jeudi 21 juin 2007 par Le Front

Dans l'acte 7 de notre dossier sur les renégats de la politique ivoirienne, nous évoquions les cas Mel Eg Théodore, ci-devant, président de l'Udcy et Kahé Kplohourou Eric, patron de l'IRD (Initiative pour le renouveau démocratique). Deux ministres de la république, qui se sont particulièrement illustrés par leur goût prononcé pour la cupidité, le reniement, la trahison et, pour tout dire, la versatilité politique. Les militants de l'Union pour la démocratie citoyenne (UDCY) croyaient naïvement avoir trouvé en Mel Théodore, un leader charismatique à même de les propulser vers des lendemains meilleurs. Mais, en réalité, leur mentor n'est qu'un politicien atypique, abonné aux reniements spectaculaires, et surtout à une incroyable cupidité. Jeune homme fougueux et engagé, Mel Eg Théodore décide, très tôt, de descendre dans l'arène politique. Avec Jésus Kouassi Yobouet, l'ex-célèbre présentateur du journal de 20h, il forme un duo pour défendre avec hargne, la philosophie politique d'Henri Konan Bédié. Mel, sans sourciller, parcourt tous les coins et recoins du pays, pour vanter les mérites du prince des Nambès . Il gagne, de ce fait, la sympathie du couple Bédié, et se présente comme l'un des jeunes les plus. La révolte du musicien écoutés du sphinx . A l'époque, Mel qui aimait beaucoup la musique, profite de sa position de privilégié pour faire sortir quelques albums , du reste noyés par la rude concurrence. Mais, coup de théâtre ! En 1995, Mel Théodore décide de se révolter contre N'Zuéba. Après les élections présidentielles remportées par l'homme fort de Daoukro devant Francis Wangah Wodié, Bédié est confronté à la rébellion de Mel qui, sous aucun prétexte, ne veut rater son entrée au gouvernement. La pression de l'actuel président de l'UDCY est haute. H.K.B décide de faire contre mauvaise fortune, bon c?ur. Il décide de le positionner lors des élections municipales, comme le futur premier magistrat de Cocody. Mel, avec le soutien de son mentor, remporte sans coup férir, les élections. Et comme le bonheur n'arrive jamais seul, il est aussi bombardé membre de la haute direction du Pdci. Aussi, Henri Konan Bédié décide-t-il de mettre à sa disposition, la somme d'un milliard pour l'organisation d'un festival dénommé les afro-musiques . Mel Théodore, après avoir rassuré le sphinx , quant à la réussite totale de la cérémonie, disparaît avec les sous. Le jour du festival, point de Mel Théodore ! Ulcéré, il rentre dans une colère noire ! Mel tente, en vain, de colmater les brèches. Il accuse les artistes internationaux de lui avoir fait faux bond. Devant l'inflexibilité de N'Zuéba, Mel sollicite le soutien de certains barrons du Pdci. En définitive, Bédié cède sous la pression et décide de (re) collaborer avec La première trahison de Mel
le maire de Cocody avide d'argent. Les relations redeviennent donc normales entre lui et son mentor. Au point que, Mel jure de battre campagne pour Bédié à la présidentielle de 2000 et même de l'aider à sa réélection. Mais le 24 décembre 99, Henri Konan Bédié est évincé du pouvoir par la soldatesque de Robert Guéi. Mel Eg Théodore qui avait naguère juré fidélité et loyauté à N'Zueba recule à pas feutrés et bascule dans le camp de la réfondation. Il profite d'ailleurs de cette situation pour créer son parti, l'union pour la démocratie citoyenne (UDCY). Quelques mois plus tard, le général Guéi est, lui aussi, chassé du pouvoir par une insurrection populaire du Fpi. Mel tente de se rapprocher des réfondateurs qui opposent un refus catégorique. Le patron de l'Udcy rase les murs du palais, en vain ! Convaincu que celui qui a déjà trahi, trahira , le chef de l'Etat et ses hommes éconduisent le natif de Jacqueville. Mais Mel ne savoue pas pour autant vaincu. En 2002, après le déclenchement de la crise armée, il se rapproche à nouveau des refondateurs pour célébrer et exalter les thèses du nationalisme débridé, doublé d'un patriotisme étriqué. Cette fois, les socialistes mis en difficulté par la rébellion armée, acceptent l'offre. Mel devient du coup, l'un des plus farouches pourfendeurs des ex-rebelles. Son engagement et sa détermination pour le compte des refondateurs s'avéreront, somme toute, payants. Puisqu'après les accords de Marcoussis, Mel Théodore est bombardé ministre de l'Intégration et de la coopération sous-régionale. Depuis lors, il n'a pu quitter le gouvernement. Que ce soit avec le Premier ministre Seydou Diarra ou avec Charles Konan Banny et Guillaume Soro, Mel Théodore a toujours bénéficié de l'onction du clan présidentiel pour se maintenir au gouvernement. On pourrait donc dire qu'avec lui, le patriotisme a vraiment payé ! Même si, dans l'establishment politique, son parti ne pèse pas une obole. Toutefois les Ivoiriens retiendront de lui, l'image d'un politicien versatile, plus guidé par la politique du ventre et la tendance pathologique à la trahison qu'à la recherche d'un idéal. A n'en point douter, Mel Théodore est une déception de la politique ivoirienne. L'autre renégat dont le cas mérite d'être évoqué, est celui de Kahé Kplohourou Eric, actuel président de l'initiative pour le renouveau démocratique (IRD). Economiste de formation et de surcroît ex-directeur de la solde, Kahé Eric était autrefois crédité d'une bonne réputation à l'UDPCI. Fidèle parmi les fidèles du général, il hérite du portefeuille de la réforme administrative après l'accord de Marcoussis. Avec Gilbert Bleu-Lainé, Kahé Eric forme la paire tant enviée à l'UDPCI. A telle enseigne qu'au sein du parti arc-en-ciel , il est présenté comme le successeur putatif de Guéi. En 2002, quelques mois avant le déclenchement du conflit armé, il convainc la haute direction de l'UDPCI, de le nommer secrétaire général du parti. Le poste était resté vacant, après l'assassinat crapuleux de Balla Kéita. Mais ses démarches n'aboutissent pas aux résultats escomptés. Kahé crie vengeance et jure d'avoir la peau du général. Cependant, dans l'ombre, il tente de faire croire à Guéi qu'il le suivra jusque dans la tombe. Quelques mois après, le général est assassiné par un commando de nervis. Kahé Eric, au lieu de pérenniser l'héritage de son mentor, s'érige en trouble-fête. Avec d'autres dissidents, tels Bleu-Lainé, Boni Claverie, Oulaï Tiabas ils tentent de déstabiliser le président Paul Akoto Yao et son équipe. Ils se heurtent à la ténacité des Blé Guirao, Dié Bonao, Kéï Rosa, Denis Zodo qui opposent une résistance farouche. Kahé est en difficulté. La mayonnaise n'ayant pas pris, il décide de créer un courant au sein de l'UDPCI. Dans les statuts de sa structure, il prône le renouveau dans le parti arc-en-ciel . Curieusement, lui qui prône ce concept, refuse de payer ses cotisations pour alimenter les caisses de son parti. La mascarade est vite perçue par les jeunes de sa formation politique, qui le déclarent aussitôt personna non grata au siège de l'UDPCI aux-II-Plateaux. Il n'empêche ! Kahé continue ses man?uvres de sabotage de l'héritage de Guéi. Au point que ses dirigeants, indignés, décident de lui régler les comptes par tous les moyens. A la formation du gouvernement Charles Konan Banny, Kahé Eric est viré sans autre forme de procès. Il considère cet acte comme un affront qu'il se doit de laver. Absolument. Il rejoint donc la galaxie patriotique et s'érige en défenseur attitré des thèses de la réfondation. Kahé Eric met ainsi son parti, l'I.R.D à la disposition du chef de l'Etat et du CNRD. Il est même fait porte-parole du congrès national pour la résistance démocratique. Désormais, dans l'ouest du pays, il fait partie de ceux sur lesquels chef de l'Etat entend s'appuyer pour remporter la future présidentielle. Ironie du sort ! Lui qui se disait fils du général Guéi est aujourd'hui devenu de ceux qui s'opposent aux enquêtes susceptibles de faire éclater la vérité sur l'assassinat du général. A la vérité, pour des intérêts bassement vénaux, Kahé Eric a opéré un virage à 180°. Ceux qui le connaissent, disent de lui qu'il n'a actuellement pour seule ambition que de contribuer à la réélection du chef de l'Etat, alors même qu'il dirige lui aussi une formation politique. Preuve certaine de ce que l'ex-ministre est au service du clan présidentiel. En tout état de cause, le cas Kahé, l'un des suiveurs de Guéi qui a basculé dans le camp de ceux qui sont accusés d'avoir porté le coup fatal au général, n'a pas manqué d'étonner d'innombrables compatriotes. Car, avec lui, la politique ne vaut que par les volte-face intéressés, la recherche effrénée des espèces sonnantes et trébuchantes et le souci permanent de se mettre à des besoins.



J.J

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