vendredi 15 juin 2007 par Le Patriote

Le secrétaire général du Syndicat national des agents des organes des secteurs publics et para-public de l'information (SYNINFO), Julien N'Guessan, soutient qu'il demeure à la barre. Il a expliqué dans cet entretien, que le congrès de la dissidence du SYNINFO, est illégal.

Le Patriote : Monsieur Julien N'Guessan, vous êtes le secrétaire général du SYNINFO, pouvez-vous nous dire exactement ce qui se passe au sein de cette formation syndicale ?
Julien N'Guessan : Ce qui se passe au sein du syndicat, c'est ni plus ni moins qu'une déstabilisation de ce syndicat par certaines personnes.. Cela a été mis en place depuis quelques temps. On est rentré dans un cycle de fragilisation, de démobilisation et de déstabilisation des syndicats les plus significatifs. Et cela, pour les réduire au silence, en créant à leur tête un certain bicéphalisme comme ce qu'on constate aujourd'hui sur le terrain syndical en Côte d'Ivoire. C'est dommage qu'on en arrive là ! Le congrès qui s'est tenu le mardi 12 juin 2007 a été organisé, tambours battant par un groupe d'individus se réclamant du SYNINFO.

L.P. : Selon vous, qui pourrait être derrière cette affaire ?
J.N. : Ceux qui sont tapis dans l'ombre et qui tirent les ficelles se connaissent. En tout cas, nous savons que c'est l'actuel DG de l'AIP, Deby Dally qui est le parrain statutaire de ce congrès. Il a été le secrétaire général du SYNINFO issu du congrès de 1996. Son mandat que je conduis a expiré en 2001. Et donc, depuis ce temps, ni lui ni le SG actuel ne peuvent se réclamer une légalité que ce soit. On aurait pu tenir un congrès en 2001. Cela n'a pas été le cas, pour des raisons tout à fait évidentes. Puisque les conditions n'étaient pas unies pour ce congrès. Tout le monde était d'accord qu'il fallait donc attendre que la situation le permette. Ensuite en 2002, la crise sociopolitique a déclenché. Avec toutes ses conséquences, il y avait la démobilisation un peu partout. Il fallait gérer la situation de nos camarades qui ont quitté les zones de guerre pour Abidjan. Donc toute cette situation faisait que les conditions n'étaient pas réunies pour organiser un congrès dans le temps.
Il fallait attendre que la situation se normalise. Mais entre temps, il y a eu des problèmes auxquels il fallait s'attaquer. Dans notre secteur, l'espace syndical a éclaté en 3 syndicats. Et il y a eu un esprit clanique, la division. Nous avons dit donc dans ce cas, il faut temporiser, pour aller en congrès dans un esprit apaisé. Sinon nous n'étions pas à ce congrès, dans la mesure où nous avons élaboré un programme pour aller aux assises. Voilà ce que je puis vous dire. Mais nous n'avons pas compris ce qui s'est passé.
M. Deby Dally qui était le secrétaire général est parti depuis 2002. Alors on ne comprend pas ce retour brutal. Ceux qui se font passer pour des dissidents ne le sont pas en fait. Puisqu'ils sont pour la plupart démissionnaires. Celui qui a été élu Amozam à la faveur de cette mascarade de congrès a démissionné depuis 2001. Il a pris ses distances et n'est plus membre du SYNINFO. Parce que quand vous êtes démissionnaire, nos textes sont très clairs. La qualité du membre du syndicat se perd de trois façons, par démission, par décès et par la perte de la qualité du travailleur du secteur. Alors par quel miracle a-t-il pu arriver avec les autres ? Il y a bien d'autres qui ont démissionné. Nous avons leur ordre de démission.
Je peux vous dire que ce qui se passe ne répond à aucun critère. Cela n'obéit pas aux dispositions statutaires de nos textes pour aller à un congrès. Et un congrès du SYNINFO n'est pas un moulin où tout le monde vient prendre part au vote. Ne participent au congrès que les militants connus répertoriés qui ont leurs cartes de membre. Nous avons fait le recensement. Et c'est que nous avons proposé à ces personnes qui ont décidé de prendre des raccourcis. Nous avons dit il faut faire le recensement, dans la mesure où l'espace syndical a éclaté. Donc le nombre de militants que revendiquait le SYNINFO il y a quelques années ne peut pas être la même chose aujourd'hui.
Ce recensement pour nous s'imposait. Mais ils ne veulent pas cela. Parce que justement ils savent où ils vont.

L.P. : Avez-vous fait ce recensement ?
J.N. : Si, nous l'avons fait.
L.P. : Vous revendiquez combien d'adhérents à ce jour ?
J.N. : Aujourd'hui, on avoisine 200 membres selon nos estimations. Et puis ce qu'on oublie, le SYNINFO n'est pas un syndicat maison. C'est un syndicat sectoriel qui incarne la RTI, le secteur public et parapublic.

L.P. : Qu'est ce que vous reprochez à ce congrès ?
J.N. : A notre sens, je le dis haut et fort, ce congrès n'est pas légal. Nous, à notre niveau, notre bureau a fait son conseil syndical les 2 et 3 mars derniers au centre des métiers et de l'électricité de Bingerville. Et a analysé tous les contours et problèmes qui se posent et a même donné quitus au bureau actuel. Puisque le bureau que je conduis a produit son bilan qui est largement positif. Lequel bilan a même été entériné par l'assemblée générale, que nous avons faite après. Nous avons tous les documents.

L.P. : Nous constatons de fait, un bicéphalisme au SYNINFO. Envisagez-vous organiser un autre congrès ?
J.N. : Ce que je puis vous dire, c'est que le bicéphalisme a été créé. Nous allons analyser la situation. On attendait de les voir aller jusqu'au bout de leur logique. Ils ont fait ce congrès, qui à nos yeux ne représente rien. Donc le bureau que je dirige va se réunir très bientôt et pour en tirer les conséquences. Voilà ce que je peux vous dire pour le moment..

L.P. : Il semble que vous êtes objet d'ostracisme.
J.N. : Oui, nous sommes objet d'ostracisme. Je le dis haut et fort. Qu'est ce qui se passe, depuis que cette crise a éclaté sur les antennes de la RTI, on entend qu'un seul son de cloche. Les fameux dissidents qui ont fait leur congrès. Déjà ils ont commencé en janvier quand ils ont fait cette sortie tonitruante, une sortie malheureuse d'ailleurs avec un certain comité de redressement. Pour redresser quoi au SYNINFO ? Nous avons été ahuris de voir tout ça. Mais par la suite, nous avons décidé de vous donner notre version des faits en organisant une assemblée générale dans l'enceinte même de la télévision. Nous avons fait une lettre de demande de couverture en bonne et due forme que nous avons adressée à la Direction générale. Qui a mis notre demande à la poubelle. Puisque nous n'avons reçu aucune suite favorable. Nous avons fait notre AG sans la télé, sans l'aide d'une caméra. Et quelques temps après, on ouvre encore l'antenne à cette frange de personnes qui se disent dissidents, avec à leur tête Deby Dally. Il est venu pour faire une assemblée à la maison de la télévision.
Pourquoi deux poids deux mesures ? Ça veut dire que les dirigeants actuels ont pris fait et cause pour cette dissidence. Le hic, c'est qu'on veut nous empêcher de poser les vrais problèmes. Le bureau que je dirige est signataire d'un protocole d'accord. Donc certains points n'ont pas encore été discutés.

L.P. : Lesquels ?
J.N. : Je vous citerais par exemple aujourd'hui, au moment où on signait ce protocole d'accord, on totalisait 18 mois d'arriérés de reliquats de salaires. Ça n'a jamais été payé. D'autres mois sont venus s'ajouter. Le total fait 25. Et ce protocole est appuyé par un acte notarié. Et opposable à n'importe quelle directeur qui s'installe à la tête de la RTI. Et c'est de cela qu'ils ont peur. Je pense que ce qui arrive, n'arrive pas uniquement au SYNINFO, il y a eu bien d'autres syndicats qui en ont fait les frais. Je pense qu'il appartient aux travailleurs d'ouvrir les yeux de se réveiller et de comprendre que ce qui est en train de faire, les appauvrit davantage.

Anzoumana Cissé

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