vendredi 15 juin 2007 par Le Patriote

Après plusieurs pas de la danse de la négation, il a fini par avoir le courage des cavaliers d'Aufenbach qui sortent des broussailles, une fois le combat terminé. A l'instar des curieux Efuléfu de le Monde s'éffondre , qui vendent la lame de leur épée, pour partir au champ de bataille, uniquement avec la gaine, Zemogo Fofana a attendu le voyage aux Etats-Unis du Président du parti républicain, pour quitter le RDR . Toute la symbolique de la trahison. Hier, après midi, au siège de la CAFCACI, siège de sa société de négoces de café- cacao, l'ancien membre fondateur a claqué la porte grandement ouverte du Rassemblement des Républicains. L'homme qui disait dans les colonnes de Le Patriote , qu'il serait le dernier à quitter le RDR et Alassane Ouattara , a été finalement le premier à partir. Sans surprise d'ailleurs, puisque depuis quelques temps, les militants et sympathisants de la formation dirigée par le Président Ouattara étaient déjà préparés à ce qui apparaît comme un non- évènement. Dans une brève déclaration devant la presse, qui n'a rien à voir avec celle qu'il n'a pas eu le courage de lire, Zemogo Fofana a justifié son départ par la rupture de confiance entre lui et la direction du RDR . Loin d'être un adjuvant pour sa cause, ce bout de phrase, bien assassine, constitue tout un programme, la confirmation d'un parcours atypique, toujours fait de louvoiements, de demi-vérités et de clair-obscur. Enfin., il est parti, dissipant tout le brouillard qui enveloppait son militantisme au sein du parti républicain. Ah, Zemogo, pourquoi toujours lui qui est accusé de trahison et de compromission ! L'ami de tous les Présidents et de tous les régimes ne pouvait espérer meilleur destin que celui d'instaurer un climat de méfiance entre lui et la direction dont il était un membre à part entière, pour devenir, par sa propre faute, un membre entièrement à part. Sous le régime du Président Henri Konan Bédié, alors qu'une chasse aux sorcières est organisée contre son ancien parti et ses dirigeants, Zemogo Fofana ne cache pas ses amitiés avec les victimaires de son parti.
Au plus fort de la campagne de négation de la nationalité ivoirienne du Secrétaire Général du RDR, feu Djéni Kobina, Zemogo, ramant à contre- courant de l'engagement des militants du parti centriste, a osé demander au fama de l'espèce démocratique , selon la belle expression du Pr Harris Memel Foteh, de se mettre en congé de son poste de Secrétaire Général, en attendant que la lumière se fasse sur ses origines. Zemogo venait donc de prendre langue avec les bourreaux du parti qu'il a aidé à mettre sur pied. Ebaubi et stupéfait devant une telle annonce, Djéni n'a pas hésité à s'écrier, comme Jules César l'a fait devant le parricide Brutus : Toi aussi, Zemogo ! En clair, par cet acte, il a participé à la grande mascarade contre le premier secrétaire général des Républicains. C'est pourquoi, il est vraiment cynique de s'identifier à un homme dont on a joué une partition dans la mort politique. Zemogo Fofana donne véritablement dans l'indécence à se présenter comme un héritier de cette personnalité pour qui, la dignité avait un nom .

Le nageur du petit bain

Vraiment heureux, qui comme Zemogo, voulant parler des autres, se surprend à mettre en avant un pan de sa propre personnalité. Dans sa déclaration d'hier, il a présenté la direction du RDR comme un groupe qui, à force d'apprendre à nager dans le petit bain, a beaucoup de mal à sauter dans le grand . La métaphore du nageur est si splendide, que Zemogo, depuis son petit bain n'est pas parvenu à cacher son jeu puéril aux dirigeants et aux militants du RDR. Tout le monde savait ses accointances prononcées avec le camp présidentiel. Pratiquement, tous les samedis, il se faisait recevoir chez Laurent Gbagbo. Les faits de collision ne manquent pas. En 2002, au déclenchement de la guerre, pendant que les militants et sympathisants du RDR étaient pourchassés et assassinés et que toute la direction avait pris le chemin de l'exil, Zemogo Fofana se promenait et paradait à Abidjan, dans la sérénité la plus totale. Comment comprendre ce fait, s'il n'est pas de la collaboration avec le régime d'Abidjan. De plus, ce n'est un secret pour personne que le 10 mai dernier, pendant que le Chef de l'Etat prenait ses congés à Yamoussoukro, il a reçu Zemogo et ses amis Diomandé Bourahima, Amidou Sylla et Patrice Guéhi. Le partant et ses complices ont pris leur quartier général à l'Hôtel Président, nourris et blanchis aux frais de la princesse, avant de revenir à Abidjan pleins aux as . Depuis cette date, c'était, selon des sources bien introduites, des réunions nocturnes au siège de l'entreprise CAFCACI . L'auteur de la compromission y est venu faire sa déclaration de départ du RDR. Tout un symbole. Du moins, le signe patent de la symbiose avec la refondation. Pour sûr, Zemogo n'est pas un homme de mission mais un homme en mission pour le compte du Palais. Si le Président Ouattara a tenu à le raisonner, c'était plus par conformité aux valeurs de rassemblement, de solidarité qui fondent le RDR. Davantage, pour cette raison que Le Patriote l'a tenu pour un épiphénomène, une distraction dont il ne fallait pas tenir compte. A juste titre d'ailleurs. En définitive, Zemogo est parti dans l'indifférence la plus totale. Le siège a continué ses activités normalement. La direction a pris acte de sa démission. Aucun séisme ne s'est opéré. Bien au contraire, les militants du RDR doivent se réjouir de cette donne. Un sous-marin qui décide de partir parce que son jeu grotesque a été découvert, est assurément un motif de soulagement. La grâce divine continue de visiter la formation politique créée aux forceps le 27 septembre 1994.


Bakary Nimaga

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