dimanche 10 juin 2007 par Reuters

PARIS - Les Français sont appelés aux urnes dimanche pour élire les 577 députés de l'Assemblée nationale, un vote qui devrait donner une large majorité à l'UMP et laisser la gauche sur le banc des figurants.
L'inconnue du scrutin ne réside pas tant dans son issue - le président Nicolas Sarkozy, dans la foulée de son élection le 6 mai, semble assuré de disposer d'une majorité confortable pour appliquer son programme de réformes, accentuant ce que certains appellent "la présidentialisation du régime" - que dans la sévérité du score pour l'opposition, Parti socialiste en tête.

Quelque 44,5 millions d'électeurs sont invités à voter, à partir de 08h00 et jusqu'à 18h00 ou 20h00 dans 65.000 bureaux de vote, pour départager 7.640 candidats, dont 41,6% de femmes. Le second tour aura lieu dimanche prochain.

Outre-mer, le premier tour a eu lieu samedi aux Antilles, en Guyane et à Saint-Pierre-et-Miquelon, au large de Terre-Neuve. Les premiers Français à avoir voté sont les Polynésiens, le 2 juin. Le scrutin y a été avancé d'une semaine du fait de l'étendue du territoire couvert par l'archipel du Pacifique Sud qui oblige à allonger l'entre-deux tours afin de distribuer le matériel électoral à temps dans les 118 îles.

Enfin, à la différence de la présidentielle, les Français de l'étranger ne votent pas aux législatives. Ils sont représentés au Parlement par 12 sénateurs.

Fait inédit dans l'histoire de la Ve République, la gauche est partie d'emblée battue dans la campagne après la défaite de sa candidate Ségolène Royal à la présidentielle, appelant à "un vote humanitaire" selon l'expression d'un politologue, pour éviter une réédition de la débâcle de 1993, lorsqu'elle sauva, hors Parti communiste, 67 députés.

Au PS, dans la crainte d'une démobilisation de l'électorat face à la stratégie d'ouverture du chef de l'Etat, on a appelé à la résistance contre un "Etat UMP" hégémonique en se projetant dans un "après" tout aussi douloureux - la rénovation du parti.

PLUS DE 400 DEPUTES UMP

Les sondages d'opinion créditent la droite (UMP, ralliés de l'UDF et divers droite) de plus de 40% des intentions de vote, la gauche (PS, PRG, MRG) de près de 30%, le Mouvement démocrate (MoDem) de François Bayrou de 10%, le Front national de 5%, le Parti communiste d'environ 4%, l'extrême gauche de 3% à 4%.

Les projections - scrutin majoritaire à deux tours oblige - donnent à l'UMP plus de 400 sièges, de 110 à 158 au PS-PRG-MRG, 21 à 24 députés au Nouveau Centre, un à six sièges au MoDem, cinq à dix sièges au PCF, deux maximum aux Verts, qui n'ont pas scellé d'alliance électorale avec le PS.

Dans l'assemblée sortante, l'UMP dispose de 362 députés (plus six divers droite), le Parti socialiste de 142 élus, l'UDF de 29 représentants, le PCF de 22 élus et les Verts de trois.

Le 6 mai, Nicolas Sarkozy est arrivé en tête dans 372 circonscriptions. La gauche place ses espoirs dans l'Ouest, où Ségolène Royal - qui ne se représente pas dans les Deux-Sèvres - a réalisé ses meilleurs scores, mais s'attend à de fortes difficultés dans ses bastions historiques de l'Est et du Nord-Pas-de-Calais, où la droite a le vent en poupe depuis 2002.

Le retour en force du bipartisme observé à la faveur de l'élection présidentielle devrait se confirmer, même si une troisième entité centriste, écartelée entre les transfuges UDF du Nouveau Centre (84 candidats) et le MoDem de François Bayrou (535 candidats), devrait surnager.

L'équation sans appel relance le débat sur le mode de scrutin et la réintroduction d'une dose de proportionnelle - souhaitée par Ségolène Royal et François Bayrou durant la campagne et appuyée par Nicolas Sarkozy - pour améliorer la représentativité du spectre politique français. Afin de figurer au second tour, un candidat doit rassembler 12,5% des inscrits.

François Bayrou, qui joue son avenir personnel dans la perspective de la présidentielle de 2012 après ses 18,6% du 22 avril, peut escompter un score de 9% à 10% qui, de l'avis des politologues, serait une performance pour une formation naissante.

Le Parti communiste, exsangue après le camouflet infligé à Marie-George Buffet le 22 avril (1,93%), n'est pas assuré de conserver un groupe à l'Assemblée (au moins vingt députés).

Quant au Front national, il ne paraît guère en mesure de reconquérir un électorat désormais largement acquis à Nicolas Sarkozy et de semer le trouble dans d'improbables triangulaires (75 en 1997, 33 en 2002).

ENJEU FINANCIER

Au-delà du rapport de forces politiques, l'enjeu des législatives est financier et pourrait déterminer la survie du PCF et du FN. La loi du 11 mars 1988 indexe le financement public des partis sur les résultats aux élections législatives.

Ainsi, dans l'imbroglio centriste, l'ex-UDF Hervé Morin a-t-il enrôlé épouse, membres de sa famille, attachée de presse, chauffeur, pour étoffer la liste des candidatures du Nouveau Centre et faire bénéficier sa formation du financement public équivalent à 1,63 euro par voix.

Le ministre de la Défense brigue un troisième mandat dans l'Eure, imité par dix membres du gouvernement, dont le Premier ministre François Fillon, candidat dans la Sarthe, qui a fait campagne contre la gauche avec une férocité inusitée et prévenu que tout ministre battu serait contraint de démissionner.

Sont également en lice : Michèle Alliot-Marie (Pyrénées-Atlantiques), Roselyne Bachelot (Maine-et-Loire), Xavier Bertrand (Aisne), Jean-Louis Borloo (Nord), Christine Boutin (Yvelines), Dominique Bussereau (Charente-Maritime), Valérie Pécresse (Yvelines), Eric Woerth (Oise).

Enfin, Alain Juppé est candidat en Gironde. Seul le maire de Bordeaux paraît en position délicate : Ségolène Royal est arrivée largement en tête dans sa circonscription - pourtant un bastion de la droite - le 6 mai avec 54,66% des voix.

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