vendredi 22 juin 2007 par Le Nouveau Réveil

Les audiences foraines vont enfin démarrer, on ne sait pas précisément la date mais on sait au moins la période, début juillet 2007. Cependant, du point de vue technique et opérationnel, de graves hypothèques semblent toujours compromettre la réussite de cette opération essentielle du processus de paix.
Le Premier ministre, Guillaume Soro, a sa méthode. Il a horreur des dates, mais il sait courir vite quand on le lui demande. Au terme de la récente réunion du Cadre permanent de concertation (CPC) à Yamoussoukro, il lui a été demandé de mettre en ?uvre sans retard l'opération des audiences foraines. Moins d'une semaine après cette mise en demeure solennelle, les services compétents de la Primature ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Les tribunaux forains vont être redéployés, progressivement, sur l'ensemble du territoire et le travail va reprendre. Mais dans quelles conditions, surtout en ce qui concerne les zones sous contrôle des Forces nouvelles ? Qui va encadrer, qui va sécuriser cette opération dans ces zones ?
Malgré les discours et les cérémonies symboliques très médiatisés d'installation ou de redéploiement des préfets, cette opération n'a pas encore atteint des résultats satisfaisants. Certes, la volonté des premiers interlocuteurs de l'Etat dans les départements existe, mais les doléances continuent de pleuvoir sur le bureau d'un Etat qui tire le diable par la queue. L'Etat n'a pas l'argent et pourtant les besoins sont immenses et urgents. Les bureaux des préfets, leurs résidences ainsi que celles de leurs personnels, l'autorité même des préfets, voilà autant de soucis sans réponse. Le préfet est une autorité administrative et une autorité de police, quelle force publique pourra-t-il requérir pour assurer la sécurité des audiences foraines et des magistrats qui tiennent ces audiences ?
Normalement, c'est le centre de commandement intégré (CCI) qui devrait assurer la sécurité de ces opérations. Or, jusqu'à ce jour, cette structure n'est pas opérationnelle bien qu'ayant été créée légalement par décret du chef de l'Etat depuis déjà 2 mois. Son fonctionnement est compromis par les problèmes des grades des soldats des Forces nouvelles. En effet, les grades des éléments que les FAFN ont détachés auprès de cette structure ne sont pas reconnue par la hiérarchie militaire des FDS-CI.
Par ailleurs, il convient de relever l'absence d'une véritable campagne de sensibilisation de la population par rapport au redémarrage des audiences foraines, les partis politiques eux-mêmes ne seront sensibilisés à cette reprise que dans les jours à venir. Pour la crédibilité de ces audiences foraines, la participation des partis politiques est impérative, de même que celles des villageois, de leurs chefs et des communautés pour attester de la fiabilité des déclarations faites par les demandeurs de jugements supplétifs et de certificats de nationalité ivoirienne.
Les délais sont cours, très court même et l'on se demande si la bonne volonté seule des ex-belligérants suffira pour déplacer ces immenses montagnes de difficultés. Car il ne faut pas l'oublier, les processus de paix menés par Seydou Diarra et Charles Konan Banny ont échoué sur les questions précises du désarmement et de l'identification de la population. C'est pourquoi, il faut veiller à prendre toutes les dispositions pour assurer le succès d'une opération aussi sensible que les audiences foraines. Pour l'heure, ce n'est pas encore le cas, l'opération est hypothéquée par de grosses incertitudes.
AKWABA SAINT CLAIR

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