jeudi 14 juin 2007 par Le Nouveau Réveil

L'euphorie est en passe de faire place au doute. Au lendemain de la toute 1ère réunion d'évaluation du CPC sur l'état d'avancement de l'accord de Ouagadougou, "la presse bleue" fait plutôt grise mine. Les partisans de Laurent Gbagbo ne sont pas satisfaits des conclusions de cette rencontre et vont jusqu'à soutenir qu'il y a de fortes chances que le navire Ivoire n'arrive plus à bon port, c'est-à-dire à la gare de la paix. Mais pourquoi donc ?
C'est qu'au FPI, la décision du CPC de maintenir le poste et les missions du Haut représentant des Nations Unies pour les élections est perçue d'un très mauvais ?il. Pour les refondateurs, il ne s'agit ni plus ni moins que d'un viol de l'accord de Ouaga qui risque de tuer ce deal politique né de la volonté des ex-belligérants. Mais en quoi est-ce que la présence d'une telle structure, chargée justement au nom des Nations Unies de crédibiliser les futures élections et de délivrer le quitus de la communauté internationale auxdites élections en Côte d'Ivoire, peut-elle gêner, déranger et être contestée par des gens qui déclarent avoir signé un accord pour aller vers des élections libres, ouvertes à tous et transparentes ? Cette réaction épidermique, cette allergie au HRE ne trahit-elle pas finalement une intention inavouée et cachée derrière l'accord de Ouaga que l'on remue au FPI comme la trouvaille du siècle ? Un passeport pour gagner les élections ? En vérité, il n'y a que ceux qui veulent tricher qui ont peur du regard de l'extérieur. L'objectif de la communauté internationale n'est que d'accompagner et d'encadrer la Côte d'Ivoire vers des élections propres qui vont constituer pour le futur président élu un ciment de légitimité populaire et démocratique. Dans les rangs du FPI, on regrette que Gbagbo ait laissé une autre belle occasion de dire non, non et non aux mains et aux regards de l'étranger dans "notre affaire". C'est toujours la même rengaine après les grands sommets. Les inconditionnels de Laurent Gbagbo ne sont jamais satisfaits des "gibiers" qu'il rapporte après la chasse. Ils voudraient faire comprendre que leur idole politique n'est en réalité qu'un piètre négociateur qu'il ne se prendrait pas autrement. Car toujours face à Bédié et à Ouattara, Gbagbo perd des plumes. Et à Yamoussoukro avant-hier, il semble qu'il en a effectivement perdu. Le communiqué final officiel a essayé d'arrondir les angles, contrairement au compte rendu du Premier ministre Guillaume Soro juste à la fin de la rencontre.
Dans son intervention, le chef du gouvernement a dit plus clairement les choses. Ainsi que le chapitre du démantèlement des milices. Gbagbo a été renvoyé à sa copie, le simulacre de démantèlement à l'Ouest a été dénoncé et rejeté. Le dossier a été donc retiré au chef de l'Etat pour être confié au premier ministre qui a été mandaté par le CPC à "mettre en ?uvre de façon concrète et vérifiable le processus de démantèlement des milices. L'identification va reprendre avec les audiences foraines. "Sagem", l'opérateur technique choisi par le CPC sera ultérieurement confirmé. Les conseils d'administration des médias d'Etat seront également réactivés. Un autre camouflet pour Gbagbo qui les avait supprimés. La communauté internationale sera, elle aussi, désormais mieux instruite sur l'évolution de l'accord de Ouaga. Le facilitateur Blaise Compaoré a été chargé de trouver la manière la plus appropriée pour informer les partenaires internationaux du processus de sortie de crise. On le voit, le dialogue direct a accouché d'un accord. Mais l'application de cet accord qui doit conduire la Côte d'Ivoire vers des élections ne se fera pas dans l'indifférence de la communauté internationale et de la classe politique nationale.
Akwaba Saint Clair

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