lundi 11 juin 2007 par Le Nouveau Réveil

Retrouvailles cordiales et fraternelles entre le Président Bédié et le Président Blaise Compaoré, débats ouverts et francs sur l'accord politique de Ouaga, analyse critique sur la mise en ?uvre de cet accord et les élections générales à venir, échanges avec le président de l'Assemblée nationale du Burkina et avec la communauté ivoirienne, le séjour du Président du PDCI-RDA au pays des hommes intègres du samedi 9 au dimanche 10 juin a tenu toutes ses promesses. Accompagné d'une délégation très restreinte (le Secrétaire général du PDCI Alphonse Djédjé Mady, le ministre Ahoussou Kouadio Jeannot et le ministre Patrick Achi), le Président Bédié a voyagé à bord d'un jet privé. Il a foulé le sol burkinabé en fin de matinée samedi où il a été accueilli par une forte et sympathique communauté ivoirienne composée d'étudiants, de femmes et de travailleurs expatriés. Après un petit bain de foule, le président du PDCI-RDA et sa suite ont pris la direction du luxueux hôtel Lybia qui se dresse au c?ur de Ouaga 2000, le quartier le plus chic de la capitale burkinabé.
C'est à 16 heures que les choses sérieuses démarrent. Le Président Bédié et sa délégation arrivent au palais présidentiel de Ouaga où les attend le facilitateur dans la crise ivoirienne. Accolades, échanges de chaudes poignées de main, tout est détendu, fraternel. Le Président Blaise Compaoré et son hôte de marque sont même au tutoiement, et aux questions très familières. Montrant ainsi qu'ils sont des amis de longue date. Depuis la signature de l'accord historique de Ouagadougou, depuis même le funeste coup d'Etat de 99, les deux hommes ne s'étaient pas encore rencontrés. On comprend donc le caractère particulièrement chaleureux de ces retrouvailles. L'entretien proprement dit s'est déroulé en deux étapes. Une avec les collaborateurs, et l'autre en véritable tête-à-tête d'environ 40 minutes. Les débats de fond
Selon de bonnes sources, le facilitateur avait souhaité cette rencontre avec le Président du PDCI pour recueillir ses avis et faire le point avec lui de la situation en Côte d'Ivoire suite à l'accord de Ouaga et avant la réunion du CPC prévue demain à Yamoussoukro et à laquelle le chef de l'Etat burkinabé doit prendre personnellement part. Ce dernier aurait, d'entrée de jeu, expliqué à son hôte pourquoi il y a eu l'accord de Ouaga. Il aurait indiqué que l'idée du dialogue direct n'était pas nouvelle et qu'il l'avait soufflée à Gbagbo depuis décembre 2002. Pour sa part, le Président Henri Konan Bédié se serait félicité des quelques avancées dans la mise en ?uvre de l'accord avant d'exprimer ses avis, ses préoccupations et ses inquiétudes. Il aurait ainsi salué le fait que Gbagbo et Soro se parlent désormais sans intermédiaire et travaillent ensemble. Un bon augure pour la paix. Pour autant et en dépit de certaines avancées, le Président du PDCI estime que beaucoup reste à faire. Il aurait en effet particulièrement insisté sur le problème de l'insécurité devenue une préoccupation majeure en Côte d'Ivoire. Dans ce sens, il aurait fustigé le manque de volonté réelle des gouvernants de mettre fin au problème des milices. Pour lui, non seulement il n'y a pas eu démantèlement de milices à l'Ouest, ce qui s'est passé à Guiglo est une mise en scène, mais le Président Bédié estime que les milices sont aussi basées à Abidjan, précisément dans les cités universitaires qui sont devenues de véritables caches d'armes. En ce qui concerne l'armée, il pense que la réunification de l'armée doit se faire sans tarder, il faut régler sans passion tous les détails pour favoriser la renaissance d'un Etat normal dont les décisions pourront être appliquées partout. L'identification et les élections
La position du Président Bédié est sans ambiguïté. Il faut mettre en ?uvre l'identification sans calcul politicien. Lancer les audiences foraines, se servir des acquis de l'ère Banny en la matière. Le Président du PDCI a tenu à faire savoir au facilitateur que son parti veut que l'on appréhende cette question avec un esprit ouvert, sans objection préalable. Qu'on identifie et qu'on naturalise selon les conditions prescrites par la loi. Sans discrimination. Il convient de rappeler à ce propos que quand il était au pouvoir, le Président Bédié avait fait naturaliser 10.000 ressortissants Burkinabé vivant en Côte d'Ivoire depuis des lustres et qui y travaillaient.
Relativement aux élections, l'hôte de marque du Président Compaoré a insisté pour que l'on tienne compte des délais que les signataires de l'accord se sont imposés et qu'ils tiennent aussi leurs engagements respectifs. Que ce qui a été prévu soit fait à temps et sans calcul politicien. Il a insisté pour que l'on définisse clairement les champs d'action respectif de l'ONI, de l'INS et de la CEI. Pour ce qui est des médias d'Etat, Fraternité Matin et la RTI, il suggère que l'on mette fin rapidement à l'illégalité. Il faut mettre sur pied un conseil d'administration pour régulariser la situation des DG intérimaires. Il préconise aussi l'accessibilité de la RTI à tous les partis. Que la couverture et la diffusion des activités des partis politiques soient les mêmes pour tous. Ainsi aucun sujet n'a échappé aux échanges qui ont duré environ 2 heures entre Blaise Compaoré et le président du PDCI. Sans complaisance, ce dernier a attiré l'attention du facilitateur sur les vrais problèmes, sur les menaces et attitudes des uns et des autres susceptibles de gripper le processus de paix engagé.
Akwaba Saint Clair

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