mardi 5 juin 2007 par Le Matin d'Abidjan

Le patron des républicains fait feu de tout bois. Il sort un joker, dans son jeu de charme pour assouplir la position de Zemogo Fofana et ses partisans. Ce week-end, ce sont les Imams qu'il est allé visiter. Mobile officiel, demander aux religieux de recourir à " leur rôle éminent ". En off, ADO mène un lobbying pour faire revenir les dissidents.

Il est dans ses derniers retranchements. Alassane Ouattara dont le parti est en proie à des convulsions, fait feu de tout bois. Ce week-end, il a entrepris des démarches qualifiées d'insolites par ses adversaires auprès des Imams. Le premier objectif de cet appel de pied a été naturellement noyé dans une visite de reconnaissance et de courtoisie. A la vérité, selon des sources au sein de la dissidence, "Ouattara est allé plaider auprès des hommes de Dieu pour qu'ils interviennent dans la crise qui secoue le RDR". Soit. ADO lui, procède par diversion. Il masque son désarroi par des déclarations d'ordre général. " La vérité est que la Côte d'Ivoire va mal. Et nous, hommes politiques nous devons avoir le courage de le dire à nos hommes religieux que c'est important que les religieux jouent le rôle éminent que les imams ont toujours joué", a soutenu un ADO peu convaincant, à l'issue du huis clos qu'il a eu avec le président du conseil supérieur des Imams, Cheick Aboubacar Fofana et les siens. En off, affirment fermement des indiscrétions, ADO s'en est allé appeler le prélat au secours. Ouattara qui, au terme de ces négociations avec Zemogo Fofana, a demandé et obtenu un délai de trois jours, met ce temps à profit, pour chercher des soutiens à même de convaincre Zemogo. D'ailleurs, bien d'anciens partisans révèlent le caractère quelque peu insolite du déplacement de Ouattara chez le chef du COSIM. Ils se disent d'autant convaincus de la démarche souterraine, que rien, à leurs yeux, ne justifie le discours tenu par le patron du RDR, à la fin de sa réunion avec les hommes de Dieu. Tenez, à la surprise de tous, ADO a ressassé la vielle rengaine de l'injustice. Il s'est ainsi souvenu de l'implication des Imams qui, selon lui, ont dénoncé ''l'injustice''. Puis dans un langage qui prête à confusion, il exhorte le COSIM en des termes ambigus : "Priez pour que les esprits des uns et des autres soient éclairés, et que les uns et les autres se ressaisissent". Des propos qui, en réalité, s'adressent aux démissionnaires du RDR, connus ou non. Le lobbying qui a coûté un million de francs CFA en espèces et des tonnes de riz, est intervenu alors que le ton est monté d'un cran, entre les pro-ADO et les pro-Zemogo. En riposte à une sortie de l'ancien ministre Amadou Soumahoro, Guéhi Patrice est monté au créneau. Il a fustigé le maire de Seguela, coupable à l'en croire, d'avoir divulgué et tronqué la teneur des discussions entre le chef du RDR et le leader de sa dissidence. C'est donc dans cette atmosphère qui ne laisse rien présager de bon que le ''mentor'' appelle les Imams à la rescousse. Il espère bien que ces guides spirituels vont faire fléchir Zemogo Fofana. ADO sent l'échec de sa propre médiation se profiler et sort son joker. Et ce, après le premier million de francs Cfa offert au président du conseil général de Boundiali, en guise de participation aux obsèques du frère aîné de l'élu, décédé il y a peu. Et enterré dans l'indifférence totale d'ADO et ses affidés. Le million, acte de rachat, servait en outre à concilier les vues entre lui et Zémogo Fofana. Hélas, en désespoir de cause, Ouattara fait le tour des associations musulmanes. Ainsi après Cheick Aboubakar Fofana, c'est l'Imam Idriss Koudouss qui accueillera les jours prochains la délégation d'ADO. Occasion sans doute pour le ''brave-tchê'' d'exprimer sa gratitude à ceux qui, se remémore-t-il subitement, l'ont soutenu pendant son "exil". Si ADO n'a pu relever le véritable mobile de sa visite de samedi, l'Imam Cissé Djiguiba lui, donne du grain à moudre à ceux qui estiment louche l'arrivée de Ouattara au siège du COSIM. "Ce qui se passe dans votre famille politique bouscule nos consciences", a-t-il confié à l'ancien Premier ministre. Ceci dit, des membres de la dissidence se veulent circonspects. "Ouattara doit se rendre à l'évidence. Nous ne pouvons plus continuer à subir le groupuscule de personnes qui décide pour tout le monde", clament-ils, pour bien marquer leur départ de la ''case''.

Guillaume N'Guettia



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