mardi 12 juin 2007 par Notre Voie

Ça témoigne peut-être de la vitalité de la Côte d'Ivoire et de son économie, mais avouons que la prolifération des véhicules dernier cri à Abidjan et à l'intérieur du pays est quelque peu surprenant. Alors que les ménages éprouvent d'énormes difficultés à exister pour résister à la furia de la faim, des individus dont on ne connaît pas le cursus roulent carrosse et narguent le petit peuple. Ils sont de partout, de toutes les origines sociale, politique et idéologique du pays. Ils sont de droite, du centre, de gauche. Ils sont politiques, hommes d'affaires, truands, rebelles, braqueurs. Certains mêmes vont jusqu'à teinter leurs vitres pour marquer la différence au nez et à la barbe des hommes du général Philippe Mangou qui avait pourtant interdit formellement cette pratique.
Où est l'Etat ? Il dort peut-être pour se réveiller brutalement quand il sera surpris de nouveau par un scandale. Cet état de fait est tellement scandaleux qu'il a lieu au moment même où le pays traverse une grave crise économico-politique qui devrait rendre les gens moins expansifs et l'Etat très regardant sur certaines attitudes. Mais le sentiment qui se dégage est que l'Etat encourage plutôt ces dérives en ne contrôlant rien et en permettant la course folle vers l'argent facile?. Il est vrai, cependant, que la guerre y est pour quelque chose, mais c'est bien pendant cette crise que l'on a chanté à l'unisson que les institutions du pays sont debout et que l'Etat ne s'est pas effondré. Il y a donc problème. Il y a du laxisme quelque part. Il n'est pas dit d'emblée que les propriétaires de ces grosses cylindrées sont tous des truands. Il appartient justement à l'Etat de s'interroger et de trouver des réponses adéquates à ces nombreuses interrogations. D'où provient cet argent qui circule sans cesse dans un mouvement giratoire et qui sert à faire toutes ces folies ? Postez-vous un jour au bord d'une voie passante et observez ! Vous verrez que toutes les grosses marques du monde sont ici en Côte d'Ivoire.

Mais il n' y a pas que les véhicules qui narguent les Ivoiriens. Regardez les constructions immobilières et vous aurez compris nos complaintes, mais aussi, peut-être, la vitalité de ce pays dont nous parlions tout au début de ce papier. Notre souhait est que cette solidité soit bâtie sur du solide et non sur du sable mouvant. C'est-à-dire sur du faux.

Abdoulaye Villard Sanogo

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