jeudi 14 juin 2007 par Nord-Sud

Le Centre d'entomologie médicale et vétérinaire de Côte d'Ivoire lance aujourd'hui à la chambre de commerce et d'industrie (Cci) un projet intitulé Promotion de la moustiquaire imprégnée-Entreprise citoyenne. Le Pr Kadjo Alphonse, directeur du CEMV explique les objectifs du projet.

Le Centre d'entomologie médicale et vétérinaire (Cemv) de Côte d'Ivoire lance aujourd'hui le projet Promotion de la moustiquaire imprégnée-Entreprise citoyenne . Pourquoi un tel projet et quel objectif poursuivez-vous ?

Vous savez que le paludisme est la première maladie tueuse dans le monde et singulièrement en Afrique. Sur un million 700 à 2 millions 700 personnes qui meurent chaque année dans le monde, 90% sont issues du seul continent africain. Et parmi les moyens de lutte, nous avons le volet curatif et le volet préventif. Et pour ce dernier volet, c'est essentiellement le vecteur qui est l'anophèle femelle. Or parmi les méthodes, la moins coûteuse pour l'instant est l'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticides. L'idéal aurait été la maîtrise de notre environnement c'est-à-dire les grands travaux d'assainissement. L'Afrique est loin de cela.

Regardez Abidjan et vous comprendrez l'ampleur du dégât. La moustiquaire imprégnée qui a depuis longtemps été recommandée par l'Oms a du mal à être adoptée. On se rend compte que seulement entre 2 et 7% utilisent cette méthode. On s'est donc dit que quelque part il y avait problème. Et en réfléchissant, on s'est rendu compte que c'est certainement l'information, la communication qui n'est pas passée. Nous avons donc tissé des relations avec l'Association ivoirienne de bien-être familial et une société de communication. Cette dernière se chargera de mieux faire circuler le message, l'information. Nous diffuserons plus facilement les vertus de la moustiquaire imprégnée, et les populations les plus fragiles que sont les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans.





A part la sensibilisation, prévoyez-vous d'autres méthodes pour pouvoir atteindre le maximum de population ?

Le lancement n'est qu'une étape d'un grand projet. Vous savez que la lutte contre le paludisme fait partie des Objectifs du millénaire pour le développement. Nous espérons donc trouver une oreille attentive auprès des bailleurs de fonds. Nous comptons également impliquer toute la presse qui a un rôle important à jouer. Nous organiserons des caravanes pour aller dans les coins les plus reculés du pays. Avec l'Aibef qui a des représentants dans les coins reculés, nous espérons atteindre le maximum de population.





Au-delà de la sensibilisation le Cemv a-t-il pensé dans son projet à la mise en place d'une politique qui faciliterait l'accessibilité des populations aux moustiquaires imprégnées ?

Nous avons pensé à cela et c'est pourquoi nous voulons impliquer les entreprises. Nous voulons faire comprendre à ces entreprises qu'il serait mieux de distribuer des moustiquaires pour préserver les populations du paludisme au lieu de leur offrir des tee-shirts. Cela va leur permettre de se présenter comme des entreprises qui pensent au bien-être de leurs agents et de la population. Donc dans un premier temps, les agents et les populations ne payeront pas. Nous avons invité les organismes internationaux tels que l'Unicef, l'Oms, le Pnud, parce que nous pensons qu'elles nous aideront à avoir plus facilement ces moustiquaires. Notre objectif immédiat est de réussir à faire dormir au moins 60% des enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes sur moustiquaire imprégnée.





Malgré la grandeur des dons de ces organismes internationaux, la moustiquaire imprégnée reste un ??objet de luxe'' pour les populations. Votre projet prévoit-il une baisse des prix des moustiquaires imprégnées ?

Tout à fait. Dans la première partie du projet nous comptons parvenir à acquérir un grand nombre de moustiquaires, à avoir la confiance des entreprises qui nous vendent les moustiquaires. Parce que les moustiquaires en elles-mêmes dans les société de fabrication ne coûtent pas trop. Le gros problème c'est dans la distribution. Dans un second temps, nous avons donc négocié pour que ces entreprises implantent ici des succursales pour que les moustiquaires puissent nous revenir nettement moins.


C'est-à-dire combien environ?

Pour l'instant, les prix des nouvelles générations de moustiquaires varient entre 3.500 et 4.500 Fcfa. Il faut arriver à porter les prix de la moustiquaire entre 2.000 et 2.500Fcfa et continuer la lutte de façon à ce que les prix baissent encore considérablement.


Interview réalisée par Touré Yelly

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