jeudi 7 juin 2007 par Le Matin d'Abidjan

Les partis de l'opposition vivent pour la plupart, en ce moment, au rythme de crises internes. Mais plutôt que de s'asseoir et discuter pour laver le linge sale en famille, le PDCI, le RDR, le MFA et l'UDPCI ont choisi de mâter leurs " rébellions ".

Depuis quelques jours, l'opposition est à la croisée des chemins. L'arène politique ivoirienne est marquée par une série de dissensions au sein des différents partis du rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Le PDCI, le RDR, l'UDPCI et le MFA sont tous traversés par des " courants marins " qui sont en train d'emporter certains de leurs militants, et non des moindres, vers d'autres horizons. Bien qu'au sein des différents états-major on préfère jouer sur la sensibilité de la base et traiter ceux qui osé émettre un son contraire de " judas", "ténias", "traîtres", le constat est que les Fologo, Emile Constant Bombet, Zémogo, Bictogo, Joël N'guessan, et autres Noutoua Youdé empêchent aujourd'hui leurs leaders respectifs de tourner en rond. Et si les uns et les autres ont éprouvé le besoin de "secouer le cocotier", c'est certainement parce que le bateau s'est quelque peu démarqué de sa ligne originelle. Mais plutôt que de faire face à ce besoin de mutation souhaité par ces barons et cadres qui sont en fait la courroie de transmission entre la base et la cime du parti, on préfère crier au loup. Et porter un doigt accusateur en direction du Palais présidentiel dont le locataire est considéré par tous ces chefs de partis comme "le plus grand diviseur commun ". Pourtant, la démocratie dont se réclament ces différentes structures est fondée sur le droit à la différence. Ces sons discordants devraient donc emmener les uns et les autres à une autocritique. Mais au lieu de cela, au RDR par exemple, on préfère parler de " feuilles mortes " ou encore de "bras cassés". Au Pdci et au MFA se sont des "traîtres" quand à l'Udpci on les appelle "ténias". Mais partout on brandit très souvent le bâton de la suspension, pour les plus chanceux, ou celui de la radiation pure et simple. Toujours est-il que les voies de la négociation et de la conciliation sont rarement empruntées. Au PDCI, il ne se passe plus de jours sans que le clan Bédié ne décoche des flèches à Fologo et ceux qui comme lui ont osé dénoncer le report inexpliqué du XIIè congrès du parti cinquantenaire. Au RDR, si Bictogo (initiateur d'un courant au sein dudit parti) est aujourd'hui mis en quarantaine pour avoir violé les prérogatives de son mentor, le cas Zémogo, Secrétaire général adjoint chargé des Relations extérieures, donne beaucoup de soucis aux républicains. Au point de laver le linge sale en famille à coup de déclarations par presse interposée. " Le RDR est un parti auquel on adhère librement. Parce que c'est un parti de rassemblement. Aucun départ ne saurait ébranler le RDR. C'est un parti de prestige, c'est un parti fort ". Voilà, entre autres, selon un confrère comment Aly Coulibaly, porte-parole du RDR, a résumé les débats du Secrétariat général élargi aux élus, tenu récemment par le parti des républicains. Des coups de pieds auquel le clan Zémogo n'a d'ailleurs pas tardé à répondre. Ce qui a vite fait comprendre à l'opinion qu'entre le maire de Boundiali et Ado, le divorce est consommé , même si Zémogo que tous les " sondages " désignent comme le leader de l'ADR tarde encore à l'officialiser. Au Mfa, le clash entre Anaky et son numéro 2 est parti de l'entrée de Joël N'Guessan au gouvernement après le limogeage de l'ex-ministre des Transports par Banny. Le président du Mouvement des Forces de d'Avenir à qui certains partisans reprochent un népotisme avéré n'aurait pas digéré le fait que Joël N'guessan soit ministre. Aux dernières nouvelles, l'ex-ministre des droits de l'Homme et son poulain Stéphane Kipré, tous deux initiateurs du FORMFA, ne sont plus loin de la radiation. La situation n'est pas non plus reluisante dans le parti de Mabri Toikeusse où le député Noutoua Youdé est en train d'être mis sur la sellette. "L'Udpci est vaccinée. Kaé Eric a créé son parti. Il est où aujourd'hui ? Tia Monné Boni Clavérie, sont partis créer leurs partis. L'Udpci se porte bien aujourd'hui plus qu'hier parce qu'elle a été débarrassée des ténias. Un autre ténia va bientôt sortir de l'UDPCI. Nous allons le pousser à sortir et l'UDPCI sera encore plus forte". C'est en ces termes que Alassane Salif N'Diaye, SG du parti guéiste, aurait tancé le président du conseil général de Danané lors d'un meeting à Abobo, sous les applaudissements des militants qui murmuraient le nom de Noutoua Youdé. En réponse à cette attaque en règle, Noutoua Youdé, soupçonné par ses pairs de convoiter le fauteuil de Mabri, à défaut de vouloir créer un parti, n'a lui non plus pas pris de gants pour ruer dans les brancards contre Alassane N'diaye : "Au lieu de parler de ténia en public, pourquoi ne va-t-il pas vers ce ténia et le lui dire clairement ? Si l'UPDCI existe encore, sans en être le principal artisan, je crois que je fais partie de ces artisans grâce à qui ce parti a pu survivre aux bourrasques". A écouter les uns et les autres, on se rend bien compte que, que ce soit à l'UDPCI au PDCI, au MFA ou au RDR, la culture de la démocratie n'est pas près d'entrer dans les m?urs. Car pour tous, ceux qui s'agitent ne sont que des "achetés" de Laurent Gbagbo, en mission pour casser l'opposition. C'est à croire qu'au sein de l'opposition, en dehors des leaders, nul n'a le droit d'émettre des idées. Dure, dure, l'épreuve de la démocratie !

Mireille Abié

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