lundi 4 juin 2007 par Le Matin d'Abidjan

Annoncé comme un match à grand enjeu par rapport au processus de paix et de réconciliation en cours dans le pays, la confrontation entre les Eléphants de Côte d'Ivoire et les Barreas de Madagascar hier à Bouaké n'a pas déçu les espoirs. Didier Drogba et ses camarades ont réussi à faire vibrer les populations de la capitale du centre.

Poussé par un public impressionnant venu des villes sous contrôle de la rébellion mais aussi du reste du pays, Drogba Didier et ses camarades ont laminé hier les Malgaches sur le score de cinq buts à zéro. Un résultat qui reflète bien la physionomie du match dominé sur toute la ligne par les pachydermes ivoiriens. Malgré leur supériorité, la soif de but des Bouakéens est restée intacte, tant ils attendaient tous que Didier Drogba qui a suscité officiellement la rencontre dans la capitale du centre marque l'événement de son empreinte. C'est pourquoi la seule réalisation du capitaine des Eléphants intervenue en fin de seconde période ( 88ème), la cinquième de la sélection nationale, a sonné comme une délivrance pour le public qui en avait assez de patienter. Les Eléphants venaient ainsi de tenir leur engagement de soutenir par des actes forts le processus de paix plus que jamais prometteur depuis la signature de l'accord de paix de Ouaga. Dans l'ensemble de la rencontre, les joueurs ivoiriens ont affiché une telle détermination à arracher définitivement leur ticket pour la phase finale de la coupe d'Afrique des Nations prévues pour se dérouler au Ghana voisin qu'ils on frappé très fort dès l'entame du match. Sous les yeux des officiels dont le Premier ministre Charles Konan Banny, le ministre des Sports Dagobert Banzio et l'ambassadeur Jacques Anouma, président de la FIF, pour ne citer que ceux-là, les poulains de Stielike ont, sans forcer leur talent, réussi à procurer une bonne dose de bonheur aux Ivoiriens, notamment à ceux à qui le match d'hier était dédié. Quelques minutes seulement après le coup de sifflet de l'arbitre congolais ouvrant les hostilités, les Eléphants qui avaient un défi à relever vis-à-vis des Bouakéens réussissent leur première réalisation. Elle est l'?uvre de Salomon Kalou qui était à la conclusion d'une action collective. Bien servi par Koné Arouna, le co-équipier de Didier Drogba à Chelsea envoie une frappe imparable au portier malgache réduit en spectateur. La balle finit sa course au fond des filets du portier malgache. Sur cette action, Koné Arouna efface un adversaire, puis adresse un centre à Drogba qui choisit de faire un train, laissant l'initiative à Salomon Kalou de faire le dernier geste : pousser la balle au fond des filets. C'est le début d'une longue série de réalisations. Galvanisés par cette réussite de début de match, les vice-champions d'Afrique accentuent la pression sur les Barreas qui avaient déjà pris trois buts à domicile à l'issue de la précédente confrontation entre les deux équipes. A la 18ème, les efforts des locaux seront récompensés par un deuxième but signé cette fois-ci Arouna Koné, le joueur du PSV Eindoven très en verve hier. La période d'oxygénation intervient sur ce score de 2-0 qui ne semble pas satisfaire les Bouakéens. A la reprise, la domination reste constante dans tous les compartiments malgré quelques velléités offensives des Barreas. Et c'est logiquement que le score s'alourdit au profit des Ivoiriens. Boka Arthur, préposé à l'exécution d'un corner, envoie un centre à destination de Yaya Touré. Le joueur de Monaco saute plus haut que ses deux gardes du corps et loge la balle au fond des filets. C'est la passe de trois. Le quatrième but est l'?uvre de Koné Arouna, avant celui de Drogba Didier qui ferme la marche et remplit les spectateurs de joie. Du match, on retiendra que l'équipe a bien joué dans l'ensemble. Les cinq buts réussis sont le fruit d'actions collectives conçues sur différents schémas. Ce qui a fait dire à certains observateurs que l'Allemand Stielike, qui travaille dans l'optique des grands défis à venir, a profité de ce match pour régler des automatismes au sein de son groupe qui enregistre chaque fois des changements. Vu le grand nombre à chaque sortie de joueurs indisponibles pour diverses raisons. A l'issue de la rencontre d'hier, les Eléphants de Côte d'Ivoire obtiennent définitivement et avant la fin des éliminatoires leur ticket pour Accra 2008, quand les Malgaches perdent tout espoir de se qualifier.

Fidèle Neto
Envoyé spécial à Bouaké

Carton plein pour les Eléphants

Après trois matchs et plus de 270 minutes de jeu, la bande à Ulli Stielike présente des statiques affolantes. Ils ont ainsi marché sur leurs adversaires qui avaient, certes, des appréhensions à l'annonce de la composition du groupe mais étaient quand même loin de croire à un tel supplice. 13 buts marqués en plus de 270 minutes de jeu contre zéro encaissé. Voici ce que Didier Drogba et ses camarades ont réussi face au Gabon et à Madagascar en trois rencontres. En attendant la dernière rencontre contre le Gabon en septembre prochain, les Eléphants réalisent ainsi le carton plein. Dans cette machine à buts comme se plait à l'appeler la presse nationale, la palme d'or revient à Koné Arouna, auteur d'un hat-trick face au Gabon et d'un doublé hier face aux Zébus sauvages malgaches qui ne l'attendaient pas du tout. Tantôt en force, tantôt en finesse, le sociétaire du PSV Eindhoven des Pays -Bas avait encore l'arme fatale hier. Tantôt à droite, tantôt à gauche, permutant sans cesse avec Salomon Kalou qui partage avec lui l'art des dribles de rupture et une pointe de vitesse hors -pair, le joueur aux cheveux de feu a su profiter du marquage à outrance de Didier Drogba qui le rendait ainsi libre de tout marquage. Son 2è but est un chef d'oeuvre par la maîtrise technique sur l'amorti du ballon de la pointe des pieds mais aussi par la beauté de la frappe. Si on a craint l'absence de Arouna Dindané, on a tout suite été rassuré par la forme extraordinaire, par la capacité de mobilité du trident Didier Drogba-Koné Arouna- Salomon Kalou qui ont bénéficié des montées fort à propos de Boka Arthur et de Koné Yaya de plus en plus offensif. Au piston Didier Drogba a tactiquement fait son boulot en ouvrant des caviars à ses deux ailiers leur permettant de se mettre en exergue. L'Azingo National a des frayeurs à se faire devant une telle machine qui comme un hydre, possède plusieurs têtes et est capable de frapper à tout moment.



Bouaké relève le défi de la mobilisation
Pour le retour de la sélection nationale A à Bouaké depuis le dernier match qualificatif pour Burkina 1998, la capitale de la Vallée du Bandama n'a pas boudé son plaisir. Renforcée par toutes les régions sous administration des Forces Nouvelles dont le gros contingent est venu de Korhogo, Bouaké a vaillamment relevé le défi de la mobilisation envoyant ainsi un message plus que clair de son désir d'aller à la réconciliation. Didier Drogba qui aura fait des mains et des pieds pour que la rencontre contre Madagascar se tienne dans cette ville friande de football, qui aura donné au football ivoirien quelques-uns des génies qui l'auront éclaboussé de leur talent a été satisfait. Son appel a été entendu. Mais il a surtout découvert un public formidable acquis à la cause de sa sélection et qui a su se montrer patient comme il l'avait demandé. Aucun bronca quand une action était manquée ou quand une passe était mal ajustée et qu'une action de but était vendangée. Mobilisés depuis 10 h déjà, les Bouakéens se sont montrés citoyens en encourageant même dans les rares moments de flottements la bande à Stielike. Il fallait voir la marée humaine qui s'est déferlée sur le boulevard du stade pour raccompagner les Eléphants à l'aéroport. Simplement carnavalesque et émotionnel. En attendant de retrouver le peuple du sud pour la réconciliation totale, les Bouakéens ont retrouvé avec bonheur leur sélection et ses vedettes. Ils peuvent à raison s'estimer heureux car l'attente n'aura pas été vaine.

Patrice BEKET
Envoyé spécial à Bouaké

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