samedi 16 juin 2007 par Le Nouveau Réveil

Ecrit par André Silver Konan, Grand Reporter à "Le Nouveau Réveil", "L'opposant historique" a moins d'une semaine sur le marché. Et déjà, il connaît un succès inédit. Mais au-delà, cet ouvrage a bien une histoire particulière selon l'auteur. Ainsi, Silver Konan révèle-t-il le contexte et les conditions dans lesquelles, son rêve s'est réalisé. Entretien. Vous venez d'enrichir l'effectif des journalistes-écrivains avec votre recueil de nouvelles "L'opposant historique". Pouvez-vous présenter l'?uvre ?
"L'opposant historique" est un recueil de trois nouvelles dont le titre éponyme est "L'opposant historique". Les deux autres nouvelles sont "Le soldat Declerc" et "Le sosie". C'est une ?uvre de 108 pages en format poche vendu à un prix jamais pratiqué sur le marché du livre en Côte d'Ivoire, à savoir 1500FCFA. C'est un prix que j'ai sciemment voulu pour faire de mon livre une ?uvre populaire. Pourquoi le titre "L'opposant historique" ?
"L'opposant historique" pour la bonne et simple raison que le personnage principal de cette nouvelle, c'est-à-dire le président Souroukou, était un opposant au "père de la nation". Après avoir été battu à plate couture lors d'une élection pendant laquelle il a d'ailleurs trahi ses camarades de l'opposition, il a été surnommé par la presse "L'opposant historique". J'aurais pu choisir d'intituler le livre, le "Président Souroukou", "Le soldat Declerc" ou "Le sosie". Mais, j'ai choisi "L'opposant historique". De quoi parle réellement cette ?uvre littéraire qui suscite tant d'engouement chez les lecteurs ?
C'est vrai que l'?uvre suscite beaucoup d'engouement. De quoi parle le recueil ? (Rires). J'invite le public à le découvrir dans l'?uvre. Ce que je peux dire, c'est que ceux qui ont lu l'?uvre m'ont dit que c'était absolument passionnant. Une Française qui l'a lue m'a envoyé un Sms pour me dire que le jour où elle l'a achetée quand elle s'est mise à lire, elle a annulé tous ses rendez-vous de la journée, tant elle ne voulait plus s'arrêter. Elle a précisé qu'elle n'avait pas pour habitude d'annuler ses rendez-vous. J'invite donc chacun à faire de "L'opposant historique", son livre de poche ou de chevet. Ce rêve qui marque vos premiers pas dans l'univers des écrivains, s'est-il réalisé aussi simplement que l'on pourrait le penser ?
Non. Absolument pas. "L'opposant historique" est né dans la douleur. Vous savez que c'est le jour où j'ai donné le titre du recueil dans des journaux que j'ai été convoqué en même temps que mon DG à la gendarmerie pour l'affaire des "100 "crimes" sous le régime FPI". Vous connaissez la suite. Je vous l'épargne. Mais par la suite, quand le montage du livre a été fait, sur mon ordinateur à la maison pendant des semaines par Tréta Zoumana, que la correction a été achevée par Dr. François Konan, et que le tirage des films pour lequel j'ai eu le soutien de la direction générale de mon journal a été fait, j'ai contacté des imprimeurs. Aussi incroyable que cela ait pu paraître, ces imprimeurs qui, pour certains avaient touché une avance (il montre des photocopies de reçus de facture normalisée, Ndlr), m'ont appelé un ou deux jours après pour me dire qu'ils ne pouvaient pas imprimer mon livre. J'avais compris qu'il se passait des choses. Le dernier imprimeur que j'ai rencontré m'a dit : "Ecoute, tu es un frère. Je voudrais vraiment t'aider d'autant plus qu'en plus de te connaître, j'aime ce que tu fais. Mais, vois-tu, mon imprimerie est ma seule affaire et je ne veux pas qu'on vienne me la casser". Il m'a demandé de le comprendre. Je lui ai dit que je le comprenais. Je suis un journaliste politique et je sais comment s'exerce la terreur d'Etat. Mais, j'ai surtout compris que des mains occultes exerçaient des pressions pour ne pas que mon livre soit imprimé. Bref. Mon livre a été imprimé au Mali, et les lecteurs le tiennent aujourd'hui dans leurs mains. Est-ce donc une carrière d'écrivain qui commence pour André Silver Konan ?
Absolument. Ceux qui me connaissent, savent que quand je dis, je fais, je fais. J'ai eu beaucoup de pression. C'était une véritable sorcellerie pour ne pas que ce livre, qui n'est qu'un recueil de nouvelles, sorte. Aujourd'hui, il est là. Je viens de réaliser un rêve d'enfant. Je ne vais pas n'arrêter. Il y aura une suite à "L'opposant historique" comme me le demandent, avec insistance, les lecteurs. Je compte me lancer aussi dans les biographies. Mais, je suis avant tout journaliste dans un grand journal, dirigé par un grand manager, en l'occurrence M. Denis Kah Zion que je remercie encore. Pourquoi avoir utilisé une photo des déchets toxiques ?
Je vais vous dire une chose. "Le Nouveau Réveil" est le journal qui a éventré le scandale des déchets toxiques à travers le premier article que j'ai écrit sur le sujet après avoir effectué une enquête avec la reporter photographe Olga Ottro, sur les lieux du crime au quai Petroci du Port d'Abidjan. La photo est celle, naturellement d'Olga Ottro, une des meilleures photographes de la presse ivoirienne. J'ai utilisé cette photo parce que les déchets toxiques, c'était un crime. Un crime organisé et rituel. Le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, en signant des décrets pour réhabiliter des personnes épinglées par une commission d'enquête, a posé un acte historique. Les gens ont fait venir les déchets toxiques en Côte d'Ivoire. Des gens en sont morts, des femmes ont avorté, des personnes souffrent de douleurs au c?ur, au poumon. Et puis y a rien ! Non, on ne peut pas nous faire oublier ce drame, jamais vécu en Côte d'Ivoire. Et ce crime doit être puni. Aujourd'hui, demain ou après-demain. Voilà le message que je voulais faire passer à la "une" de mon livre.
Interview réalisée par Dieusmonde Tadé

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