samedi 2 juin 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Depuis hier vendredi, le procureur de la République Tchimou Raymond a fait exécuter la décision de la Cour suprême qui suspend M. Zéhi Sébastien de son poste de Directeur général de la Poste de Côte d'Ivoire. Joint hier jeudi 1er juin 2007, Zéhi Sébastien est resté égal à lui-même. "Je suis la loi et je ne force rien", a-t-il confié. Entretien.

Depuis un certain moment, il y a des remous à la Poste de Côte d`Ivoire. De quoi s`agit-il concrètement ?
Le 4 septembre 2006, le conseil d`administration a pris une décision de révocation me concernant. J`ai estimé que les procédures n`avaient pas été respectées, alors j`ai saisi la justice qui a fait droit à ma requête et m`a réinstallé dans mes fonctions. Ce qui se passe, c`est qu`après ma réinstallation, une ordonnance est venue de la Cour suprême, pour demander que l`arrêt de la Cour d`appel qui me réinstalle dans mes fonctions soit suspendu. Mais en la matière, les décisions devant intervenir pour suspendre d`autres décisions, doivent intervenir antérieurement à l`exécution de ces décisions. Or, l`arrêt de la Cour d`appel m`ayant réinstallé est déjà exécuté et l`ordonnance de la Cour suprême est venue dix jours après mon installation. Donc, cette ordonnance est sans effet, elle n`a aucune existence légale. J`ai donc travaillé normalement jusqu`à ce que, le 21 mai 2007, suite à une procédure que le président de la Cour suprême a ouverte rende une décision qui confirme l`ordonnance qu`il avait déjà prise. Nous disons qu`il n`y a rien de nouveau, puisque c`est cette même ordonnance qu`il a reconduite. Elle a les mêmes caractéristiques que la première, c`est-à-dire qu`elle n`existe pas, parce qu`elle vient postérieurement à la décision qui me réintègre. Donc, je continue de travailler puisque nous sommes en droit de le faire.

D`aucuns disent que vous faites fi de la loi et que vous vous considérez comme le protégé du chef de l`Etat.
Tous les Ivoiriens sont les protégés du chef de l`Etat, mais il fait la part des choses. C`est bien moi qui suis la loi, mais je ne force rien. Quand de telles décisions sont prises, il y a la force républicaine qui existe et qui sécurise tout ce que je fais. Je ne vois pas en quoi on peut dire que je fais obstacle à la loi.

Mais, le procureur vient d`exécuter la décision de la cour suprême, alors que vous dites que vous ne faites obstacle à la loi ?
Moi, j`étais à mon bureau jusqu`à midi (Ndlr : Hier vendredi 1er juin 2007) où j`ai travaillé. Présentement, je suis à Anyama et c`est à mon absence que des éléments des forces de l`ordre sont allés défoncer les portes pour remplacer les serrures. Ce sont les biens de la poste de Côte d`Ivoire qui sont en jeu. Donc j`attends la décision finale de la justice prévue le 14 juin prochain. Il n`y a rien de nouveau.

Ne vous sentez-vous pas abandonné par vos camarades du parti (le Fpi) ?
Les actions des partis politiques sont différentes de ce qui se fait en justice. C`est une affaire qui est pendante devant la justice et non une affaire de partis politiques. La justice suit son court et le droit sera dit. Et mon parti le Fpi attend que le droit soit dit.

Le Président Gbagbo a-t-il été saisi de cette affaire ?
Le Président de la République est le président du Conseil supérieur de la magistrature et donc en toute logique, il doit être personnellement au fait de ce problème. De façon individuelle, j`ai saisi la justice. Donc, il est aussi saisi.

L`avez-vous rencontré pour cette affaire ?
Non, pas du tout. J`estime que le Président de la République est un combattant et ce qu`il fait est une inspiration pour tous les Ivoiriens. Je me bats donc pour lui envoyer les résultats. Il m`a mis à la tête de la Direction générale de la Poste de Côte d`Ivoire, mon devoir c`est de me battre pied à pied pour que mon poste soit sauvé. Si demain il me dit que je dois occuper une autre fonction, c`est en riant et en chantant que je vais y aller. Pour le moment, il me regarde et il veut me voir en train de me battre et c`est ce que je fais.

Que pouvez-vous dire pour éclairer la lanterne des Ivoiriens qui ne comprennent pas bien ce qui se passe dans cette affaire ?
Je suis un justiciable comme tout le monde et si mes intérêts sont lésés, je vais en justice. C`est ce que j`ai fait et la justice m`a rétabli dans mes droits et dans mes fonctions. Les Ivoiriens sont les partenaires de la Poste de Côte d`Ivoire, je mettrai donc tout en ?uvre, dans la mesure de mes possibilités, pour satisfaire aux besoins qui sont les leurs, en leur offrant toutes les prestations que la Poste offre. Aujourd`hui, tous les bureaux de la poste sont ouverts et ceux qui font du sabotage des activités sont mis en dehors. Nous sommes à leur disposition, il faut qu`ils viennent. C`est vrai qu`il y a des difficultés, mais nous nous attelons à les résoudre.

Pensez-vous que le président Tia Koné ait agi sans connaître la loi ?
Il y a toujours deux parties à un conflit et il y a un arbitre. Tia Koné est l`arbitre et les parties ce sont Zéhi Sébastien et le Conseil d`administration, dont le mandat est échu depuis. Il n`a pas donc qualité pour agir. C`est tout cela que l`arbitre doit rassembler pour décider. Si l`arbitre a pris une décision qui ne satisfait pas les parties et qu`il y a d`autres recours, alors il faut les explorer. C`est ce que nous faisons.

Peut-on dire que l`arbitre n`a pas joué son rôle ?
Il joue son rôle, il sait ce qu`il fait. Mais, chaque partie qui a ses intérêts sait aussi où elle va. Chacun défend ses intérêts et tant que j`ai d`autres recours pour les défendre, je vais les explorer. Je tiens à vous préciser que je suis encore à mon poste. C`est le président Gbagbo qui m`a mis là et personne ne peut m`enlever de ce poste, si ce n`est lui.
Entretien réalisé par
Dosso Villard

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