Le président du Mouvement des forces d'avenir, Innocent Anaky Kobena, a animé une conférence de presse, hier, au siège du parti. Le président du MFA a profité de cette conférence de presse pour aborder le sujet d'actualité : la première réunion du Cadre permanent de concertation, issu de l'Accord de paix de Ouaga, qui s'est tenue le mardi à Yamoussoukro : c'était nécessaire pour apaiser les esprits. Le plus important, c'est d'avoir maintenu le Haut représentant pour les élections Il faut que les élections se fassent dans la liberté et la quiétude . Pour lui, qu'importe la date des élections. Reste son souci quant à la candidature unique au niveau du RHDP : il n'a pas varié d'un iota. C'est un principe qui fait l'unanimité au sein du RHDP. Tous les états-major l'ont adopté. Question de temps ?sans doute.
Le temps d'un bilan, aussi. Après dix jours d'une vaste campagne dans le Zanzan, où il a sillonné plusieurs hameaux, parcouru plus de 2 mille kilomètres, prononcé plus de vingt discours, le président du Mouvement des forces d'avenir a fait le point de sa tournée. Le constat, selon lui, est catastrophique, à plusieurs niveaux, concernant la situation de la région. Voies d'accès en piteux état ; région enclavée, sinistrée du point de vue de son développement économique ; infrastructures sanitaires déplorables, avec le plus bas taux d'alphabétisation du pays, etc. Pour le président du MFA, le Zanzan est un cas dans le cas général du pays en crise. Il faut un plan Marshall pour cette région. Car, même des régions des pays voisins comme le Ghana, le Burkina Faso, sont relativement plus développées que celle du Zanzan. C'est un scandale !. Justifiant les raisons de cette tournée, dans cette région qui se sent isolée et qui commence à développer des sentiments de frustration, il ajoutera : le Zanzan a besoin qu'on lui manifeste de l'intérêt, de la considération. A Bouna, dans son discours de bienvenue, le représentant des populations nous a dit que c'est la première fois, depuis au moins le début de la crise, qu'un leader politique y arrive pour les saluer, et s'enquérir de leur situation. Il fallait donc aller vers elles pour leur dire que la Côte d'Ivoire ne les a pas oubliées, que la Côte d'Ivoire n'a pas le droit de les oublier. Il n'empêche, qu'il entend tirer des dividendes de cette visite : le MFA est parti pour être incontournable dans le Zanzan. Il y a un travail à faire, le travail sur le terrain. Pour porter le message du parti aux populations, afin qu'elles y adhèrent. Un message, à en croire M. Anaky, qui se résume ainsi: La vérité vraie sur la situation du pays . Catastrophique !, pour lui. En ce sens, cette tournée a été aussi un test. Le message est-il passé ? A-t-il été compris? Une autre histoire. Comme celle de l'incident entre militants du MFA et l'aile dissidente conduite par Stéphane Kipré de For-MFA. Qui a perturbé le séjour. C'était de la pure provocation. Il s'en explique: dès que le principe du programme de la tournée du MFA a été arrêté, nous avons été étonné de voir à la télévision des bandes annonces du for-MFA qui calquait pratiquement ses tournées sur les nôtres Notre délégation arrive à Bondoukou, à l'hôtel Maraba, qui est le principal hôtel de Bondoukou. On apprend qu'ils (les militants de For-MFA) ont réservé toutes les chambres. Nous allons à 15 km de Bondoukou, où nous sommes reçus par les populations. Pour éviter quelque incident que ce soit. Parce que pour moi, un incident, quel qu'il soit avec le For-Mfa, c'est lui donner une publicité démesurée par rapport à ce qu'il peut représenter réellement. Le lendemain, au moment où nous devons saluer les populations, le For-MFA fait venir, dans le village, un car pour venir ramasser les jeunes du village, non pour aller à une manifestation, mais pour les distraire, rien que pour faire le vide autour de nous. De manière légitime, les jeunes du MFA et ceux du village ont réagi et ont estimé que trop, c'est trop On a du intervenir et faire intervenir les notables pour que cela ne dégénère pas. C'était, à mon avis, une provocation inutilepour annuler notre manifestation. Nous l'avons bien compris et nous ne sommes pas tombés dans cette provocation. Notre manifestation a eu lieu normalement . Quant à l'utilisation du logo du parti par le For-MFA, le président Anaky a eu ces mots : le président de For-MFA, Stéphane Kipré, est suspendu de toute activité au niveau du MFA et il lui est fait interdiction de se servir et du nom du parti et du logo du parti. Il semble que l'intéressé en fasse fi dans ses déclarations provocatrices et tonitruantes . Pour M. Anaky, cela n'est pas surprenant. On assiste, selon lui, à la volonté de la refondation et du fameux CNRD de semer la zizanie et la déstabilisation dans tous les partis de l'opposition, pour commencer à les affaiblir, en attendant que nous arrivions aux élections . En témoigne, au niveau de l'opposition politique, la fronde, où soufflent des vents de dissidence. Le MFA ne pouvait donc pas y échapper , dit-il.
A ceux qu'il appelle les ennemis de l'intérieur, comme l'ex-ministre Joël N'guessan, le chef du parti est catégorique: il n'est plus vice-président du MFA de par les déclarations qu'il a eu à faire Il a eu aussi à dénoncer le G7, qui est, d'après lui, un accord de dupes. C'est choquant. Car (cette) personne a été, pendant presque deux ans, le porte-parole du MFA au sein du G7 et du RHDP . Pour lui, Joël N'Guessan et Kipré Stéphane, c'est du pareil au même: il est l'oncle direct de Kipré Stéphane . Ceci expliquerait donc cela. Que faire donc, face à ces départs ou débauchages, vrais ou faux des cadres de l'opposition ? Sa réponse est radicale : ça ne sert à rien de les retenir. Il faut laisser partir ceux qui veulent partir. Ils comprendront les limites de leurs attitudes. Demain (si le pouvoir venait à changer), ils seront carbonisés . Aussi rêve-t-il d'un grand parti d'opposition. Qu'importe encore celui qui sera choisi. Même s'il estime qu'il a un avantage simple : il est vierge politiquement. Il a fixé sa prochaine tournée dans le nord, d'ici un mois. Le MFA veut prendre son avenir en mains.
Michel Koffi
Guédé Guina (RDR) : Il n'a jamais été question de candidature unique?. Le Pr Guédé Guina, secrétaire général adjoint chargé de la sécurité du RDR, a révélé que lors de la création du RHDP, le 18 mai 2005 à Paris, il n'a jamais été question de candidature unique. C'était le samedi 9 juin, à l'occasion de la double cérémonie d'investiture des secrétaires départementaux de Lakota et Divo dans les salles de cinéma Rio et Yacouba Sylla des deux localités. Ce sont MM. Berthé Onagna et Amadou Diallo, respectivement secrétaires départementaux élus de Lakota et Divo, qui ont été investis après leur prestation de serment et après avoir reçu leur feuille de route des mains du Pr Guédé Guina. Celui-ci a fait savoir que, d'après les estimations de l'institut national de la statistique, le RHDP a entre 62 et 65% de l'électorat. Et pour cela, il doit travailler s'il veut gagner toutes les élections. S'agissant de l'Accord de Ouaga, il a indiqué que s'il peut ramener la paix, des élections ouvertes à tous transparentes, son parti est d'accord. Le Pr Guédé Guina a invité les militants à aider leurs secrétaires départementaux pour que leur mentor gagne la présidentielle. M. Berthé Onagna de Lakota a déclaré que le RDR a gagné le c?ur du peuple Dida. Parce que c'est le parti qui peut faire le bonheur du peuple ivoirien avec Alassane D. Ouattara au pouvoir. Quant à Amadou Diallo de Divo, il a fait savoir aux militants que c'est avec leur soutien qu'il réussira sa mission de secrétaire départemental. Pour le porte-parole des cadres du RDR, M. Kouyaté Abdoulaye, président national du Rassemblement des enseignants républicains (RER), bientôt Ado sera président. Et que cette victoire conditionne la survie politique des cadres à Lakota.
Quant au représentant du RHDP, M. Okobé du PDCI-RDA, si le RDR est fort, le RHDP le sera. Et c'est ensemble, soutient-il, qu'ils gagneront toutes les élections. M. Doukouré Mamadou, conseiller de la secrétaire général du RDR, a, pour sa part, souligné que seul Ado peut apporter la paix et le bonheur à la Côte d'Ivoire.
Soumaïla Bakayoko
Correspondant régional