mercredi 20 juin 2007 par Nord-Sud

La réforme du permis de conduire bute sur une farouche opposition des syndicats des auto-écoles. Le ministère des Transports qui n'a pas encore balisé le cadre réglementaire du projet est obligé de le suspendre.




La Direction générale des Transports terrestres et de la Circulation a pris du recul par rapport à la réforme du permis de conduire. Un projet qui lui tient pourtant à c?ur. Paul Kouamé, responsable en charge des examens du permis de conduire et cheville ouvrière de la réforme, s'est évanoui dans un silence qui ressemble à une mise sous le boisseau du projet. J'ai décidé de m'effacer un tout petit peu parce que nos partenaires des auto-écoles avaient commencé à concentrer le débat sur ma seule personne. Pourtant il s'agit d'un projet de l'Etat ivoirien que nous voulions faire aboutir, clame M. Kouamé. Manifestement, le nouveau permis de conduire éprouve beaucoup de mal à devenir une réalité sur le terrain. Les auto-écoles ont décidé de s'y opposer si leurs préoccupations ne sont pas intégrées. La principale est la prise en compte du volet formation.





Le passage en force de Mabri





Pour les syndicats, les auto-écoles doivent bénéficier d'affectations budgétaires dans le cadre de la mise en ?uvre de cette réforme exigée par la Banque mondiale en 1998. En effet, accusent-ils, le volet formation qui fait partie intégrante des recommandations de l'institution financière multilatérale a été délibérément retiré par les autorités ivoiriennes. Une façon, dénoncent-ils, de les mettre à l'écart. Pire, ajoutent-ils, ces autorités ont insidieusement produit une liste restrictive d'établissements agréés dans le cadre d'une mesure d'assainissement du secteur. Ces listes ont été confectionnées de façon arbitraire. Il y a une collusion suspecte entre les dirigeants du ministère et certains propriétaires d'auto-écoles qui veulent avoir un monopole de fait, souligne le secrétaire général du syndicat autonome des auto-écoles, Kouakou Koffi. Selon lui, la réforme telle que conçue par le gouvernement va provoquer un renchérissement substantiel des coûts du permis de conduire avec notamment la mise en selle de Starten technologies. Cette entreprise a été choisie dans des conditions qui n'ont pas toujours été objectives selon ses concepteurs. Elle serait le fruit d' une manigance orchestrée par l'ancien ministre des Transports Anaky Kobénan qui, dit-on, avait contracté un deal avec le technicien. L'expertise de Starten technologies selon le syndicaliste va entraîner des charges annexes. Il parle de 270.000 à 300.000 Fcfa Fcfa pour le permis Bcde et 200.000 Fcfa pour le permis B. Ces augmentations sont dans l'ordre de 100%. Inacceptable dans un contexte de crise financière généralisée du fait des effets pervers du conflit politico-militaire, bondit Yaya Fofana président Adama Touré, président de la coordination nationale des gares routières. En effet, l'argumentaire des syndicats a fortement emballé une bonne partie des acteurs des transports terrestres qui ont pris le relais de la lutte contre la réforme. Cette réforme se fait contre les professionnels du transport. Notre secteur est l'un des plus gros pourvoyeurs d'emplois et si les coûts du permis s'envolent comme cela risque d'être le cas, je pense que ce sera une catastrophe, fait remarquer le président du collectif des chauffeurs routiers d'Anyama Ouattara Moussa. Selon lui, la réforme aura un impact désastreux sur les milieux socialement défavorisés. Comment des jeunes gens qui espèrent pouvoir s'insérer dans la vie active pourront-ils le faire si le document devient hors de portée. Nous sommes contre, tranche-t-il. Le Directeur général des Transports terrestres et de la Circulation, Désiré Echui, lui, parle de volonté de sécuriser le document administratif qui, dit-il, fait l'objet de toutes les attaques et autres falsifications.





échoue au pied des syndicats





A l'immeuble Sciam où il a organisé une conférence de presse, M. Echui a laissé entendre qu'il n'y a aucune raison objective de s'opposer à la réforme du permis de conduire. Mieux que ceux qui tentent d'y faire obstruction ne sont guidés que par la fraude. Blanchard Tiessé, secrétaire général du syndicat solidarité rejette ces insinuations et indique que s'il y a fraude, cela ne peut être imputable qu'aux organes publics en charge de la confection du permis. Autant dire que la réforme vise simplement à enrichir un groupe de personnes à la direction des transports terrestres et de la circulation. Le ministère des Transports qui espère faire plier les établissements de formation tente un passage en force. A l'issue d'une rencontre le 5 juin à son cabinet avec les structures sous tutelle, le nouveau ministre Albert Mabri Toikeusse est séduit par le projet. Il a décidé de marcher dans les pas de son devancier Innocent Anaky Kobénan. Pour matérialiser le contrôle de toutes les filières génératrices de revenues, il n'a pas pris beaucoup de temps pour exhumer le dossier litigieux. Il prend un arrêté faisant injonction aux auto-écoles à aller à Starten technologies pour les opérations de pré-enregistrement. Cette décision administrative est appuyée par un communiqué de la Dgttc qui somme les usagers des auto-écoles à faire le pré-enregistrement à Starten technologies, faute de quoi, ils ne seront pas admis à introduire leurs dossiers. Les syndicats conduits par Blanchard Tiessé et Kouakou Koffi refusent de se soumettre à cet arrêté, expliquant que le texte qui doit mettre Starten technologies en puissance, doit être préalablement transmis en Conseil des ministres pour validation par un décret. Les avocats des propriétaires d'auto-écoles ont à cet effet produit le projet de communication concocté par l'ancien ministre Anaky Kobénan qui, malheureusement, n'a pas eu le temps de présenter le texte à l'ensemble du gouvernement. Devant cette impasse, Starten technologies piaffe d'impatience. Elle multiplie les appels du pied pour demander la mise en route du projet. Nous sommes prêts. Tous nos équipements son opérationnels et nous n'attendons que le top départ du gouvernement, indique le directeur technique Pierre Alain Konan. Toutes les voies de lobbying sont utilisées par le président du conseil d'administration Amnon Rasin et le Directeur général Florian Klinger pour réveiller le gouvernement qu'ils jugent indolent. Et même des reportages télévisés téléguidés sont commandités pour appuyer le marketing.





Lanciné Bakayoko

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