vendredi 15 juin 2007 par Fraternité Matin

Les langues se délient de plus en plus depuis le scandale du détournement de la somme de 1,4 milliard de francs au préjudice du Fonds de développement ivoiro-belge. Depuis plus d'un mois, la presse se fait l'écho du détournement à la BNI de plus de 1 milliard 400 millions de FCFA au préjudice du Fonds de développement ivoiro-belge. Des sons de cloche discordants sont cependant entendus sur cette affaire. Dans leur tentative de situer les responsabilités, certaines sources ne se privent pas d'enfoncer le président directeur général de la BNI, Nembélessini Silué Victor Jérôme, quand d'autres mettent à l'index le directeur général adjoint, Georges Armand Akobé. Des investigations menées, il ressort que le détournement intervenu à la BNI est le résultat des faiblesses organisationnelles constatées dans la banque. Du moins si l'on regarde de près les pratiques qui ont cours dans cette banque d'Etat. D'autant que l'audit interne, la direction des opérations et autres, sont censés sécuriser les poches de la banque. Et que, selon nos sources, les ordres de virement litigieux n'ont pas été exécutés systématiquement. Certains ont attendu plus de dix jours. Ainsi, la direction générale de la BNI n'est saisie d'un ordre de virement que pour les retraits excédant les 500 millions de francs. Ce qui revient à dire que les différents niveaux de la chaîne sont censés faire leur travail en toute conscience, en soumettant les ordres de virement aux différents contrôles en vigueur. Nous nous garderons de rappeler toutes les légèretés de premier ordre constatées dans le dossier du détournement de la somme d'un milliard quatre cent vingt-trois millions neuf cent vingt-trois mille francs (1.423.925.000 Frs), tirés du compte de la coopération ivoiro-belge. Il est par contre nécessaire et important de s'interroger sur l'intervention du Directeur général adjoint (DGA) à travers des avis favorables concernant deux ordres de virement sur les huit frauduleux. Notre enquête ressort qu'en temps normal, le DGA n'aurait même pas vu passer les ordres de virement concernés. Toutefois, expliquent nos sources, pendant la période concernée (novembre-décembre 2006), la BNI traversait d'énormes difficultés de trésorerie. Et dans un souci de restructuration financière, le DGA aurait donné comme instruction, que les ordres de virement d'un certain montant ne soient pas payés mais systématiquement reportés à janvier 2007. C'est donc face à ce blocage, selon nos sources, qu'une demande expresse a été faite au DGA par les services compétents, pour avoir son avis favorable pour deux ordres de virement de la coopération ivoiro-belge. Puisque, toujours selon nos sources, la BNI venait de gérer une difficulté avec l'Union européenne qui a vu un des ordres de virement non payé dans le temps compte tenu des difficultés de trésorerie. Le directeur général adjoint a alors signé de façon exceptionnelle ces deux ordres. Les sources, qui dénoncent des légèretés dans le fonctionnement de la BNI, indiquent que les occasions d'exception ne manquent pas au sein de la banque. Selon elles, si le directeur général adjoint a pu se tromper de bonne foi, puisque l'agent chargé d'authentifier les signatures sur les ordres de virement a approuvé l'authenticité des signatures de Mme Peiffer Muriel de la coopération ivoiro-belge et de M. Brika Séraphin, directeur de la dette publique, ce n'est pas le cas pour le président directeur général Nembélessini Silué. Qui, poursuivent les sources, a signé en 2006, un ordre de virement de plus d'un milliard au bénéfice du FDPCC, sans respecter la moindre procédure en vigueur. Au-delà des faiblesses organisationnelles dénoncées au sein de la BNI, c'est tout le réseau bancaire national qui est mis au banc des accusés. Sinon comment comprendre qu'à part la société CIVCI dont le compte existe depuis longtemps, l'attention des responsables des banques n'a pu être attirée sur le fait que les autres sociétés fictives qui ont vu leur compte crédité de plusieurs millions, ne les ont ouverts pour la plupart que deux à trois jours avant les virements litigieux. Mieux, aussitôt que ces comptes ont été crédités, ils ont été aussitôt vidés de leur contenu.
Dans un souci d'équilibre des informations, nous avons joint le DGA. Sa réponse a été sans appel. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous répondre sur ce dossier. L'affaire suit son cours. Ma qualité de banquier m'astreint à un droit de réserve. Je ne peux donc me répandre dans la presse. Référez-vous à la justice.Quant au PDG, toutes nos tentatives pour le joindre sont restées vaines. Trop de zones d'ombre existent dans le dossier du détournement de fonds à la BNI.

Marc Yevou

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