mercredi 20 juin 2007 par Fraternité Matin

Le président du Conseil d'administration, M. Hyacinthe Adiko Niamkey, marque sa confiance en l'institution malgré les soubresauts de l'heure. Vous êtes accusé de faire et défaire les directeurs généraux à la tête de la Mutuelle. Deux se sont succédé depuis le départ de M. Yao Touré Albert en février.
A quel jeu jouez-vous donc?
Nous n'avons pas envie de faire et de défaire les Directeurs généraux. Nous traversons une crise qui, en fait, n'en est pas une. Toutefois, si crise il y a, quelle que soit l'importance d'un conflit, les solutions peuvent facilement être trouvées grâce au dialogue et à la concertation, à la seule condition qu'on aborde franchement les problèmes, dans un esprit de compréhension mutuelle et de respect de l'autre. De quoi s'agit-il ? Nous avons eu le malheur de perdre notre président (Bégnana Bogui, Ndlr). Il fallait organiser ses funérailles. Cela nous a pris du temps. Notre préoccupation, c'était de pouvoir l'enterrer avec les honneurs dus à son rang. Nous l'avons fait ; nous avons perdu trois mois (c'est assez long). Par la suite, il fallait le remplacer pour que la Mutuelle puisse fonctionner normalement. C'est une institution qui ne peut pas s'arrêter. Les gens tombent malades et ont besoin des services de la Mutuelle. Il fallait donc la faire fonctionner normalement. Vous êtes arrivé à la tête du Conseil d'administration à la surprise générale, deux ans environ après avoir pris votre retraite au secrétariat général de l'UGTCI. J'ai été proposé à la présidence du Conseil d'administration par le camarade Adé Mensah, secrétaire général de l'UGTCI (Union générale des travailleurs de Côte d'Ivoire, Ndlr) qui est membre du conseil. Auparavant, c'est moi qui proposais les camarades. J'ai accepté avec la détermination d'assumer pleinement mes responsabilités. Alors que je proposais des camarades par listes complètes qu'on acceptait sans discuter, je dois dire qu'on a demandé que je sois soumis à un vote avec bulletin secret. J'ai été élu avec une très forte majorité. Les membres du bureau (les vice-présidents) ont été élus de la même manière. En définitive, nous avons un peu chamboulé nos habitudes. La composition du bureau conçue par moi-même à l'époque prévoyait des postes réservés à chaque groupe et à chaque Centrale. Ainsi donc, les résultats du vote n'ont pas donné satisfaction à tout le monde. Et il y a eu un petit malaise au sein du Conseil d'administration. Mais, nous sommes des syndicalistes, nous savons nous entendre, nous savons nous comprendre. Et nous avons commencé à travailler en vue de parvenir à la prochaine assemblée généraleDont la tenue a été reportée au grand dam de certains mutualistes qui n'arrêtent pas de dénoncer ce qu'ils appellent des atermoiements calculés
On ne va pas en assemblée générale n'importe comment. Il faut d'abord la préparer. Le plus important incombe au directeur général. Or, entre-temps, le Conseil n'a pas accepté la reconduction du directeur général. Par vote au bulletin secret, la majorité a décidé de le remercier. Nous avons payé ses droits et il est parti. Il fallait trouver son remplaçant. Un de mes proches collaborateurs fut nommé par intérim. Pour faire mieux, nous avons demandé à un cabinet de faire un appel à candidature. En définitive, les résultats obtenus par le cabinet n'ont pas été acceptés par le Conseil d'administration. Nous avons donc pris nos responsabilités (puisque les textes nous y autorisent) en déléguant le 2è vice-président, M. Traoré Dohia, dans les fonctions de directeur général jusqu'à la prochaine assemblée générale. C'est depuis ce jour que la direction générale a commencé à travailler normalement. Par ailleurs, je ne veux pas mettre mon pied n'importe où. Ayant été le promoteur de cette Mutuelle, devenu président du Conseil d'administration, c'est un devoir pour moi de savoir exactement ce qui s'est passé avant moi, d'où je pars, ce que je dois faire pour améliorer le fonctionnement de la Mutuelle. J'ai donc demandé un audit dont nous attendons les résultats. Si l'on s'en tient aux textes, cette assemblée générale devait se tenir avant le 17 avril
Nous avons pris du retard pour les raisons que vous savez. Il y a deux mois que le directeur général est en place. Donnons-lui un peu de temps. Les camarades veulent que rapidement on aille en assemblée générale. C'est bien, mais donnons-nous le temps de bien faire. Et c'est pourquoi nous avons pris nos dispositions pour que l'assemblée générale puisse se tenir dans les meilleurs délais. Revenons donc à notre préoccupation première, vous avez nommé deux directeurs généraux en l'espace de deux mois. Pourquoi cette valse?
Quand on parle de crise, de faire et défaire les directeurs généraux, en réalité, c'est par respect pour nos statuts et règlement intérieur que nous en sommes là. Nos textes sont rigoureux et exigent que les choses se fassent comme nous l'avons conçu. Le temps perdu n'en était pas un. C'était exactement le temps nécessaire à l'organisation des funérailles de notre défunt président. Comment sortir de cette crise ? C'est par le dialogue seul, à condition que nous sachions exactement quelles sont les raisons de cette crise et que nous abordions les sujets dans la compréhension mutuelle, dans le respect de l'un et de l'autre. Le Conseil d'administration, dites-vous, n'a pas accepté de reconduire l'ancien directeur général. Peut-on savoir pourquoi, d'autant plus qu'il était crédité de très bons résultats?
Nous n'avons pas de raisons profondes. Mais il faut vous dire qu'en démocratie, on est obligé de respecter les résultats qu'on obtient. Nous avons demandé aux uns et aux autres, s'il fallait le conserver ou le libérer. La réponse a été de le libérer. C'est tout. Nous n'avons pas, nous, de raison quelconque de chasser quelqu'un. Il faut que vous sachiez que c'est moi qui ai proposé Yao Touré à ce poste. J'ai demandé au colonel Djama de me trouver quelqu'un parce que je ne voulais pas qu'un syndicaliste soit à ce poste. J'ai demandé que ce soit un militaire. Il m'a donné un militaire qui nous a servi pendant 8 ans. Ce n'est donc pas moi qui vais l'enlever. Il fallait que je pose la question aux uns et aux autres et que chacun donne son avis. C'est ce qui a occasionné son départ. L'audit que vous avez demandé ne jette-t-il pas une ombre sur son travail ?
J'ai demandé cet audit pour notre propre gouverne. Nous avons besoin de savoir exactement ce qui s'est passé. Dans l'audit, il y a des conseils, des observations et des règles qui sont respectées ou ne le sont pas. Seul l'audit peut vous dire exactement ce qu'il faut faire pour améliorer la situation. Or, nous avons besoin de l'améliorer. A la mise en place de cette structure d'entraide qu'est la Mugefci, le Président de la République (feu Félix Houphouet-Boigny, Ndlr) n'avait pas voulu que nous ayons un Conseil d'administration. Il était opposé à cela. Il a décidé en revanche de nous aider en nous donnant un bureau, du matériel, du personnel Nous nous sommes rendus compte cependant qu'il fallait absolument que nous prenions en main la destinée de notre Mutuelle. C'est ainsi que nous avons insisté. Il faut vous dire que la création de la Mutuelle n'est pas une affaire du Président de la République. C'est nous qui avons demandé qu'on crée cette Mutuelle. C'est depuis 1968 que nous l'avons demandé. En 1969 (le 1er mai), nous avons déposé une autre résolution et en 1970, une troisième. Et c'est à partir de ce moment-là que le Chef de l'Etat a pris l'affaire au sérieux et a demandé à son ministre d'étudier la faisabilité de la mise en place de cette Mutuelle. Donc, nous avons le droit, nous, de demander que les choses se passent selon notre volonté. Le gouvernement a géré la Mutuelle pendant 17 ans et, pendant ces 17 années, nous avons eu à faire pas mal de reproches. Nous avons fait beaucoup d'observations. En réalité, nous étions, nous, dans un comité consultatif et c'est le ministre qui gérait, en fait. Il nous consultait ou nous ignorait et il agissait. Mais c'était notre affaire et nous voulions que le gouvernement y participe. Une participation qui vous a assuré certainement le versement d'une quote-part
Le gouvernement nous a donné les locaux pendant un certain temps, et c'est tout. A la CNPS, il y a deux cotisations : il y a les cotisations des travailleurs du secteur privé et il y a la part patronale. A la Mutuelle, il n'y a pas de part patronale jusqu'à ce jour. Nous sommes les seuls responsables. Et c'est pourquoi nous devons faire notre autocritique. Nous voulons savoir exactement si nous marchons bien ou mal. L'audit nous dira exactement ce qu'il faudra faire à l'avenir. Vos textes, dites-vous, sont rigoureux. Mais vos adversaires aujourd'hui vous reprochent justement une certaine liberté vis-à-vis de ces textes. Plusieurs administrateurs sont frappés par la limite de mandat mais continuent d'exercer, entre autres reproches. On ne vient pas s'implanter au Conseil d'administration de la Mutuelle. On est proposé par un groupe. Bien qu'on dise que les mandats sont limités (et c'est une innovation récente), le groupe peut toujours vous confier un nouveau mandat. Moi, je suis là au nom de l'UGTCI. Si demain l'Union demande que je continue de la représenter, doit-on rejeter cette volonté ? Les textes prescrivent quelque chose, mais il y a une situation qui veut que chaque groupe désigne ses représentants. Il y a d'un côté la raison, de l'autre la rigueur Que faut-il choisir ?
Les articles 24 et 33 de vos statuts relatifs à la composition de l'assemblée générale et à la limitation des mandats sont brandis par vos adversaires contre vous. Qu'en est-il
exactement?
On est membre de la Mutuelle parce qu'on cotise. Mais si vous n'êtes pas membre d'un groupe, vous ne pouvez pas être de l'assemblée générale. Les textes définissent clairement le nombre de délégués par groupe. Vous direz peut-être que les textes sont ambigus (et ils le sont), mais nous voulons les respecter dans la mesure du possible. Ils sont ambigus parce qu'ils disent qu'au bout de deux mandats, vous devez partir, mais en même temps, qui désigne les délégués ? Qui donne mandat à X ou Y ? Ce sont les délégués. N'y a-t-il pas lieu de lever cette ambiguïté?
Mais si Tout est perfectible. Rien n'est parfait sur cette terre. Combien de fois n'a-t-on pas modifié les statuts et règlement intérieur des syndicats de base ? Je suis resté pendant plus de 30 ans à l'UGTCI. A tous les congrès, on modifie les statuts parce qu'on n'a jamais trouvé la perfection. On va travailler à lever cette ambiguïté dont vous parlez. On a même pris la décision de permettre des ouvertures parce qu'il y a tellement de syndicats qui se créent. Mais il faut que l'assemblée générale se mette au travail et modifie les textes conformément à la situation, parce que nous évoluons. Au niveau de la direction générale, il y a eu l'éphémère épisode Goze Tapé Achille qui a été ensuite recalé alors qu'il s'estimait outillé pour être confirmé dans ses tâches, parce que vous auriez instrumentalisé le cabinet de recrutement chargé de traiter les dossiers de l'appel à candidature. Nous avons choisi un cabinet à qui nous avons confié des responsabilités. Mais le Conseil n'a pas approuvé le travail qui avait été effectué par ce cabinet. A partir de ce moment, nous avons tout remis en cause et décidé de faire une promotion interne. Nous avons alors demandé à tous les cadres en service ici de présenter leurs candidatures pour assurer l'intérim. M. Goze s'est présenté dans le nouveau cadre de promotion interne. Son intérim ayant pris fin, nous lui avons demandé de passer service au nouveau directeur qui sera nommé. Il n'a pas voulu. A la date indiquée, il s'est fait porter malade. Vérification faite, il n'en était rien du tout. Par ailleurs, nous avons reçu des sommations de la Fesci nous enjoignant de le maintenir au risque de nous faire disparaître, ponctuées de menaces au téléphone. Qu'est-ce que la Fesci a à voir dans notre affaire ? Ses éléments sont même venus à notre siège pour nous agresser. Ils ont saccagé des choses, volé des ordinateurs et emporté une somme de cinq millions de francs. Nous avons fait des enquêtes C'est la Fesci elle-même qui, plus tard, nous a appelé pour dire qu'elle a été commanditée. A partir de ce moment-là, nous avons considéré que Goze a commis une faute grave et alors, nous l'avons licencié, purement et simplement. C'est ainsi que nous avons nommé un des nôtres, parce que nous avons le droit, conformément aux statuts, de lui confier cette responsabilité. Combien de syndicats sont membres de l'assemblée générale au regard des textes?
Il y en a 75 au total. Les syndicats qui se créent aujourd'hui peuvent-ils prétendre à cette qualité?
On peut créer un syndicat à trois comme à cent ou à mille. Comment agréer tous les syndicats qui poussent aussi facilement ? Il faut bien arrêter quelque chose. Pour être valable, avoir droit à un délégué, combien de membres doit compter le syndicat ? Ce sont des choses qui doivent être arrêtées par le règlement intérieur et par les statuts. Au départ, c'était l'UGTCI seule qui avait créé la Mutuelle. Donc, nous avions géré seuls pendant un certain temps. C'est après que la Fesaci, Dignité et tous les autres syndicats sont arrivés. Aujourd'hui, on se lève, on crée des syndicats, à trois, à quatre, et on veut être représenté A partir du moment où notre réglementation est assez figée sur cette situation, nous avons dit que seule l'assemblée générale pourra nous permettre d'arrêter les conditions dans lesquelles les syndicats peuvent avoir un poste quelconque à la Mutuelle. Et c'est cette assemblée générale que nous attendons. Si nous avons bien compris, ce sont donc 75 syndicats qui vont prendre part à cette prochaine assemblée générale ?
Oui Jusqu'à nouvel ordre.
Quel est l'état de santé de la Mugefci aujourd'hui?
Bien que je sois un promoteur et un grand responsable de la Mutuelle, je n'ai pas été à sa tête. J'ai préféré désigner des camarades et demeurer à l'arrière-plan. Aujourd'hui, je me trouve au-devant de la scène et je puis vous dire que la Mutuelle se porte bien. Nous avons commencé dans des conditions extrêmement difficiles. Les seuls problèmes que nous avons eus sont dus à l'irrégularité de recouvrement des cotisations retenues. Elles faisaient un détour parfois long au Trésor, or les pharmaciens réclament leurs dus à échéance. Nous sommes arrivés à une rentrée régulière de fonds depuis un certain temps. Les cotisations sont reversées assez régulièrement par le Trésor. Cela nous permet de payer aussi ce que nous devons.
Ce siège, nous l'avons fait construire nous-mêmes. Pendant les 17 ans de gestion des ministres, on avait fait un plan et une maquette. On devait nous construire un siège ; ça n'a jamais été fait. Dès que nous avons mis en place un conseil d'administration en 1990, notre premier souci a été d'acheter ce bâtiment qui abrite notre siège. Nous avons fait bien d'autres choses. Nous avons réhabilité et équipé le dispensaire des fonctionnaires une première fois. Tout le matériel a disparu. Une deuxième fois, nous l'avons réparé et équipé. Cette fois-ci, nous faisons de ce dispensaire un véritable hôpital moderne, équipé, avec tous les services. Dans cinq mois, vous verrez cet hôpital. Nous avons multiplié nos services et nos produits. Autrefois, c'était uniquement les médicaments Nous avons mis en place des comités sur toute l'étendue du territoire. Nous payons régulièrement les pharmaciens. Nous avons un conseil médical qui travaille de façon régulière. La Mutuelle aujourd'hui est solidement implantée, non seulement à Abidjan, mais sur toute l'étendue du territoire.
Depuis que l'Accord de Ouaga est intervenu, nous sommes sur pied. Les pharmaciens de la zone Nord ont reçu leurs agréments et les choses commencent à fonctionner. La Mutuelle rend de très grands services. On a pu s'en faire une idée, c'est lorsque le gouvernement s'est désengagé et qu'on devait nous remettre la Mutuelle. On nous l'a remise sans passation de service. Pendant six mois, les services de la Mutuelle étaient suspendus. C'est à ce moment-là qu'on s'est rendu compte que la Mutuelle a un rôle prépondérant à jouer auprès des fonctionnaires et agents de l'Etat. Je peux vous dire qu'aujourd'hui qu'elle rend de grands services et elle se porte bien. Puisqu'elle se porte bien, est-il nécessaire de procéder au relèvement du taux de cotisation décidé par l'assemblée générale il y a deux ans mais qui n'est toujours pas appliqué?
Oui, pourquoi pas ? Nous avons opté pour les 3% de cotisation depuis 1973. Il est vrai que les salaires des fonctionnaires sont bloqués, mais tout a augmenté. Les produits pharmaceutiques coûtent cher. Nous dépensons 600 millions de francs par mois pour les médicaments. Il y a un surplus à payer et c'est grâce à nos réserves que nous joignons les deux bouts. Si nous voulons vraiment faire ce qui doit être fait pour que tout le monde soit à l'aise et que la Mutuelle pense à autre chose, est-ce que nous n'avons pas besoin de faire comme les mutuelles de France, d'Egypte ou d'ailleurs ? Nous avons besoin aussi de construire des hôtels de repos pour les vieux fonctionnaires, d'organiser des voyages d'information et de repos pour ceux qui ont besoin de changer d'air Il y a tellement de choses à faire. Nous avons donc besoin d'argent car il en faut pour investir. Nous n'allons pas nous limiter aux soins médicaux seulement. Voilà pourquoi nous avons demandé 4% parce que jusqu'à présent, le gouvernement ne donne pas sa part. Or, il doit participer. A la CNPS, je le répète, le patronat paye double. Au niveau de la Mugefci, les promesses sont faites, mais ne sont pas tenues. Nous devons donc tout supporter et c'est pourquoi nous sommes obligés d'augmenter le niveau des cotisations. La décision a été prise depuis plus de deux ans. Pourquoi n'est-elle toujours pas appliquée?
C'est tout simplement parce qu'au départ, le gouvernement, pour nous aider, a pris un décret et a fait de la Mutuelle un service du ministère. Or la Mutuelle est un service privé et nous devrions pouvoir augmenter librement notre capital quand cela est nécessaire. C'est pourquoi il faut supprimer ce décret. Nous allons lutter pour cela. Pourquoi la part patronale tarde-t-elle à venir?
Vous savez, le gouvernement a tous les pouvoirs. Nous ne pouvons pas porter plainte contre lui Excusez-moi, je ne peux pas en dire plus, je respecte mon gouvernement. Avec les partenaires médicaux, il y a eu par le passé une réelle crise de confiance. Aujourd'hui, cela semble lointain. Comment avez-vous réussi l'alchimie?
C'était une crise d'incompréhension, d'égoïsme. Quand vous êtes en difficulté et que vous ne payez pas vos dettes, on doit savoir vous tolérer. Si on ne vous tolère pas, on vous supprime tout. C'est ce que j'appelle méchanceté. Nous avons créé cette mutuelle, non pas pour nous-mêmes, mais pour aider les moins nantis. Pendant des années, je n'ai personnellement pas profité des services de la mutuelle. Le gouvernement ne reversant pas régulièrement ce qui nous est dû, nous avions des problèmes de paiement des pharmaciens à échéance et certains d'entre eux (il faut les comprendre, ils vivent de crédits) ont arrêté tout simplement de servir les bons de mutuelle. Nos adhérents nous ont chahuté Et alors, nous avons pris des mesures qui ont consisté à dire que quand nous aurons les moyens, nous sélectionnerons les pharmaciens partenaires. C'est ainsi qu'à un certain moment, nous avons joué aux durs nous aussi. Tous les pharmaciens n'ont pas été agréés et aujourd'hui, il y en a qui nous font la cour. Autrefois, on nous fuyait, maintenant, on nous fait la cour. C'est ça la vie. Malgré la crise, comment se présente l'avenir pour la Mugefci, en terme de perspectives?
Pour ce qui est des perspectives, nous en avons parce que nous sommes sûrs que cette crise va prendre fin et que nous allons retrouver la croissance. Nous avons intérêt à sauvegarder cet instrument de solidarité qu'est la Mutuelle. Pour ceux qui ne le savent pas, l'idée de sa création est partie de mon séjour, en 1967, à Vancouver à une assemblée des délégués de la confédération mondiale de la formation enseignante. Seules la compréhension mutuelle, la tolérance, peuvent nous permettre de construire un hôtel et bien d'autres choses que nous avons en projet. Outre la réhabilitation du Service médical des fonctionnaires qui sera une clinique de soins ambulatoires de qualité fonctionnelle, nous allons travailler à la déconcentration des activités du Conseil médical relatives au traitement des dossiers d'entente préalable. Nous passons ainsi de 7 points de délivrance à 52, à savoir 23 à Abidjan et 29 dans les villes de l'intérieur du pays. Les technologies de l'information seront intégrées à notre arsenal de lutte contre la fraude avec la mise en place des cartes de bénéficiaires à puces, ainsi que dans les rapports avec le réseau de partenaires de soins à travers leur interconnexion informatique avec le siège de la Mugefci et la communication avec les mutualistes et le grand public avec la mise en place d'un serveur vocal intelligent. Les services de la Mugefci seront, en outre, redéployés dans les zones ex-assiégées.

Interview réalisée par
Elvis Kodjo

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