lundi 4 juin 2007 par RFI

Un Béninois vient de trouver un médicament pour soigner cette maladie génétique du sang, qui tue 200 000 Africains par an, et la France lui a accordé un brevet de découverte. Baptisé VK 500, ce médicament n'est pas encore commercialisé. Il constitue un énorme espoir pour cinquante millions de personnes atteintes de drépanocytose, la première maladie génétique au monde.

Coup double : pour la première fois, un traitement vient d'être trouvé contre une maladie héréditaire qui touche environ un nouveau-né sur six mille et, pour la première fois, l'Institut français de la propriété industrielle (INPI) valide une découverte faite par un chercheur d'origine africaine. Un laboratoire français a accepté de fabriquer le médicament.

Breveté en France, le remède appelé VK 500 n'est pas encore disponible. Mais grâce à Jérôme Fagla Médégan, le médecin béninois auteur de la découverte, la vie [de] 200 000 Africains qui meurent chaque année à cause de cette affection va pouvoir bientôt être sauvée. Cette découverte constitue un véritable espoir pour les Africains vivant dans les zones impaludées et, tout particulièrement, pour les Camerounais.

La maladie se caractérise par l'altération de l'hémoglobine, plus exactement une déformation des globules rouges -la protéine qui assure le transport de l'oxygène dans le sang à travers les vaisseaux : les globules rouges (ou hématies) qui contiennent l'hémoglobine ne sont plus ronds mais prennent une allure aplatie en forme de croissant ou de faucille et ils bloquent les vaisseaux sanguins, empêchant ainsi la circulation sanguine de se faire normalement. Or, in vitro, le médicament VK 500, formulé à base de plantes, a prouvé qu'il permettait aux hématies de retrouver leur forme initiale. Cette découverte constitue un espoir énorme pour les couples porteurs sains, sachant que deux parents porteurs sains de l'anomalie sont exposés à de très hauts risques de donner naissance à un enfant drépanocytaire.

Les symptômes de la pathologie apparaissent dès l'âge de six mois : l'enfant présente un gonflement de l'abdomen, du coeur, des pieds et des mains. Il est victime de douleurs violentes aux articulations et au ventre, de fièvres, de maux de tête et de vertiges chroniques. Il est en proie à une anémie chronique ou un dysfonctionnement de la rate et subit des retards de croissance. Son poids et sa taille se trouvent altérés. Sa puberté peut être retardée et les risques d'infections et d'ulcères de la jambe sont augmentés à cause des troubles respiratoires qu'entraîne la maladie.

Si la drépanocytose frappe quelque cinquante millions de personnes dans le monde, trente-huit millions d'entre elles vivent en Afrique Subsaharienne. Le Cameroun, à lui seul, compte plus de deux millions de malades, selon les estimations de l'Organisation internationale de lutte contre la drépanocytose (OILD) et, sur les quelque 268 000 cas mortels enregistrés chaque année en Afrique subsaharienne, 4 000 le sont au Cameroun.

Tests de dépistage et éducation des familles

La drépanocytose n'est pas une fatalité, ni une maladie anonyme. On peut la combattre, expliquait en mai dernier sur AllAfrica.com Lydie Ze Meka, présidente de l'OILD-Cameroun. Mais la combattre comment ? Au fond, jusqu'à présent, la lutte contre la maladie ne pouvait passer que par les tests de dépistage et une éducation préventive des communautés, sensibilisant les familles à hauts risques, pour qu'elles évitent de procréer. Un choix douloureux pour éviter des drames. Et, pour soulager cette maladie chronique, les malades ne pouvaient, tout au plus, qu'espérer une hospitalisation.

Quand on arrive parfois à l'hôpital en pleine crise, () on peut attendre des heures alors qu'on souffre atrocement, déplorait Alfred Ondoua, porte-parole des malades drépanocytaires à AllAfrica.com, en mai dernier. Moyennant qu'une poche de sang à transfuser coûte environ 50 000 CFA, soit 500 euros, il ajoutait : Le coût des poches de sang reste très élevé. Notre souhait est que l'on baisse les prix () ou que les poches soient carrément gratuites, quitte à ce que le gouvernement nous subventionne.

Une revendication, dont on peut espérer qu'elle devienne obsolète dès lors que le médicament sera sur le marché, à supposer que la drépanocytose ne soit plus le parent pauvre des pouvoirs publics et que les familles à risques aient accès aux soins. Pour l'heure on ne connaît ni la date de disponibilité du médicament ni son prix.

par Dominique Raizon

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