jeudi 21 juin 2007 par Fraternité Matin

Wissam Koumeiha, le ressortissant libanais qui a battu sa servante à son domicile à Marcory résidentiel, sera bientôt devant le tribunal. Comme une traînée de poudre, la rumeur faisant état d'un patron qui aurait battu à mort sa servante a fait le tour de la ville d'Abidjan dans la nuit de mardi. Ce qui a occasionné la révolte des jeunes de Marcory résidentiel qui ont endommagé plus d'une quarantaine de véhicules dans le quartier. Le mis en cause, Wissam Koumeiha, est depuis hier après- midi à la Maca.
Comment en est-on arrivé à cette fâcheuse situation ? Loin de toutes les rumeurs qui ont parcouru la ville, nous avons rencontré hier, autour de 19h, Gnissi Mariam qui est bel et bien vivante, au domicile de ses parents à Port-Bouet abattoir, où elle a donné sa version des faits. Hier, (mardi Ndlr) vers 14h, je suis allée manger. Puisque je ne mange pas chez mes employeurs. Je suis donc revenue vers 16h. Mon patron s'est plaint de ce que j'ai passé deux heures dehors. Il m'a fait remarquer que la loi ne prévoit pas qu'une servante reste deux heures hors de son lieu de travail. Il s'est mis en colère, m'a insultée et m'a demandé de calculer mes droits qu'il va payer. Il m'a aussi dit qu'il devait me retirer 5000frs sur mon salaire mensuel. Ce que j'ai refusé. Mon patron m'a alors demandé de sortir de chez lui. Il a sorti mes effets personnels qu'il a jetés sur le goudron. Il m'a ensuite traitée d'esclave et de tous les noms. J'ai donc réagi pour lui dire qu'autant je suis esclave, autant il l'est aussi. Il m'a saisie par les cheveux et m'a battue comme il voulait. C'est par la suite que j'ai commencé à saigner abondamment et que j'ai fait une fausse couche, explique Mariam Gnissi. Réagissant à des sources policières qui soutiennent qu'elle entretenait des rapports intimes avec son employeur, Mariam se veut catégorique. Mon patron ne m'a jamais parlé de rapports intimes. Nos relations sont purement professionnelles, martèle la jeune dame. Qui s'est tiré d'affaire grâce à la générosité de Adjahi Constant et Gando Jules, deux jeunes entrepreneurs qui, de passage le jour des faits, ont assisté à la scène. Ce sont ces derniers qui ont conduit l'infortunée servante à la PMI de Marcory, où le diagnostic du médecin a confirmé l'interruption brutale de la grossesse de deux mois que la victime portait. Son état,selon le certificat médical produit,nécessite une incapacité temporaire de travail de 17 jours.
Des témoins de la scène soutiennent que la servante, pendant les échanges houleux avec son employeur, aurait tenté de lever la main sur ce dernier en présence de son épouse. Pour défendre son honneur bafoué, ce dernier l'a donc roué de coups.
Après quoi, Wissam Koumeiha, l'employeur, s'est rendu au 9ème arrondissement de Marcory pour porter plainte contre sa servante. C'est seulement à son domicile que la police découvrira, à la vue de la servante, que la vérité était ailleurs. C'est ainsi que l'employeur a été mis aux arrêts. Avant d'être déféré hier à la Maca. La communauté libanaise appelle au calme
Prenant prétexte de l'incident survenu entre Wissam Koumeiha et sa servante Mariam Gnissi, des jeunes de Marcory résidentiel et plusieurs badauds ont pillé les domiciles et magasins de ressortissants libanais habitant la zone, après avoir endommagé une quarantaine de véhicules dans le quartier. Face à ces dérives, l'Union libanaise culturelle mondiale (ULCM), appelle les uns et les autres au calme. Pour Dakhlallah Mohamed, vice-président de l'ULCM, rien ne justifie une telle réaction des riverains contre toute la communauté libanaise. Pour lui, un accident peut arriver à tout le monde. Il invite les Ivoiriens à ne pas considérer les Libanais comme des étrangers en Côte d'Ivoire. Quand on sait que ces derniers ont toujours soutenu et vécu en bonne intelligence avec les Ivoiriens, même dans les moments les plus difficiles qu'a connu le pays. La communauté libanaise reste solidaire de l'ensemble des Ivoiriens et des autres communautés vivant dans ce pays et ?uvre pour un havre de paix, déclare l'ULCM. Qui demande au gouvernement ivoirien de prendre ses responsabilités comme il l'a toujours fait et de protéger l'ensemble des communautés vivant en Côte d'Ivoire. Dans cette perspective de maintenir la paix entre les deux communautés,les proches de Wissam Koumeiha qui étaient hier en pourparlers avec les parents de la servante ont sollicité et obtenu de ceux-ci, un règlement à l'amiable de cette affaire qui a pris des proportions démesurées. Ils se sont engagés à prendre en charge, les soins de Mariam Gnissi jusqu'à ce qu'elle soit complètement rétablie. Ils lui payeront ensuite 1.500.000frs en plus de ses droits de un an et trois mois de présence chez Wissam. C'est le lieu ici d'inviter les riverains à ne pas se tromper de combat. La faute d'un Libanais ne peut engager toute sa communauté. Nombre de Libanais en Côte d'Ivoire se sentent Ivoiriens, bien Ivoiriens. Compte tenu de l'attachement qu'ils ont à ce pays depuis des millénaires. Il faut donc éviter les amalgames et mettre balle à terre au nom de l'hospitalité ivoirienne.

Marc Yevou

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