vendredi 15 juin 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Le président du Mouvement ivoirien des Consommateurs organisés et méthodiques (Micom) stigmatise à fleuret non moucheté l'incurie des dirigeants de la Cie et l'incapacité de cette entreprise à satisfaire convenablement les besoins de la population en fourniture d'électricité. Cela fait pratiquement deux mois que vous avez suspendu vos activités. A quoi ce silence est-il dû ?
Le Micom n'a jamais mis ses activités en veille. C'était une période où le Micom était au labo en train de chercher les voies et moyens pour lutter contre les entreprises qui sont habituées à certains comportements de dessous de table. C'est la nouvelle stratégie de lutte que le Micom préparait et il va ressortir avec une nouvelle maquette. Pendant tout ce temps, des rumeurs circulaient faisant état de ce que le grand groupe que vous attaquiez vous aurait acheté. Pouvez-vous infirmer ou confirmer ces allégations et que se passe t-il exactement entre vous et la Cie ?
La Cie ne trouble pas du tout mon sommeil, au contraire, c'est moi qui trouble le sommeil de ses dirigeants. Le moment est venu de donner raison au Président Gbagbo, pour dire que nous sommes fatigués de ces négriers et les négriers vivant en Cote d'Ivoire, c'est le groupe Sodeci-Cie. La Cie ne peut pas m'acheter. Elle achète plutôt les associations de consommateurs qui ne sont pas crédibles et qui n'ont pas de cadre institutionnel. Nous avons un cadre institutionnel et pendant que les gens sont assis sur leur argent, nous mettons notre savoir- faire à la disposition des populations défavorisées. Et tenez vous bien, de toute mon existence et depuis la création de ma structure jusqu' aujourd'hui, je n'ai rencontré M. Zady Kessi qu'une seule fois et par hasard, lors d'une rencontre du Micom avec tous les directeurs centraux de la Cie, à la demande du directeur de la communication, son jeune frère. En dehors de cela, je n'ai jamais rencontré Zady Kessi. Il m'arrive de le voir à la télé ou dans les journaux et ça s'arrête là. Je n'ai jamais eu de contacts personnels avec lui.
Voulez-vous dire que ces rumeurs ne sont pas fondées ?
Ce sont des rumeurs non fondées. Je n'ai jamais reçu un pécule de la Cie. Pourtant, certaines personnes vous accusent d'être un homme de Zady Eugène... nMes relations avec M. Zady Eugène n'ont rien à avoir avec un semblant de corruption, d'autant plus que je n'ai jamais manqué de lui dire ce que je pense de son groupe, de sa méthode de gestion et surtout de la communication. Le vrai problème de la Cie ce n'est pas Zady Eugène ni Zady Kessi, mais le vrai problème c'est le Dg, en la personne de M. Sampah, que je trouve dépassé. Parce qu'il y a des cadres aujourd'hui à la Cie qui sont plus compétents que lui, qui connaissent mieux la maison et qui peuvent mieux appréhender les souffrances des consommateurs d'électricité.
Que reprochez-vous exactement à M. Sampah dont le nom revient chaque fois dans vos récriminations ?
Vous savez, M. Sampah a montré ses limites dans la gestion d'une grande structure comme la Cie. Lorsque nous avons, approché la Cie par des écrits et après la rencontre à laquelle M. Zady Kessi a participé, M. Sampah s'est cru tout permis. Lorsque nous manifestons contre la Cie, il y a des directeurs qui sont assis dans leurs bureaux et qui donnent l'ordre à la police de mater les populations. Voilà pourquoi M. Sampah pense qu'il est fort. La dernière fois, la Cie s'est permis de réquisitionner la police pour aller mater les populations de Koumassi où il y a eu mort d'homme, dont je me suis fait l'écho. J'ai même tiré sur la sonnette d'alarme lorsque je suis allé rendre visite à ce blessé, il était agonisant parce que ses parents n'avaient pas les moyens de le transférer dans une clinique. C'est en ce moment que j'ai alerté tous les services et le médecin de garde est apparu. Suite donc à mon appel, le Pca de la Cie et certains de ses collaborateurs se sont rendus à l'hôpital et ils ont remis la modique somme de 100.000 Fcfa à la mère. Mais, le lendemain, l'enfant est décédé et la Cie a trouvé l'occasion d'organiser des funérailles grandioses pour cet enfant. Vous imputez directement ce meurtre à la Cie...
C'est un meurtre commandité par les responsables de la Cie, en l'occurrence le directeur régional, M. Gnandro. C'est lui qui a commandité ce meurtre et nous entendons le poursuivre. En tant qu'association de consommateurs, nous nous devons de réagir. Et pour cela, nous mettrons tous les moyens en ?uvre pour y arriver. Vous dites que la méthode de gestion de M. Sampah est dépassée, mais pendant ce temps, il vante les mérites de son entreprise qui n'a pas licencié ses employés et qui continue d'assurer la fourniture en électricité en Côte d'Ivoire. Que se passe-t-il réellement ?
M. Sampah n'est qu'un commerçant. Le commerçant vante toujours les mérites de ses produits, à défaut il n'y aura pas d'acheteurs. Il s'évertue à dire qu'il offre du courant à certains pays, mais pour le faire, il faut qu'il arrive à satisfaire la population ivoirienne d'abord. Nous sommes en plein délestage en Côte d'Ivoire et c'est ce que je constate. On coupe le courant quand on veut, sans prévenir et on s'en fout des dommages que cela peut causer aux consommateurs. Nous avons déjà interpellé l'Etat de Côte d'Ivoire en son temps, en la personne du Premier ministre Charles Konan Banny, qui a fait la sourde oreille. Nous avons eu un écho favorable auprès de son ministre délégué à l'économie et aux finances, Charles Diby, qui a bien voulu accorder une oreille attentive à nos revendications en nous faisant recevoir par son conseiller technique. Le ministre des mines et de l'énergie a bien voulu nous faire recevoir par son directeur de cabinet avec l'Anaré. Le directeur de cabinet a sommé l'Anaré de se mettre en contact avec nous pour trouver les solutions aux problèmes des consommateurs. Mais, neuf mois après cette réunion, l'Anaré n'a fait aucun effort. Son directeur juridique nous dit que nous allons tenir une réunion et il nous informe plus tard qu'elle est annulée. Ils se disent que nous n'avons aucun de moyen de pression sur eux. Nous avons interpellé l'Assemblée nationale, le président du Conseil économique et social. Ils ont tous reçu les courriers mais aucun n'a réagi et c'est déplorable. Comment peut-on vouloir gouverner des gens sans se soucier de leur bien-être ? On met cela sur le compte de la guerre pour s'enrichir plutôt que de s'occuper des problèmes des gens. J'ai lancé un appel aux différentes personnes dans les communes où je suis passé, en leur disant de demander à toute personne qui viendra battre campagne devant eux, si elle est prête à résoudre leurs problèmes. Il ne s'agit pas de s'enrichir sur le dos des populations et mettre de côté leurs préoccupations. Il faut que les élus ou les éventuels candidats se soucient plutôt du bien-être des populations, que de s'offrir des châteaux aux frais des contribuables. Pouvez-vous revenir sur les griefs que vous avez contre la Cie et quel est l'état des lieux depuis la rencontre que vous avez eue avec les directeurs centraux ?
La rencontre a eu lieu, le 28 mai 2006 et c'est ce jour-là que M. Zady Kessi est descendu pour intervenir. Je me réserve le droit de ne pas dévoiler les propos qu'il a tenus, parce qu'il a dit qu'il parlait en tant qu'aîné. Il n'est donc de mon devoir de dévoiler cela. Mais, j'ose espérer qu'un de ces jours, si jamais il revient sur ses propos, il aura une réponse appropriée. Mais, il n'est pas le problème de la Cie. Je ne l'ai jamais rencontré, il ne m'a jamais fait de propositions. Peut-être que je serai amené à le rencontrer, mais déjà je décrie ses méthodes, parce qu'il croit trop en ses collaborateurs. Il doit avoir des gens capables de faire des enquêtes pour ressortir les vrais problèmes des consommateurs et venir les transposer. Or, ce n'est pas le cas. Il se contente de croire ce que dit son directeur général, qui est un despote. Et nous disons que dans les jours à venir, le nouveau Premier ministre sera saisi par courrier, avec ampliation au Président de la République et au ministre des mines et de l'énergie. Si rien n'est fait pour interpeller la Cie sur les agissements de leur directeur général et leur méthode de négriers vis-à-vis du consommateur, nous prendrons nos responsabilités en tant que consommateurs.
Y a-t-il une amélioration dans les disfonctionnements que vous avez remarqués au niveau de la Cie?
Nous avons adressé un courrier à la Cie après notre rencontre avec les directeurs centraux, en date du 7 juin 2006, dans lequel nous avons parlé du cadre institutionnel. Nous avons été les premiers à dénoncer la hausse du prix du Kw/h et aujourd'hui c'est chose faite. Il y a le problème des redevances qui fait partie des réclamations des usagers, qui n'avance pas. Quand bien même les populations contestent, la Cie nous demande de payer d'abord. Aucun chiffre n'est donné par rapport à cela. Il y a aussi les coupures intempestives de courant et les baisses de tension qui causent beaucoup de désagréments aux consommateurs. La Cie va même jusqu'à obliger les nouveaux abonnés à s'acquitter des arriérés de consommation des anciens occupants.
Pouvez-vous être plus explicite?
C'est simple. Je prends une maison dans laquelle l'ancien abonné est parti sans payer sa facture. La Cie me demande donc de payer cette facture si je veux occuper la maison. C'est-à-dire que la Cie n'a pris aucune disposition permettant de poursuivre ses créanciers et on veut imputer cela au nouvel abonné. Ce n'est pas normal. Concernant les installations anarchiques, ce sont les agents de la Cie eux -mêmes qui sont à la base. Ils protègent les revendeurs qui font la loi dans les bas-quartiers. Mais, la Cie estime que c'est parce qu'il y a fraude sur ses installations qu'elle réagit ainsi. Qu'en est-il exactement ?
Dans quel Etat sommes-nous quand des responsables comme M. Gnandro, vont installer des compteurs sur des pilonnes ou sur des poteaux, sous prétexte qu'ils contrôlent les compteurs installés chez les abonnés? Nous en avons les preuves parce que nous sommes allés sur le terrain et c'est après notre passage qu'ils sont allés enlever ces compteurs et les populations de Koumassi peuvent témoigner. Nous suggérons que le Pca prenne ses responsabilités et limoge le Dg et le directeur régional Gnandro. Ce sont eux les vrais problèmes de la Cie. Ils sont imbus de leur personne et ont un déficit de communication. Ils sont hermétiques aux souffrances des consommateurs de l'électricité. Au cas échéant, que l'Etat de Côte d'Ivoire dénonce le contrat de la convention de concession, et cela, à la demande des consommateurs, bénéficiaires des prestations de la Cie, pour non satisfaction des besoins essentiels des consommateurs et autres manquements liés à ladite convention de concession. Nous demandons aussi la dissolution de l'Anaré, qui ne joue pas souvent son rôle de régulateur. Les employés de l'Anaré sont des fonctionnaires du ministère des mines et de l'énergie. Donc, ils seront redéployés. La subvention allouée à l'Anaré pourrait servir à créer de nouveaux emplois, en cette période de crise aigue que connaît la Côte d'Ivoire. Les sociétés comme Unilever, Socimat, Sca, Grands moulins et autres revendeurs de produits de consommation, veulent pousser les consommateurs à la révolte, en procédant à des augmentations anarchiques tendant à accentuer la pauvreté voire, rendre les économiquement faibles à la misère. Nous les prenons au mot en leur disant qu'ils seront responsables des désagréments que pourraient causer la réaction des consommateurs, face à cette inflation galopante des prix des produits de première nécessité. Au demeurant, nous constatons que c'est le mutisme total au sommet de l'Etat. Qui votera pour les éventuels candidats aux différentes élections, si les populations sont livrées aux industriels véreux et viennent à mourir de faim ? Nous lançons un vibrant appel au Président de la République et au Premier ministre issu des accords de Ouagadougou qui pour nous, portent l'espoir d'une sortie de crise pour la Côte d'Ivoire et pour le bien-être des consommateurs que nous sommes. Qu'ils interpellent les industriels sur les conséquences de leurs actes de défiance vis-à-vis des populations. Entout état de cause, le Micom entreprend bientôt une campagne de sensiblisation qui débutera à Ferké. Les grands axes de cette manifestation seront connus au cours d'une conférence de presse.
Entretien réalisé par
Valery Foungbè

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023