vendredi 15 juin 2007 par AFP

ABIDJAN - La Côte d`Ivoire estime que la multinationale Trafigura devrait payer jusqu`à 340 millions d`euros supplémentaires pour financer le reste de la dépollution d`Abidjan par ses déchets toxiques, indique vendredi un projet d`accord amiable dont l`AFP s`est procuré une copie.

Cette contribution s`ajouterait aux 152 millions d`euros versés par
Trafigura à l`Etat ivoirien en échange de l`abandon des poursuites dans cette
affaire, à la suite de l`accord bipartite conclu le 13 février.

A la suite de cet accord, deux dirigeants français de Trafigura,
emprisonnés depuis cinq moins par les autorités ivoiriennes à Abidjan, avaient
été libérés.

Trafigura, affréteur du cargo Probo Koala qui a amené les déchets toxiques
à Abidjan, s`était alors engagée auprès de l`Etat ivoirien à "prendre en
charge l`identification et la dépollution complémentaire des sites pouvant
encore contenir des déchets".

Ce coût supplémentaire pourrait être de l`ordre 222,44 milliards de FCFA
(340 M EUR), indique ce deuxième projet d`accord intitulé "Projet de
dépollution du district d`Abidjan suite au déversement des déchets du Probo
Koala".

Rédigé par les autorités ivoiriennes, ce texte a été transmis à Trafigura,
a-t-on appris de sources proches du dossier.

L`Etat ivoirien chiffre ainsi à 40,14 milliards de FCFA (61 M EUR) le "coût
estimatif" du programme d`audit et travaux, étalé "sur cinq ans".

Cependant, "si la pollution de la nappe phréatique" de la région d`Abidjan,
qualifiée de "risque important", était constatée, "le coût de gestion passera
à 222,44 milliards de FCFA" sur dix ans, ajoute le texte.

Ce plan de dépollution complète, "entièrement financé par Trafigura",
serait géré par la présidence ivoirienne et deux structures publiques, le
Bureau national d`Etudes techniques et de développement (BNEDT) et le dernier
du Centre ivoirien antipollution (Ciapol), note le projet d`accord.

Le déversement à l`air libre et dans une quinzaine de sites d`Abidjan, à la
fin août 2006, des quelque 500 tonnes de déchets pétroliers toxiques déchargés
du Probo Koala a provoqué la mort d`au moins quinze personnes et
l`intoxication de milliers d`autres, selon le gouvernement ivoirien.

Fin novembre, un rapport commandé par le Premier ministre de l`époque
Charles Konan Banny avait accablé les "dysfonctionnements" et "insuffisances"
de l`administration ivoirienne, dont le Ciapol, qui avait permis la pollution.

Confiés à la société française Trédi, les travaux de dépollution avaient
débuté à la mi-septembre.

Début mars, Trédi a annoncé avoir interrompu ces travaux faute d`une
d`autorisation administrative du gouvernement ivoirien pour démarrer leur
dernière phase, alors que "2.500 à 3.000 tonnes" restaient à collecter.

Vendredi, le porte-parole de Trédi, Henri Petitgand, a indiqué à l`AFP être
toujours "dans l`attente" de cette autorisation.

Les associations de victimes ivoiriennes réclament toujours d`être
indemnisées, en dénonçant régulièrement un "détournement" par l`Etat des 152
millions d`euros déjà versés par Trafigura.

Jeudi, quelque jours après de nouvelles manifestations, le président
ivoirien les a invités "au calme et à la sérénité", affirmant "sa volonté de
mener l`indemnisation avec "rigueur" et "transparence".

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