lundi 4 juin 2007 par Reuters

En applaudissant dimanche la victoire 5-0 de leur équipe contre Madagascar au cours d'un match comptant pour les éliminatoires de la Coupe d'Afrique des Nations, les supporters ivoiriens célébraient aussi le retour de la paix dans leur pays.

A la demande de l'international ivoirien Didier Drogba, le match se disputait en effet à Bouaké, dans le centre du pays, bastion des rebelles depuis que la guerre civile de 2002/2003 a divisé la Côte d'Ivoire en deux.

L'organisation d'un match à Bouaké, impensable il y a seulement quelques mois, illustre les progrès remarquables enregistrés vers la réunification du pays depuis la signature, le 4 mars, d'un accord de paix entre le gouvernement et les rebelles.

"L'objectif c'est la réconciliation. Nous devions faire le show et on a réussi à faire le show. La Côte d'Ivoire est réunifiée par le football", a déclaré l'attaquant de Chelsea à la presse à l'issue du match dans un stade de 26.000 places presque plein.

L'accord de paix prévoit un processus de réunification et de désarmement qui doit être couronné au début de l'an prochain par des élections.

Bouaké porte encore les marques de la guerre, avec des bâtiments vides, pour certains à moitié détruits par un raid aérien gouvernemental, en 2004. Avant le match de dimanche, les ex-rebelles avaient balayé les rues de la ville et les hôteliers avaient astiqué leurs locaux pour accueillir des compatriotes du sud, pour la première fois depuis la guerre.

QUESTIONS EN SUSPENS

"Hormis le côté sportif, (la présence des) Eléphants à Bouaké entre dans le cadre de la réconciliation. Je pense qu'après ce match, les Ivoiriens qui avaient peur de se rendre à Bouaké n'auront plus d'inquiétude à le faire", se félicite le combattant rebelle Seydou Fofana.

Les forces de maintien de la paix de l'Onu et de l'opération Licorne avaient arrosé la pelouse à l'aide d'un camion citerne, lui permettant de repousser à temps pour le match alors que, il y a une semaine encore, les autorités sportives prévenaient qu'il faudrait peut-être déplacer la manifestation dans le sud sous contrôle gouvernemental.

"Cela m'a vraiment fait plaisir, ce que je viens de voir ici, surtout quand j'ai vu les militaire des forces nouvelles (rebelles) et des forces de sécurité (gouvernementales) en train de danser dans les tribunes. On prie Dieu que ce genre d'action se reproduise", s'enthousiasmait un supporter, Vali Coulibaly.

Les succès enregistrés l'an dernier par les Elephants, parvenus en finale de la Coupe des Nations d'Afrique et qualifiés pour la Coupe du monde en Allemagne, en ont fait un puissant symbole de la réconciliation tant pour les Ivoiriens du Nord que pour ceux du Sud.

Mais Mariame Sylla, 22 ans, dit qu'elle ne croira complètement en la réussite du processus de paix que lorsque les questions litigieuses encore en suspens auront été définitivement réglées.

Il reste encore à mener un programme d'identification qui permettra à des millions d'Ivoiriens démunis de documents d'identité de participer aux élections de l'an prochain. Ce programme avait été suspendu l'an dernier à la suite d'affrontements entre des partisans du président Laurent Gbagbo et des activistes de l'opposition.

Les ex-rebelles doivent encore de leur côté entamer leur désarmement.

"Malgré la symbiose qui a été créée par cette rencontre de football, je reste pessimiste. Les revendications (des rebelles) n'ont encore connu aucun début d'exécution après cinq ans de crise", confie Mariame Sylla.

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