mardi 19 juin 2007 par Flashafrik

De lui, le général français Albert Baratier disait : Il n'est pas exagéré de dire que Samory s'est montré supérieur à tous les chefs noirs qui ont été nos adversaires sur le continent africain. Il est le seul à avoir fait preuve des qualités caractérisant un chef de peuple, un stratège et même un politique. Conducteur d'hommes, en tout cas il le fut, possédant l'audace, l'esprit de suite et de précision et, par-dessus tout, une ténacité irréductible, inaccessible au découragement?.

Samory Touré serait né en 1830 à Miniambaladougou dans l'actuel Guinée Conakry. Issu d'une famille de commerçants (dioula), Samory, très jeune, exerça cette activité d'échange trans-océan très lucrative qui incluait les échanges d'or, la traite d'esclaves ainsi que le commerce des armes. En 1850, au cours de l'un des nombreux voyages, Morioulé Cissé, l'un des nombreux chefs de guerre qui sévissaient dans la région, capture sa mère Massorona Kamara. Afin de libérer sa mère, Samory Touré s'engage au service des Cissé. La légende raconte qu'il y resta 7 ans, 7 mois et 7 jours avant de s'enfuir avec sa mère. Durant cette captivité, il se familiarise au métier des armes, et bon soldat, il se découvre une vocation de guerrier. A son retour chez lui , il s'engage dans l'armée des Bérété (ennemi des Cissé) mais il n'y passe que 2 ans avant de rejoindre son peuple, les Kamara qu'il jura de protéger contre les Cissé et les Bérété (au cours d'une cérémonie de prestation de serment en 1861) : il fut nommé Kélétigui c'est-à-dire chef de guerre. Les juteux profits générés par les échanges trans-océans permettent à Samory de se constituer un stock d'armes. Cette puissance financière lui permet de lever une armée de métier pilotée par des hommes de confiance (parents et amis d'enfance). Il commence la conquête qui mènera à la formation future de son empire le Wassoulou, dont la capitale sera Bissandougou, empire qui s'étendra (d'ouest en est) à son apogée de la Haute Guinée à la haute Volta (aujourd'hui Burkina Faso) en passant par le nord de la Côte d'Ivoire. La forêt tropicale au sud et le Sahara au Nord formaient les autres limites de son empire. Samory se montre un habile guerrier mais et surtout un fin diplomate et un habile stratège. Et si ses compagnons militaires sont sanguinaires, il a l'habilité de conserver les organisations des sociétés traditionnelles des peuples battus. Cependant, les populations animistes sont islamisées. Samory prend le titre de Almamy (commandeur des croyants). Le premier contact avec les troupes françaises se fera en 1880. Son prestige devient immense quand il défait à plusieurs reprises les troupes françaises. On se rappelle surtout la mémorable et épique bataille de Woyowayanko le 2 avril 1882, où il met en déroute les soldats français équipés d'artillerie lourde. Adepte de la guérilla et de la stratégie de la terre brûlée (qui consiste à tout raser sur son passage afin de freiner la progression de l'ennemi), Samory, doué d'une clairvoyance militaire tient en échec pendant plusieurs années les colons français. Malheureusement, la révolte des peuples animistes, les querelles familiales ajoutées à la chute des différents résistants notamment Babemba Traoré à Sikasso, contraignent Samory à céder du terrain en signant différents traités entre 1886 et 1889. Vulnérable, Samory qui commet l'erreur tactique d'étendre son empire jusqu'au nord de la Côte d'Ivoire, ne résiste pas assez longtemps aux assauts des troupes françaises. Et par un matin brumeux du 28 septembre 1898, alors qu'il négociait sa reddition, il est arrêté par le commandant Gouraud à Guélémou dans l'Ouest ivoirien. Il aurait été trahi par les siens. Déporté au Gabon, il meurt en captivité le 2 juin 1900 des suites d'une pneumonie. Figure légendaire de la résistance à la colonisation française, celui que les colons ont dépeint sous les traits d'un chef sanguinaire et sauvage deviendra aux heures de braise des indépendances des peuples d'Afrique noire, un héros.

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