jeudi 14 juin 2007 par 24 Heures

Au sortir de la première réunion du Cadre Permanent de Concertation (CPC) de Yamoussoukro, l'opposition ivoirienne, dans son ensemble, peut pousser un ouf de soulagement. Et pour cause, facilitateur, semble-t-il, a réussi à déjouer les pièges de Gbagbo et donner des débuts de solutions ses inquiétudes.

Le moins qu'on puisse dire est que les présidents du RDR, Alassane Dramane Ouattara, et du PDCI, Henri Konan Bédié, avec la bonne compréhension du facilitateur, ont réussi quelque peu à déjouer les pièges de Gbagbo dans l'application de l'accord de Ouaga.
Le facilitateur Blaise Compaoré leur a donné raison sur bien nombre de problèmes posés.
Notamment la question du Haut Représentant pour les élections.
Le point IV (élections) du communiqué final de Yamoussoukro stipule que les membres du CPC ont chargé le facilitateur de saisir l'ONU aux fins de maintenir en l'état, le poste de Haut Représentant pour les élections .
Un revers cinglant pour le chef de l'Etat qui, le 18 avril dernier, avait adressé une correspondance au Sous-secrétaire général des Nations Unies, Hedi Annabi, pour demander le départ de Gérard Stoudmann.
Et surtout la suppression du poste de Haut Représentant pour les élections en Côte d'Ivoire.
Le Haut Représentant pour les élections, tel que configuré dans la Résolution 1721, se substitue aux autorités ivoiriennes en matière électorale.
Cette façon de concevoir les choses est évidemment inacceptable pour un pays tel que la Côte d'Ivoire dont les institutions ont toujours fonctionné, même dans les moments les plus critiques de la crise.
Je suis par conséquent du même avis que le facilitateur pour dire que l'ONU doit s'en tenir à un rôle d'observation et d'appui-conseil au processus électoral.
Ni l'arbitrage, ni la certification ne doivent être inclus dans les attributions de l'ONU.
Le rôle d'un Haut Représentant pour les élections en Côte d'Ivoire devient dès lors sans objet, et ce poste doit être supprimé , a-t-il écrit.
Les opposants, notamment MM.
Ouattara et Bédié, ayant senti les man?uvres de M.
Gbagbo visant à s'emparer de tout le processus électoral, ont donné de la voix.
Ils se sont déplacés jusqu'au Burkina Faso pour attirer l'attention du facilitateur sur le danger que fait courir le régime FPI au pays en voulant contrôler tout le processus électoral pour la réélection de Laurent Gbagbo.
Alassane Ouattara, en fin de semaine dernière, a dit ouvertement à Abou Moussa, Représentant spécial par intérim du Secrétaire général de l'ONU, qu'il est totalement opposé au départ de Gérard Stoudmann, Haut Représentant pour les élections.
Le président du RDR a insisté pour dire que la crise que vit le pays est le résultat de la mauvaise élection d'octobre 2000.
Et qu'il n'était plus question de récidiver.
Mardi, à Yamoussoukro, le chef de l'Etat a été mis en minorité.
Sa seule volonté n'aura donc aucune chance de prévaloir sur celle de la majorité.
D'ailleurs, lorsque ce sujet a été abordé à huis clos, le chef de l'Etat ivoirien a réaffirmé sa volonté de ne plus voir Gérard Stoudmann.
Le leader du RDR s'est donc étonné.
Il a rappelé qu'à Prétoria, tous les acteurs politiques ivoiriens présents y compris Gbagbo ont accepté l'idée d'un Haut Représentant pour les élections.
Sur le dossier de démantèlement des milices aussi, le N°1 ivoirien a été presque désavoué.
Puisque le folklore réalisé le 19 mai à Guiglo par M.
Gbagbo et son camp n'a pas été approuvé, il va être repris.
Ceci au grand dam de Bertin Kadet, conseiller militaire du palais qui a affirmé que l'opération de démantèlement des milices ne sera pas reprise .
Désormais, cette responsabilité incombe au Premier ministre seul qui doit poursuivre et achever rapidement le démantèlement des milices .
La stratégie de camouflage du camp présidentiel n'a, à ce niveau aussi, pas pu prospérer pour longtemps.
Concernant l'identification, la réunion a demandé au Premier ministre d'engager rapidement l'identification générale des populations en confirmant l'opérateur technique choisi .
Or, nos sources indiquent clairement que le ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro, fait des pieds et mains pour désigner un autre opérateur.
Autre que Sagem sélectionné sous l'ère Charles Konan Banny après un appel d'offres.
En gros, la première réunion du CPC a remis totalement en cause le plan du camp présidentiel qui, après l'accord de Ouaga, veut prendre tout le monde de vitesse.
Dans un premier temps, il a cherché à endormir le Premier ministre en lui permettant de présider des conseils de ministres sans objet important.
Pour éviter subtilement l'épineuse question de la délégation de pouvoirs au chef du gouvernement.
Ensuite, tenir à l'écart l'opposition dans le processus de préparation des élections

Presthone BROU


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