mardi 19 juin 2007 par Nord-Sud

L'Eglise catholique rejette les accusations portées par l'ex-prêtre vaudou Armand Béhanzin contre l'abbé Norbert Abékan. Hier, le clergé a exprimé son soutien au curé de Notre dame de la tendresse.



Dans l'affaire Armand Béhanzin, l'Eglise catholique ne s'intéresse qu'au cas de l'abbé Norbert Abékan. L'abbé Augustin Obrou l'a affirmé hier au cours de la conférence de presse qu'il a animée sur le sujet à la cathédrale St Paul du Plateau. Le responsable de la communication de l'archevêché d'Abidjan a qualifié d'inconcevables les actes attribués au curé de la paroisse Notre dame de la tendresse de la Riviera golf. Celui-ci est accusé par Béhanzin Armand, ex-adepte du vaudou converti au christianisme, d'avoir sacrifié douze bébés dans l'enceinte de la paroisse Saint Jean de Cocody pour gagner la puissance de la guérison et devenir célèbre. Pourquoi l'Eglise catholique n'a-t-elle pas choisi de faire cette sortie de concert avec les autres confessions chrétiennes dont les responsables sont mis en cause dans la même affaire?




L'argumentaire du prêtre




L'abbé Augustin a répondu: Je sais comment les choses fonctionnent dans l'Eglise catholique. Je ne peux pas m'engager pour une autre religion. Je ne sais pas qui a fait quoi.

Le prêtre a égrené une série d'arguments pour démontrer les incohérences des déclarations de Béhanzin concernant Abékan. L'ex-prêtre vaudou dont le témoignage filmé a envahi le pays, affirme que l'abbé Abékan a enterré au sein de la paroisse Saint Jean, douze bébés, une pierre et des éléments venus d'Europe à une période où cette église dont il a été le curé ne comprenait pas de paillote. Il aurait plus tard passé six mois dans un couvent à Zongboji Awila au Bénin, pour acquérir le pouvoir de guérison par les plantes. Béhanzin affirme avoir rencontré l'abbé Abékan plus tard à Abidjan alors que ce dernier s'apprêtait à retourner au Bénin pour éliminer deux curés qui l'empêchaient de réaliser ses voeux. Ce qui aurait été fait, dit-il, à une période où Eric Norbert Abékan devait se rendre au Canada. L'abbé Augustin fait d'abord remarquer que l'accusateur n'indique aucune date pouvant permettre de situer ses affirmations dans le temps et dans l'espace. Il ajoute qu'un prêtre de l'Eglise catholique ne saurait quitter sa paroisse pendant six mois de suite sans l'autorisation de sa hiérarchie. Or, dit-il, dans le cas d'espèce, nous n'avons pas souvenance ni trace de cette absence prolongée dans l'administration de l'archevêché. Le père Abékan s'est rendu au Canada dans une période qui se situe entre 2001 et 2002. C'est donc dans cette période qu'il aurait tué les deux prêtres qui le gênaient.




Pas de plainte contre les accusateurs




Pourtant, révèle, père Augustin, notre annuaire nécrologique ne mentionne aucun décès de prêtre dans cette période. Par ailleurs, selon le porte-parole, les appatams évoqués par Béhanzin ont été réellement construits par le père Lucien Kima qui a dirigé la paroisse St Jean de 1983 à 1995. C'était donc, à l'en croire, avant l'arrivée de l'abbé Abékan qui fut curé de cette église de 1995 à 2001.

Au total, l'Eglise catholique de Côte d'Ivoire ne croit pas à ce qui est dit sur le compte de son prêtre. Elle affirme avoir jusque-là gardé le silence pour ne pas donner du volume à l'affaire. Finalement elle s'est résolue à parler parce que le sujet prend de l'ampleur. A ce niveau, l'abbé Augustin en veut aux média, et précisément à certains journaux qu'il n'a pas nommés, et qu'il accuse d'avoir véhiculé un message qui pouvait prêter à confusion et même jeter le discrédit sur des personnes honorables. L'Eglise mère, a-t-il dit, ne portera pas plainte contre Béhanzin Armand ou contre Soumah Yadi, président du mouvement des Intercesseurs pour la Côte d'Ivoire (Ipci). Rappelons que c'est cette structure qui a filmé le témoignage de repenti. Nous prions plutôt pour qu'ils changent de comportement, a soutenu le père Augustin. Pour lui, cet épisode est une autre manifestation de la déperdition de la société ivoirienne où il n'y plus de respect pour le sacré. Il invite le gouvernement à prendre ses responsabilités et appelle les chrétiens à ne pas se laisser ébranler par l'épreuve que traverse l'Eglise catholique de Côte d'Ivoire.




Cissé Sindou

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