samedi 2 juin 2007 par Fraternité Matin

Les Éléphants de Côte d'Ivoire reçoivent les Zébus sauvages de Madagascar ce dimanche à 15 h au Stade municipal de Bouaké.

Les Eléphants affrontent les Zébus sauvages (Baréas) de Madagascar ce dimanche à 15h au stade municipal de Bouaké. La rencontre de football qui entre dans le cadre de la 4è journée des éliminatoires de la Coupe d'Afrique des nations (CAN 2008) a pris une autre dimension. Le lieu du match et l'ambiance générale dans le pays y sont sûrement pour quelque chose. En effet, le Premier ministre et Secrétaire général des Forces nouvelles, Soro Guillaume, représentera officiellement le Chef de l'État. Ce dernier, lors du Conseil des ministres de jeudi dernier, a invité l'ensemble du gouvernement ainsi que les présidents d'Institution à soutenir les Éléphants en se rendant au Stade.
Bouaké, depuis le début de la crise, a toujours été considérée comme le fief des Forces nouvelles. En demandant à jouer dans cette ville symbole, Didier Drogba a rehaussé l'enjeu du match. Au-delà de la qualification presque acquise des Eléphants, ce match est perçu comme une occasion rêvée de recoller les morceaux d'un pays fracturé depuis septembre 2002. C'est un rendez-vous doublement important pour nous et pour toute la Côte d'Ivoire. D'abord pour la qualification pour la CAN 2008, mais surtout pour la réunification du pays?, déclare Copa Barry, le gardien de but de la sélection, qui se dit très heureux de pouvoir jouer dans cette ville. Maestro, Chico, Koné Arouna, Loboué et tous les autres joueurs sont avides de fouler la pelouse du stade municipal. Personnellement, je suis très heureux d'aller jouer là-bas parce que j'estime que Bouaké et ses habitants ont beaucoup souffert. Si seulement ce match pouvait les combler de bonheur...?, confie Maestro. Peu importe la qualité de la pelouse de Bouaké, les joueurs promettent de ne pas décevoir le public. La fête ne va-t-elle pas prendre le pas sur la compétition? Non?, répond le sélectionneur national, Ulrich Stielike.
Après cinq jours de travail soutenu, le technicien allemand est plutôt confiant pour ce match. C'est un match un peu spécial. Il y a un volet politique certes, mais nous allons à Bouaké pour d'abord jouer un match de qualification. Quel que soit l'état de la pelouse, il faut jouer pour faire la différence?, a-t-il déclaré.
Pour que la fête soit totale à Bouaké, Stielike compte d'abord sur ses atouts offensifs. Une attaque de feu avec des chasseurs de buts de renom tels que le capitaine du groupe, Drobga Didier, et son jeune équipier de Chelsea, Salomon Kalou ; sans oublier l'attaquant baroudeur du PSV Eindhoven, Arouna Koné, Amara Diané, la flèche du Paris Saint Germain (PSG), et Kandia Traoré (le Havre), le meilleur fusil de la Ligue 2 de France (18 buts) à égalité avec son équipier français, Lesage. Stielike n'a pas encore dévoilé sa combinaison en attaque. Par contre, l'on peut dire sans se tromper que le milieu de terrain sera l'affaire de Gyapi, Yaya et Romaric. Maestro ayant été positionné un peu plus en retrait, devant une défense conduite par Méité (dans l'axe), Boka à gauche et Eboué à droite. Une belle équipe qui devrait forcément faire sauter le verrou des Baréa. Equipe malgache très fair-play qui n'a trouvé aucun inconvénient à jouer dans cette ville ivoirienne encore considérée comme zone non gouvernementale. C'est une manière pour nous de participer au retour de la paix en Côte d'Ivoire. Cela ne veut pas dire que nous somme venus participer à un match de gala. Nous sommes venus défier les Eléphants. Les deux équipes n'ont pas le même standing. Mais ce dimanche, nous allons essayer de surprendre l'adversaire?, prévient l'entraîneur adjoint des Baréas. Le défi est donc lancé.

Paul Bagnini


Hommage aux Éléphants en Grèce devant 45 minitres des Sports

Invité au Forum international sur la trêve olympique et le sport au service de la paix le 20 mai dernier en Grèce, M. Amara Essy, ancien ministre d'Etat et ancien président intérimaire de la commission de l'UA, a fait une importante communication dans laquelle il a rendu hommage aux Eléphants de Côte d'Ivoire.
En effet, a-t-il dit devant plus d'une quarantaine de ministres des Sports venus du monde entier, "en Côte d'Ivoire, le football a littéralement ouvert la voie à la réconciliation nationale par les bons résultats de l'équipe ivoirienne aussi bien à la Coupe des nations en 2006 en Egypte qu'en Coupe du Monde en Allemagne".
"Pendant ces événements, poursuit-il, les populations des zones en conflit avaient communié dans la même ferveur, vibré avec la même intensité, témoignant ainsi de la réalité de l'existence de la nation ivoirienne".
De plus, ajoute M. Amara Essy, "lorsque Didier Drogba, international ivoirien de l'équipe de Chelsea en Grande-Bretagne avait reçu le trophée du meilleur footballeur africain de l'année 2006, il avait été accueilli en héros national tant au Sud qu'au Nord et avait pu déclarer à juste titre à Bouaké que son trophée était celui de la Côte d'Ivoire toute entière, la Côte d'Ivoire unie, prouvant ainsi qu'il n'avait pas démérité de son titre d'ambassadeur de la paix".
La rencontre de ce dimanche à Bouaké est le couronnement de tout ce processus de rapprochement et de réconciliation par le sport dont a parlé M. Essy à ce haut lieu d'échange sur le sport et la paix dans le monde.

A. Doualy
Source: participants

Repères

CONVOI. Le ministère de la Jeunesse, du Sport et des Loisirs, l'une des chevilles ouvrières de l'organisation du match de Bouaké, tient à faire de ce rendez-vous historique une grande fête populaire. Pour ce faire, M. Dagobert Banzio vient de mettre plusieurs cars à la disposition des supporters. Le lieu de départ de cette excursion est l'ONS situé au stade Houphouet - Boigny, au Plateau. Le ministre, qui est passé sur les antennes de la télévision nationale, a assuré que la sécurité des supporters sera garantie. Outre les dix cars du ministère, on annonce d'autres convois en provenance des villes environnantes et de certains pays limitrophes.

ARRIVEE. Les Eléphants fouleront le sol de Bouaké ce samedi matin. Stielike et sa troupe essayeront de se familiariser avec la pelouse puis ils se retireront au Ran-hôtel, en attendant le match.

QUALIFICATION. À mi-parcours des éliminatoires de la CAN 2008, les positions se précisent. Cinq pays, la Côte d'Ivoire, l'Angola, le Cameroun, l'Egypte et le Nigeria ont quasiment acquis le ticket pour Ghana 2008. Ces pays dont les performances ne surprennent personne n'ont pas fait dans la dentelle. La Côte d'Ivoire qui a signé deux victoires en deux sorties règne en maître dans le groupe 1. Dans le groupe 3, malgré leur difficulté à venir à bout des Ougandais, les Super Eagles du Nigeria ont cinq points d'avance sur leur poursuivant direct. Grâce à deux buts d'Achille Webo, les Lions Indomptables du Cameroun dominent le groupe 5.

Option : Enjeux

Le match Côte d'Ivoire-Madagascar qui a lieu ce dimanche à Bouaké est une rencontre spéciale. D'abord parce qu'il se joue à Bouaké, une ville toujours considérée comme le fief de l'ex-rébellion. Et ensuite parce que son enjeu dépasse le simple cadre du football. Rien qu'à voir tous les efforts faits par le gouvernement, les Ivoiriens du sud et du nord et tous ces soldats de la paix mobilisés pour le succès de la fête. En cas de succès de la manifestation, les barrières tomberaient définitivement entre Bouaké et les autres villes du sud. La libre circulation des biens et des personnes deviendrait une réalité et la Côte d'Ivoire retrouverait son unité. C'est, en fait, cela l'objectif visé par ce match à Bouaké.
Cette idée de Didier Drogba saluée par tous, est d'autant plus géniale qu'elle pourrait, vu la forte mobilisation, donner un coup de fouet au processus de paix. Surtout que cette sélection des Eléphants est vue comme un symbole de l'unité nationale. Même au plus fort de la crise, le c?ur de tous les Ivoiriens n'a cessé de battre au rythme des performances de cette équipe. Chaque but, chaque victoire de Didier Drogba et ses camarades ont fait vibrer les Ivoiriens partout, des grandes villes aux hameaux les plus reculés.
Aujourd'hui, il s'agit pour le sport roi d'aider à recoller les morceaux d'un pays brisé par cinq ans de guerre et de haine. Le défi est immense, mais pas impossible à relever. Drogba lui-même a pris la température de la capitale de la vallée du Bandama le 28 mars dernier. Le Premier ministre Soro Guillaume, secrétaire général des Forces nouvelles, et toute la branche armée de l'ex-rébellion, fatigués de la situation de ni paix ni guerre, se sont montrés favorables à cette fête de la réconciliation. Le Président Laurent Gbagbo avait déjà donné son accord.
Reste à savoir ce qui va se passer après le match du 3 juin à Bouaké. Il ne faut surtout pas que ce match soit un coup d'épée dans l'eau. Il doit pouvoir accélérer le processus de sortie de crise. Vivement que la paix revienne.

Par Paul Bagnini

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