mercredi 20 juin 2007 par Le Front

Même s'ils ne perçoivent pas de gros cachets comme leurs collègues de l'Occident, les danseurs et danseuses qui accompagnent les chanteurs et musiciens ivoiriens ne mènent pas une vie aussi misérable. Incursion dans un milieu où tous les coups bas sont permis, pourvu que la fin justifie les moyens. Ils sont venus à la danse par amour pour certains et par la force des choses pour d'autres. D'autres encore pour subvenir à leurs besoins. Mais le mode de recrutement dépend du choix de chaque chanteur ou musicien. Mode de recrutement
La plupart des danseurs sont choisis à partir d'un casting. Sous l'expertise d'un chorégraphe, ils sont audités, les meilleurs sont retenus. Mais, il arrive que certains sont recrutés par connaissance. Mieux, par droit de cuissage. En ce qui concerne les danseurs ou danseuses de Joëlle C, tout est parti d'un casting supervisé par Abraham. Celui-ci un mois durant a mis à rude épreuve les différents candidats. Au dire de Joëlle C, ce mode de recrutement lui a permis d'avoir les meilleurs danseurs ou danseuses de la place. Elle en veut pour preuve, leurs prestations fort appréciées récemment à la salle du palais des congrès lors de la soirée des Ebony 2007 à l'hôtel Ivoire. Moi, je n'aime pas travailler comme un amateur. En dépit de mes moyens modestes, je soumets toujours mes danseurs ou danseuses à un casting. Cela me permet d'avoir de bons danseurs et de bonnes danseuses , a fait savoir Joëlle C. Cet avis est partagé par Aude, une danseuse d'Affo Love. Qui depuis sa tendre enfance brûlait d'envie d'accompagner, un jour sur scène, un chanteur. Pour dit-elle voyager et nouer des contacts avec des chanteurs étrangers. Tels que Koffi Olomidé, Papa Wemba .En 1997, elle participe à nombre de concours de danse dont Variétoscope pour se perfectionner davantage. Informée d'un casting, elle y prend part et est retenue pour accompagner Affo Love. Cette insertion n'a pas été du tout facile. En participant au casting, je me disais que je ne serais peut-être pas retenue. Vu le niveau du concours. Au début, c'était un peu difficile car je sentais un mal à l'une des parties de mon corps. Donc, je ne forçais pas. Quelque temps après, je me suis retrouvée et j'ai mérité ma place. Avec Affo Love, il faut être sûre d'avoir des qualités de bon danseur. Parce qu'elle-même est danseuse . De la rémunération
Contrairement aux danseurs et danseuses des années 80 qui percevaient mensuellement un salaire, ceux d'aujourd'hui sont rémunérés par spectacle. Au dire de certains chanteurs, ce procédé n'est pas mauvais. Car en plus des cachets, les danseurs ou danseuses sont régulièrement assistés par leurs patrons en cas de nécessité. Mlle Solange Djah, la responsable des danseurs de Gadji Celi, ne se plaint pas de cette procédure. Elle dit qu'il arrive à des chanteurs de se retrouver sans spectacle durant un ou deux mois. Même si nos patrons ne nous payent pas comme il se devait, nous ne nous plaignons pas. Car, il faut savoir qu'en dehors de nos cachets de spectacle, ils nous apportent leurs soutiens au moment opportun. Il y a de cela deux mois que je souffrais d'un mal interne. Ayant touché mon cachet de spectacle, je suis allée voir mon patron. Il s'est occupé des frais de mon hospitalisation et a payé tous les médicaments dont le montant est évalué à 80 000f. Ce qui est certain, tout évolue selon la valeur des spectacles. Quand les concerts se suivent, nous nous en sortons . Il est à noter que certains danseurs et danseuses n'ont pas voulu dévoiler leur cachet. Par contre, Florence Koffi a donné plus d'informations en ce qui la concerne. De DJ Kalpidji, elle danse avec DJ Boombastic. Sans oublier le Molar , le second artiste qu'elle a eu à accompagner. Elle a soutenu que 30% du cachet de Boombastic leur revient (elles sont 4 danseuses). Ce principe, l'artiste l'a toujours respecté, fait-elle savoir. Etant entendu que son artiste est très sollicité en ce moment, Mlle Koffi Florence peut facilement se retrouver avec 80 ou 100 000 Fcfa dans le mois. Le montant peut croître si elle part accompagner Boombastic à l'étranger. Depuis 2003, je me suis intéressée à la danse. Après Dj Kaloudji et le Moolar, je me retrouve aujourd'hui avec Dj Boombastic. Je me réjouis énormément de mon traitement, car je suis bien payée. C'est l'essentiel. Avec mon organisation, je m'en sors , a-t-elle confié.
De leurs conditions de vie. Au regard de ce qui précède, les danseurs et les danseuses mènent une vie assez modeste. Le cas de Djah Solange en est un exemple. Avec ses revenus de spectacle, elle réside dans un studio à Angré dans la commune de Cocody. Ce logis lui revient à quatre-vingt mille francs (80.000 F) par mois. Son organisation lui permet d'éviter les humiliations de son locataire. Tout est une question d'organisation. Quand vous êtes bien ordonné dans la vie, vous ne vous retrouvez jamais dans des situations confuses. Je n'aime pas les humiliations. C'est pourquoi, je me bats pour m'acquitter de mon loyer. Quand je suis serrée, je fais recours à mon patron. Sans savoir comment les danseurs et les danseurs vivent, je puis vous certifier qu'ils ne sont pas aussi misérables que ça . Kapiko Arabi, Effrakata et Arobase, tous danseurs de Dj Rodrigue vivent en ce moment à Yopougon, avec leur patron. Dans les jours à venir, ils partiront des lieux pour une maison de deux (02) pièces au Plateau Dokoui. Quant à Aude, elle réside avec ses parents à Angré. Vu certaines contraintes, elle a quitté ses parents pour habiter un studio à Aghien. Florence Koffi, très fidèle à la commune de Yopougon, s'apprêterait à changer d'air si l'occasion s'offrait à elle.
Dans cet univers, tout n'est pas rose. Des danseurs et danseuses qui ont requis l'anonymat parlent d'une vie de débauche. Ici tout passe, la drogue, la pédophilie, l'homosexualité. Outre cette vie de chien, les danseurs dénoncent la malhonnêteté des chanteurs et musiciens. Ceux-ci nous grugent par moments. Mais on fait avec. Le jour où l'on tombe sur un bon artiste, nous avons le sourire . En ce qui concerne les barbituriques, voici le témoignage d'une danseuse qui a voulu bien sûr garder l'anonymat : A mes débuts, j'étais beaucoup timide. Mes amis (es) m'ont conseillé de prendre d'abord un peu d'alcool. Et après, ils m'ont demandé de prendre des comprimés bleu-bleu pour vaincre ma timidité sur scène. Après un soupir, elle ajouta : Il y a des ingrats dans cet univers. C'est nous qui faisons les artistes et après ils nous laissent pour aller chercher des oiseaux rares quand ils ont un concert à l'Ivoire . Et une autre de renchérir. Quand on tombe malade, pas d'assistance. D'ailleurs, on nous accuse d'avoir le sida. Ce métier, on le fait parce que nous voulons quitter le pays pour voir d'autres cieux De la nécessité d'un syndicat. Par le passé, les danseurs et les danseuses avaient voulu fédérer leurs forces afin de mettre sur pied un syndicat. Qui dorénavant défendrait leurs intérêts. Cette ingénieuse idée a été remise en cause par la volonté manifeste des danseurs des troupes et compagnies. Ces derniers ont voulu s'approprier la chose. Cette atmosphère très tendue a contribué à la chute de la structure. Pour Florence Koffi et Aude, il n'est jamais trop tard pour mieux faire. Il leur appartient de prendre leur destin en main. Car, ils ont pas mal d'intérêts à défendre. Etant donné que l'union fait la force, la mise sur pied d'un syndicat leur permettrait d'améliorer leurs conditions de vie. Même si certains d'entre eux s'en sortent bien. C'est le lieu de les exhorter à s'unir, car il y va de l'intérêt de la corporation.

Une enquête réalisée par Auguste Gnaléhi et D.D

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