jeudi 14 juin 2007 par Reuters

DAKAR - Le président sénégalais Abdoulaye Wade a déclaré que le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad), organisme créé il y a six ans, gaspillait des centaines de millions de dollars sans rien accomplir pour le continent le plus pauvre du globe.

Lors d'une interview accordée mardi soir à la chaîne ouest-africaine Africable, il a estimé que le Nepad, qui est censé amener les dirigeants africains à renforcer la démocratie et la bonne gouvernance en échange d'investissements, d'échanges accrus et d'allègements de dettes, ne répondait pas à sa mission et se limitait à un cadre de conversation.

"J'ai décidé de ne plus perdre mon temps à des réunions où finalement on ne fait rien. C'est très agréable de nous retrouver entre nous, mais cela ne fait pas avancer les choses, a-t-il dit.

"Il y a des dépenses, hein, des centaines de millions de dollars qu'on dépense dans des voyages et des hôtels. Il n'y a pas une seule classe d'école réalisée. Il n'y a pas un seul dispensaire réalisé.

"Le Nepad n'a pas fait ce pour quoi il a été créé."

L'USAGE DE L'AIDE EN QUESTION

Les pays du Groupe des Huit (G8), réunis en sommet la semaine dernière en Allemagne, ont promis 60 milliards de dollars pour combattre le sida et d'autres maladies qui ravagent l'Afrique, mais des militants de l'action humanitaire mettent en doute l'efficacité de la gestion des fonds de développement par les gouvernements africains.

Wade assistait au sommet avec plusieurs dirigeants africains.

"L'argent est là, parce qu'un engagement d'un grand pays c'est presque de l'argent comptant (...) mais le problème, c'est le mise en oeuvre du Nepad", a souligné Wade.

Le Nepad a été lancé en grande fanfare en 2001 et le Sénégal en était l'un des membres fondateurs avec l'Afrique du Sud, le Nigeria, l'Egypte et l'Algérie. Il a pour principaux objectifs d'éradiquer la pauvreté, d'engager les pays africains sur la voie d'un développement durable et d'éviter une marginalisation de l'Afrique dans le contexte de la mondialisation.

Dans le cadre d'un Mécanisme africain d'évaluation des pairs (MAEP), les gouvernements acceptent de faire l'objet de contrôles de la part d'autres dirigeants du continent. Mais jusqu'ici, moins de la moitié des 53 membres de l'Union africaine ont souscrit au processus.

Wade, qui est lui-même l'un des dirigeants africains les plus enclins à se déplacer dans le monde, se voit souvent reprocher au Sénégal de consacrer trop de temps à la diplomatie internationale et trop peu aux problèmes intérieurs du pays.

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