mardi 12 juin 2007 par Flashafrik

Interview PILE... Elle a fait l'actualité il y a cinq au Burkina Faso. Aujourd'hui, elle s'est lancée dans la musique. Elle, c'est Sanou Adjaratou, connue sous le pseudonyme de Adji. Elle revient sur ce qui s'est passé cette nuit du 3 décembre 1997.

Comment va Adji ?

Bien !

C'est grâce à Black So Man que vous êtes devenue une star?

Oui c'est grâce à lui et au titre Adji qu'il m'avait dédié. Après l'accident qui l'a éloigné des scènes, beaucoup de choses ont été dites et écrites. Cinq ans après la mort de Black So Man, je veux lui rendre un hommage avec la sortie de l'album Black, cinq ans déjà.

Comment as-tu rencontré Black So Man?

C'était dans la ville de Fada à l'est du Burkina Faso en 1996. Au cours d'un concert de Black So Man, j'ai voulu donner un coup de main au comité d'organisation. J'ai donc vendu les tickets et après, je ne savais plus à qui j'avais remis la recette. Alors, Black à demande à me rencontrer pour en savoir davantage sur ce qui était passé avec la recette du concert. En fait, je l'avais remise à un ami de Black et j'avais du mal à savoir à qui j'avais remis cet argent.

C'est lui qui t'a emmenée à la musique ?

J'avais l'amour de la musique. J'interprétais déjà au cours des activités socioculturelles à l'école des artistes comme Aicha Koné, Mbilia Bell, Antoinette Konan ou Tshala Muana

En 2006 tu as mis sur le marché ton premier album et moins d'une année après tu récidives avec un deuxième album ?

Le premier album s'est bien comporté sur le marché. Mais je considère que je n'ai qu'un seul album. L'album cinq ans déjà n'en était pas un pour moi. C'était juste pour rendre hommage à Black So Man. C'est un album de cinq titres pour les cinq ans de la disparition de Black ; sinon le deuxième est pour bientôt.

Tu profites de la renommée de Black So Man pour te faire une place au soleil ?

Profiter ne sied pas dans mon cas. Que je le veuille ou pas, le nom de Black So Man me suivra aussi longtemps que je vivrai. Black a fait partie de ma vie, et il fait toujours partie de moi et à jamais. Mais j'avoue que cela m'ouvre certaines portes, car les mélomanes qui portaient Black dans leur c?ur ont envie de me faire une place dans leur c?ur aussi et voir si je le mérite. C'est une étiquette mais c'est une grande responsabilité pour laquelle je me bats et que je dois mériter.

C'est ce combat qui t'a conduit en France ?

J'ai rencontré un groupe français qui s'appelle Nassara Nassara. Ils avaient entendu parler de Black ; donc ils ont décidé de me donner un coup de main. Je suis allée pour travailler avec une vocaliste. Je bosserai avec eux sur mon prochain mais ils voulaient que je travaille ma voix d'abord.

Vous avez organisé un concert en hommage ?

Cela m'a fait pleurer après. Mais déjà en coulisses, Rovane et Awa Melone qui sont venues me soutenir m'ont interdit de pleurer. J'ai eu la même réaction que Black lors de son dernier concert à la maison du peuple. Quand il est venu et qu'il a vu le monde il s'est exclamé tout ce monde est venu pour moi ? . Il a même paniqué. Pour moi qui étais à mon premier concert live, j'avais la trouille. Je comprends maintenant pourquoi il ne voulait pas que je fasse la musique, car il disait que c'était difficile. A Bobo Dioulasso, quand j'ai vu le public du théâtre de l'amitié, j'ai paniqué et j'ai perdu la voix. Comme vous le savez, je suis asthmatique et je ne supporte pas les chocs et les émotions. Et tout le monde se demandait comment j'allais chanter. J'ai forcé et j'ai donné le meilleur de moi-même.

Comment s'est passé son séjour de maladie en Côte d'Ivoire ?

J'étais très jeune à l'époque ; je n'avais que 17 ans. Je portais une grossesse de deux mois et Black ne voulait pas que je laisse notre fils Latif seul ici. Et le chef d'Etat avait dit de chercher un avocat qui s'occuperait des droits d'auteur de Black, car c'est pour cela qu'il partait pour Abidjan. L'avocat a entamé la procédure. Il est allé en Côte d'Ivoire et il n'est jamais rentré en possession de ses droits Pas à ma connaissance. C'est dommage. Lorsque j'essaie de revendiquer ses droits, cela irrite certaines personnes. La preuve est que le chef de l'Etat Blaise Compaoré a promis une maison au fils de Black mais jusqu'à ce jour, je n'en parle pas car les mauvaises langues diront que je veux m'accaparer le bien de notre fils. Depuis 1999, je n'en ai plus parlé et j'espère que le Président du Faso ne l'a pas oublié avec tous les dossiers qu'il a à gérer en ce moment. Et je souhaite que la maison soit au nom de Latif, car la maison lui revient de droit.

Quels sont tes projets immédiats ?

J'espère continuer dans la musique et récolter des fonds pour réaliser un rêve qui est de soutenir les malades du VIH et sensibiliser la jeunesse sur ce fléau. J'aimerais également soutenir les enfants de la rue en leur offrant des sessions de formation en couture ou en coiffure.

Le meilleur hommage que vous pourriez rendre à Black c'est de dire la vérité sur ce qui s'est réellement passé cette fameuse nuit de l'accident ?

S'il y avait eu autre chose, je l'aurais dit. Honnêtement, c'était un accident. Je ne sais ce que les gens veulent que je dise d'autre que ce qui s'est réellement passé. Pour Black, j'aurais tout fait. La confusion est due peut-être au fait que l'accident a au lieu dans une zone sécurisée par le régiment de sécurité présidentielle. Du coup, certains ont même affirmé que Black aurait été assommé par les militaires compte tenu de ses textes engagés. Honnêtement, j'avais perdu connaissance quand il y a eu le choc. Je suis revenu à moi et j'ai aperçu des soldats autour de moi et j'ai demandé où était Black. C'est en ce moment que les soldats ont su que c'était Black qui était dans le véhicule, alors ils ont cassé la voiture pour l'en extraire car ils attendaient l'arrivée des secours. Ce sont les soldats qui ont alerté les secours. Black a tout simplement reçu un choc où il ne fallait pas. Je ne peux pas cacher la vérité sur ce qui s'est passé et aller me prosterner sur la tombe de Black. Il ne me l'aurait jamais pardonné. On m'a accusé aussi d'avoir fait souffrir Black ce qui n'est pas vrai.

Etait-il jaloux?

Il était un peu jaloux mais il était plus un père pour moi. Il me donnait beaucoup de conseil et il ne voulait pas que je souffre comme lui. J'ai eu à faire des tournées avec lui, et nous avons dormi sur des sacs de riz quand il n'y avait pas de place à l'hôtel.

Comment viviez-vous lorsqu'il est rentré de la France, où il avait suivi des soins ?

J'ai vraiment souffert (silence) Je ne sais pas comment l'expliquer. Rien qu'à y penser, j'en souffre encore. Je ne souhaite pas rentrer dans les détails (elle marque une minute de silence). ça va ! On peut continuer. Quand Black est revenu de la France, je suis restée avec lui et aujourd'hui, on dit que je l'avais abandonné. Ce qui est faux. Il y a des choses que je ne peux pas dire, cela appartient au passé. Il est allé en Côte d'Ivoire et il n'y est jamais revenu vivant. J'ai proféré des paroles à certains de ses amis comme Claude Bassolé, je le regrette mais cela était sincère. Je leur présente mes excuses si à un moment je leur ai manqué de respect.

Es-tu en contact avec Claude Bassolé ?

Non, mais je l'ai rencontré en Côte d'Ivoire, et il était surpris de me voir car on ne s'était plus vus depuis la disparition de Black.

Quels souvenirs gardes-tu de Black ?

De bons souvenirs, mais avec Latif à mes cotés, je ne sens pas son absence parce qu'il lui ressemble. Quand un clip de son père est diffusé à la télévision il le suit jusqu'à la fin.

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