jeudi 14 juin 2007 par Nord-Sud

On les appelle les frustrés du Rdr. Ils ont un projet politique : l'Adl ou le Cercle de réflexion et d'action. Qui sont-ils ? Que pèsent-ils ? Nord Sud Quotidien a enquêté.


La Direction et les militants du RDR attendent toujours le violent orage, dont des vents contraires secouent déjà, depuis quelques semaines, la case de la Rue Lepic. Les convulsions du parti d'Alassane Ouattara ne se sont pas estompées malgré le traitement de choc administré par le medécin en chef de la maison. Adama Bictogo, l'initiateur du Cercle de réflexion et d'action à l'intérieur du parti n'est toujours pas rentré dans les rangs. Après avoir été entendu par l'inspection du parti, l'instance de discipline, il a été interdit d'activité. Zémogo Fofana, le patron de L'Alliance pour la Démocratie et les libertés (Adlr), en dépit des rencontres et des missions de bons offices, continue sous cape ses activités au compte de l'Adlr. Des contacts sont établis avec des hommes politiques extérieurs au parti. Ses hommes continuent de rabattre les troupes frustrées de la rue Lepic. Des décisions se prennent

Le maire Rdr de Boundiali a convoqué récemment l'ensemble de ses collaborateurs du secrétariat général adjoint chargé des relations extérieures, à une réunion à ses bureaux privés aux Deux-Plateaux. Au cours de cette rencontre, Zemogo Fofana a informé l'ensemble de ses collaborateurs de sa décision de mettre fin à ses activités en tant que Secrétaire Général- adjoint du Rdr chargé des relations extérieures. Selon une autre source qui a participé à la réunion, M. Fofana a simplement déclaré qu'il suspendait ses activités à la tête de ce secrétariat. Il a informé ses collaborateurs qu'il ne participerait plus à aucune activité jusqu'à ce que ses discussions avec Alassane Ouattara prennent fin.

Les admonestations fusent contre le parti d'ADO sans qu'on sache les réelles motivations des dissidents. Les semonces contre le Rdr n'expriment guère une ligne politique claire. Quelles sont les motivations de ces dissidents ? Quel est leur poids politique ? Quelles sont les méthodes d'action ? Quel est le projet dont ils sont porteurs ?

D'Adama Bictogo à Zémogo Fofana, personne ne rassure quant à ses capacités de porter loin un projet politique avec une machine et des ouvriers pour l'animer. Un passage en revue des têtes de pont permettra sans doute de cerner les fondements étiologiques de cette crise de croissance au Rdr.




Revue des troupes




Adama Bictogo. Les griefs d'Adama Bictogo contre la direction sont de deux natures : idéologique et personnel. Le secrétaire national chargé des relations avec les partis politiques reproche à sa formation l'immobilisme, le manque de stratégie et d'anticipation. Si certains cadres et responsables partagent avec lui quelques critiques, ils ne comprennent pas qu'il ait choisi de faire une révolution de palais là où il avait toute la latitude de faire entendre sa voix au sein des instances dirigeantes comme le Bureau politique et le secrétariat général. Selon ses proches, Bictogo estime n'avoir pas été récompensé à sa juste mesure malgré son militantisme et le poids qu'il représente au sein de la direction et au niveau des militants. Même si Adama Bictogo n'a pas de poste électif, il est l'un des rares responsables à mettre la main à la poche pour financer le parti. Attendait-il que ce mérite tout financier et cette débauche d'énergie pour les meetings enflammés soient récompensés par un poste ministériel ? En tout cas, le carré proche d'Ado le pense et lui reproche d'avoir trop flirté avec Charles Konan Banny à la primature en sa qualité de conseiller spécial.


Zémogo Fofana. Membre fondateur du Rdr, L'ancien député de Boundiali, tête de liste de son parti (victorieux) aux élections des conseils généraux de 2002, a un poids électif important dans sa localité. Son mariage avec la s?ur d'Amadou Gon coulibaly avait renforcé son influence dans le parti même si les deux hommes se tournent le dos aujourd'hui. Zémogo s'estime déçu par l'entourage du président Alassane Ouattara qui aurait man?uvré pour l'écarter de la réalité du pouvoir dans la petite case.

A la création du Rdr, confie-t-il à ses proches, il avait été pressenti pour présider le secrétariat général-adjoint. Il n'aura jamais eu ce poste. Le parti a préféré Adama Coulibaly Nibi Zana. Après la mort de Djéni Kobena, il n'a jamais digéré le fait que le secrétariat général revienne à Henriette Dagri Diabaté et le poste adjoint à Amadou Gon Coulibaly. Au sein de son parti ainsi qu'au gouvernement, il a toujours pensé avoir les qualités intrinsèques, la maturité politique pour présider aux destinées du Rdr ou d'en être le porte-étendard dans l'instance gouvernementale. Il n'a pas eu cet honneur ou cette reconnaissance pour être calife à la place du calife.

Nommé ministre de l'Enseignement supérieur, Zémogo Fofana a acquis davantage d'étoffe au sein de son parti. Il remonte aujourd'hui les bretelles à la direction pour l'avoir dégagé de son poste lors de la formation du gouvernement de réconciliation nationale, qui a vu l'arrivée à la tête de ce département de Cissé Ibrahim Bacongo. Pour lui, c'était une conspiration du premier cercle d'Alassane Ouattara qui, non seulement lui cherchait noise, mais aurait refusé de le soutenir quand le chef de l'Etat lui avait demandé d'assurer l'intérim du ministère de la sécurité après Marcoussis et les accords d'Accra en 2002. Il reproche au

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023