Brésil. La Mauritanie exploite depuis février 2006 des puits off-shore. Au Sénégal, Petrosen (Sénégal) et Kampac Oil (Emirats arabes unis) ont signé en septembre 2005 un contrat de prospection de pétrole et gaz offshore dans la région de Saint-Louis (nord).Le Bénin prévoit de lancer "très prochainement" des forages pétroliers dans le Golfe de Guinée. Le nouveau gisement ghanéen, ne pourra peut-être pas être exploité "avant cinq ou dix ans", selon David Fife. Le président John Kufuor s'est réjoui de sa découverte, mais d'autres observateurs craignent la "malédiction du pétrole" africain, qui a jusqu'ici peu rimé avec bien- être des populations. Bref, tout le monde s'accorde pour prévoir une très forte augmentation de la production de pétrole ouest- africain dans les 2 à 5 ans, pour atteindre 1 mbj en 2012.


Eric DRO
dro@fratmat.info

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