jeudi 21 juin 2007 par 24 Heures

Le maire de Kolia, M. Sourou Koné, également membre de la direction du RDR, est prêt à livrer un combat âpre avec le démissionnaire Zémogo Fofana. Mais pour l'heure, selon lui, il faut rallumer la flamme du RDR à Boundiali. Un pari qu'il s'engage à relever.

- M. Sourou Koné, vous êtes le maire de Kolia dans le département de Boundiali. Quel regard portez-vous sur la démission de M. Zémogo du RDR ?

Je suis assez déçu. Parce que je reconnais que Zémogo a été aux premières heures du RDR. Il a fait beaucoup pour ce parti, il s'est battu au niveau du département de Boundiali. Qu'il parte à un moment décisif de notre combat, j'ai mal. Parce que je sais qu'Alassane Dramane Ouattara avait une très grande confiance en Zémogo. Il a fait de nombreuses missions avec lui. Il a partagé beaucoup de choses avec lui. Je ne comprends pas comment il a pu rompre avec un monsieur aussi humble, humain, soucieux de ses collaborateurs comme Alassane Ouattara. Cela me peine. Sinon pour la vie du RDR, je sais que le parti continuera, plus qu'on ne le pense, son combat, surtout dans le département de Boundiali où Zémogo était le leader. Nous allons reprendre le travail là où il l'a laissé et essayé de le parfaire avec le dynamisme de nos cadres, élus, et de nos populations qui sont fondamentalement RDR. Nous étions récemment dans le département, nous avons parcouru les sous-préfectures de Kolia, Gbon, Kouto, Kasséré
et nous avons vu la grande mobilisation de nos militants. Nous n'avons à ce niveau aucune inquiétude.

- Vous avez dit Alassane Ouattara avait une grande confiance à Zémogo. Mais ce dernier évoque une rupture de confiance pour justifier sa décision de partir ?
Je ne sais pas du tout quel est ce manque de confiance qui a pu s'installer entre le président du parti et lui. Lui qui a été un compagnon très proche du président à des moments décisifs de notre course vers la présidence. Aujourd'hui, qu'il y ait rupture de confiance, je ne suis pas certain que cela vienne de notre président pour le peu que je connais de l'homme. Peut-être que cela vient de Zémogo. Ça m'étonnerait que le président, après tout ce qu'il a fait avec lui ensemble, ce qu'il continuait justement de faire avec lui, que le président puisse faire quelque chose pour rompre la confiance. J'avoue que c'est une question très personnelle à Zémogo. Je suis sûr que Zémogo avait toujours la confiance de la direction que moi je connais.

? Ce départ peut-il porter un coup au RDR à Boundiali ?
Certaines personnes le croient. Mais je pense que Zémogo lui-même sait que son départ ne portera aucun coup au RDR à Boundiali. Vous devrez savoir que depuis quelque temps, il était totalement en perte de vitesse. Il avait beaucoup de problèmes avec la base. Et je crois qu'il en est conscient. Parce que cette base n'était plus à ses côtés comme par le passé. Peut-être qu'il le ressentait. Il y avait beaucoup de récriminations contre lui. Je pense que toutes les énergies qui avaient été étouffées pendant longtemps vont se mettre au travail, et le RDR va connaître un bond qualitatif et quantitatif au niveau du département de Boundiali. Mais je comprends que quelques personnes soient inquiètes, que même le président du parti soit inquiet. Mais très très rapidement, nous allons rallumer la flamme du RDR qui a été quelque peu émoussée au niveau de Boundiali et de sa sous-préfecture. Car le RDR vit très fort dans les sous-préfectures de Kolia, Gbon, Kasséré et de Kouté qui ont fait des scores extraordinaires aux élections des conseils généraux. C'est au niveau de Boundiali et de sa sous-préfecture que l'animation était devenue très timide. Les militants ne comprenaient pas. C'est pour cela que nous pensons que les choses vont aller très rapidement. Au grand étonnement d'ailleurs de la direction du parti.

? C'est justement au cours de ces élections qu'il a été élu président du Conseil général de Boundiali. Il part, objectivement, n'y a-t-il pas un problème ?

Je ne pense pas qu'il y ait problème. J'avais été à l'époque son directeur de campagne. Après son élection, il est entré au gouvernement. Il a donc mis son premier vice-président à sa place. C'est ce dernier qui pilote le Conseil général depuis ce temps. Nous croyons savoir que ce dernier est toujours au RDR. Donc nous ne pensons pas qu'il pourrait avoir un problème. Mais si d'aventure, lui aussi, avait quelques velléités de partir, naturellement, cela poserait problème. Mais pour l'instant, nous sommes tranquilles. Je dois vous dire que le mandat des Conseils généraux finit théoriquement au mois de juillet prochain. Donc il n'y a plus grand-chose à faire.

? C'est sûr que M. Zémogo déposera ses valises quelque part. Ne craignez-vous pas une défiance vis-à-vis du RDR à Boundiali ?
Bien sûr. Sur ce plan, je suis extrêmement intransigeant. J'estime que la politique est une affaire très sérieuse. D'autres en font un jeu. Mais c'est un jeu très important. Parce qu'il s'agit de l'avenir du pays, de celui de la région. Si d'aventure il crée un parti comme on nous le fait croire, évidemment, il nous trouverait sur son chemin. Nous serons là pour le combattre avec la plus grande énergie. Parce qu'il faut qu'aux prochaines élections, tous les élus de notre département soient du RDR. Aujourd'hui, dans tout le département, il y a un seul maire, celui de Kouto qui est du PDCI. Alors nous ne voyons pas un parti qui va éclore ses jours à Abidjan et qui pourra nous inquiéter à Boundiali lors des prochaines élections. En tout cas, le combat, il sera fraternel. Mais il sera vif. Et nous sommes certains que nous sortirons victorieux si un tel combat devait nous opposer à lui. Il connaît le terrain. Vous savez, nous avons dû mener des actions pour ne pas que les jeunes fassent des dégâts à son domicile. Parce que nous estimons que nous restons des frères, même militant dans des partis politiques différents. Nous allons mener le combat politique entre frères, mais sans faux-fuyant.

? Certains militants disent avoir pressenti le départ de Zémogo. Est-ce que cela est aussi votre cas ?

Vous savez que la confiance se mérite et s'entretient. Et moi, je n'ai jamais échangé avec lui sur ses velléités de partir. Evidemment, il y a eu quelques tergiversations dans son parcours politique au niveau du RDR qui font que des militants au niveau de Boundiali se sont inquiétés à certains moments. Notamment du temps du RDR national , du temps de l'entrée du ministre Adama Coulibaly au gouvernement de M. Bédié. Des gens se sont posés des questions au niveau de Boundiali. Et là, les militants ont été très francs avec lui. Ils lui ont dit qu'il n'était pas question pour lui qu'il quitte le RDR. Ils lui ont dit si jamais il commettait cette erreur de partir, ce serait préjudiciable pour lui. Je crois savoir qu'au niveau du département, il sait que politiquement, ce sera très difficile pour lui de se repositionner. Même s'il crée un parti. Je ne doute pas qu'il exprime un jour des regrets d'avoir pris cette décision. Malgré toute la volonté du président du parti de le faire revenir sur sa décision, malgré l'humilité du président qui l'a reçu des heures durant, malgré toutes les interventions qu'il y a eues, ici et là. Je crois qu'il aura un jour des regrets.

Interview réalisée par L. Ouattara

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